La petite amoureuse (Rétif, Les Contemporaines, vol. 1, 1780) - Binet
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Analyse
Sujet de lâestampe de la CinquiĂšme Nouvelle : On voit ici deux aimables enfants qui paraissent surveillĂ©s par la mĂšre du jeune homme. Ils ont une conversation fort tendre. La petite fille appuie une main sur son amant, auquel elle dit ce qui est au bas de lâestampe.
« Si jâavais un secret, vous ne lâapprendriez pas dâune autre ! »Â
Lâestampe prĂ©sente les deux enfants, PritĂšs et CĂ©lĂšste, juste avant qu'ils ne mettent Ă exĂ©cution leur tromperie en inversant leurs rĂŽles lors dâun dĂźner. CĂ©leste nâest pas encore au courant de ce quâils vont faire. Pour inciter PritĂšs Ă la mettre dans la confidence, elle lui dit : « Si jâavais un secret, vous ne lâapprendriez pas dâune autre ! » ( p. 162) PritĂšs et CĂ©leste sont Ă droite de la gravure, du cĂŽtĂ© de la fenĂȘtre ouverte qui donne sur un balcon. L'attitude de PritĂšs et de CĂ©leste prouve leur tendresse lâun pour lâautre. Le garçon tient son amante par le bras tandis que la jeune fille tend affectueusement la main vers lui. Le sujet de lâestampe insiste sur le fait quâils « ont une conversation fort tendre ».
Mais dans cette premiĂšre scĂšne de confidence et de prĂ©paration du jeu Ă venir, la mĂšre n'est pas prĂ©sente. RĂ©tif Ă©crit en effet que « pendant cette reprise de la conversation des deux jeunes gens, Mme de PritĂšs avait Ă©tĂ© prĂ©venir la mĂšre de CĂ©leste. » ( p. 162). L'illustrateur semble avoir fusionnĂ© deux moments de la nouvelle : la scĂšne oĂč CĂ©leste dit la rĂ©plique indiquĂ©e au bas de la gravure et la scĂšne oĂč PritĂšs et CĂ©leste sâavouent leur sentiment et sont emportĂ©s par la joie :
« Oui je tâaime, je tâadore. â PritĂšs, je tâaime de tout mon cĆur⊠â  Que je recueille cette belle larme, ma CĂ©leste ; elle est dâamour et de plaisir » (p. 173).
La scĂšne oĂč ils sont emportĂ©s par la joie est suivie dâune demande de PritĂšs de prendre CĂ©leste sur ses genoux ( p. 174) et cela explique peut-ĂȘtre pourquoi il y a une chaise au premier plan de la gravure (chaise qui sert par ailleurs d'embrayeur visuel Ă la scĂšne).
La mÚre du jeune homme, en arriÚre-plan à gauche, se tient devant la porte ouverte : elle vient d'entrer. Son visage tourné vers les deux enfants paraßt les observer attentivement, elle a ramené son éventail fermé contre elle :
« Mme PritĂšs parut en ce moment. Elle interrompit exprĂšs lâentretien des deux amants, pour voir, Ă la maniĂšre dont ils la recevraient, si la familiaritĂ© qui rĂ©gnait entre eux Ă©tait aussi innocente quâelle le pensait. » ( p. 175).
Au-dessus de la porte par oĂč la mĂšre entre se trouve un portrait de femme, qui redouble en quelque sorte son apparition. L'ensemble de la composition se trouve ainsi placĂ© sous son autoritĂ© fĂ©minine.
1. La gravure n'est pas signée.
Légende sous la gravure : « Si j'avais un secret, vous ne l'apprendriez pas d'une autre ! »
Informations techniques
Notice #020031