Le serpent d'airain (La Sainte Bible, Mame, 1866) - G. Doré
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Analyse
Sur la route vers la Terre promise, pour la dixiĂšme fois peut-ĂȘtre, le peuple se plaint contre Dieu et contre MoĂŻse :Â
Ils partirent de Hor-la-Montagne par la route de la mer des Joncs, en contournant le pays dâEdom, mais le peuple perdit courage en chemin. Le peuple se mit Ă critiquer Dieu et MoĂŻse : « Pourquoi nous avez-vous fait monter dâEgypte ? Pour que nous mourions dans le dĂ©sert ! Car il nây a ici ni pain ni eau et nous sommes dĂ©goĂ»tĂ©s de ce pain de misĂšre ! » Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents brĂ»lants qui le mordirent, et il mourut un grand nombre de gens en IsraĂ«l. Le peuple vint trouver MoĂŻse en disant : « Nous avons pĂ©chĂ© en critiquant le Seigneur et en te critiquant ; intercĂšde auprĂšs du  Seigneur  pour quâil Ă©loigne de nous les serpents ! » MoĂŻse intercĂ©da pour le peuple, et le Seigneur lui dit : « Fais faire un serpent brĂ»lant et fixe-le Ă une hampe : quiconque aura Ă©tĂ© mordu et le regardera aura la vie sauve. » MoĂŻse fit un serpent dâairain et le fixa Ă une hampe et lorsquâun serpent mordait un homme, celui-ci regardait le serpent dâairain et il avait la vie sauve. (Nombres, 21, 4-9)
La scĂšne reprĂ©sente lâaction de MoĂŻse qui agit au nom de Dieu et qui a retrouvĂ© ses « cornes » de lumiĂšre.  Les morts sont au premier plan, un serpent mord encore, puis en remontant dans lâimage, on voit peu Ă peu les hommes se redresser, jusquâĂ ceux qui touche le bois et sont guĂ©ris. Ce mouvement de la mort Ă la vie est inspirĂ© du Radeau de la MĂ©duse de GĂ©ricault.
Le serpent nâest pas dâairain de façon Ă montrer toute lâambiguĂŻtĂ© de la scĂšne, puisque, si le serpent est une image de mort, il est en mĂȘme temps une image de salut. Le mĂȘme animal qui tue en mordant les HĂ©breux est celui qui leur donne la vie lorsquâils lĂšvent la tĂȘte pour le regarder.
Le fait de mettre lâanimal sur une hampe en forme de croix, donne Ă la scĂšne une dimension christique et renvoie Ă lâĂ©vangile de Jean.
« Comme MoĂŻse Ă©leva le serpent dans le dĂ©sert, il faut, de mĂȘme, que le Fils de lâhomme soit Ă©levĂ©, pour que quiconque croit en lui ne pĂ©risse pas, mais quâil ait en lui la vie Ă©ternelle. » (Jean 3,14-15).
1. Signé en bas de la gravure à gauche « G. Doré », à droite « L. DUMONT ».
Informations techniques
Notice #020773