La fausse grossesse (RĂ©tif, Les Contemporaines, vol. 2, 1780) - Binet
Notice précédente Notice n°7 sur 86 Notice suivante
Analyse
Sujet de l’estampe de la Septième Nouvelle : Une jeune demoiselle ayant feint qu’elle était grosse pour qu’on lui fît épouser son amant, le jour du mariage, elle déclara la vérité. Son père, qu’elle a trompé, en est transporté de joie. L’estampe le représente, prenant entre dix doigts la taille de sa fille, et disant aux dames de la noce :
« Voyez ! Voyez, Mesdames ! »
ZĂ©mire souhaite se marier avec son cousin Philippe, mais le père de la jeune fille, M. H** a dĂ©jĂ prĂ©vu de la marier avec Le C°°°°°. Donc pour Ă©pouser son amant, ZĂ©mire feint d’être tombĂ©e enceinte hors mariage et pendant plusieurs mois elle dĂ©forme sa taille pour faire croire qu’elle prend anormalement du poids. De l'instant oĂą son père, apprenant sa (fausse) grossesse, prend la dĂ©cision de marier sa fille Ă Philippe, ZĂ©mire reprend un corset Ă sa taille pour retrouver son « état naturel » (p. 216). ZĂ©mire en dĂ©trompant ses parents entend faire honneur Ă sa famille et porter dignement le nom de son père grâce Ă son cousin. Après cette annonce, M. H*** est transportĂ© de plaisir et comblĂ© par « la vertu et la finesse » ( p. 216) de sa fille. Â
« M. H** exécuta ce qu’il venait de dire. Il conduisit la nouvelle épouse dans une salle où était rassemblé tout le monde de la noce, et là , sans beaucoup s’embarrasser de sa rougeur, il divulgua le secret qu’il venait de surprendre. Ensuite, pressant la taille de sa fille entre dix doigts, il répétait : “Voyez, voyez, mesdames ?...” Cette découverte fit beaucoup d’honneur à Zémire, mais il y eut des gens qui en rabattirent d’un cran pour son mari. » ( p. 216).
Au premier plan Ă droite, le père de ZĂ©mire vient tout juste d'entrer dans la pièce depuis la porte ouverte et prend sa fille Ă la taille pour la mesurer. Signe de sa hâte, il est encore sur le pas de la porte que dĂ©jĂ il la mesure : c'est aussi l'effet de concentration spatio-temporelle propre aux dispositifs scĂ©niques.Â
A l’arrière-plan Ă gauche cinq jeunes filles regardent le père mesurer la taille de ZĂ©mire et paraissent admiratives et intriguĂ©es par cette taille parfaite.Â
L’estampe concentre tous les regards sur Zémire. La scène est éclairée depuis la baie vitrée du fond, qui baigne la jeune fille de sa lumière. Zémire se retourne vers son père au moment où celui-ci la prend à la taille. Elle est saisie par l'illustrateur dans le mouvement de ce retournement : c'est l'effet du quart de tour scénique.
1. La gravure n'est pas signée.
Légende sous la gravure : « Voyez ! voyez Mesdames ! »
Informations techniques
Notice #020033