Josué épargne Rahab (La Sainte Bible, Mame, 1866) - G. Doré
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Analyse
Les murs de Jéricho sont tombés , la ville est prise :
Ils dévouèrent à l'anathème tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes et femmes, jeunes et vieux, jusqu'aux taureaux, aux moutons et aux ânes, les passant au fil de l'épée. (Josué 6, 21)
Devant une ville qui brûle et une masse de cadavres décapités, des guerriers amènent une femme, au regard baissé, au centre de l'image. Josué, à cheval à droite, lui tend pourtant la main. Cette femme est Rahab, la prostituée de Jéricho qui a sauvé les espions que Josué avait envoyés en ville. Elle a menti aux défenseurs de la ville, en disant les avoir vus s’enfuir, ce qui les a sauvés, et a permis la victoire de Josué.
Mais Rahab, la prostituée, ainsi que la maison de son père et tous ceux qui lui appartenaient, Josué leur laissa la vie sauve. Elle est demeurée au milieu d'Israël jusqu'aujourd'hui, pour avoir caché les émissaires que Josué avait envoyés espionner Jéricho. (Josué 6, 25)
La gravure ne montre que la jeune femme, l’isolant de sa famille. Elle devient une héroïne biblique, citée dans l’Évangile selon Matthieu, comme la mère de Booz, père de David, et donc une ancêtre du Christ.
Gustave Doré compose l'image sur trois niveaux : en bas et au premier plan, les cadavres décapités ; au centre et au second plan, Rahab devant Josué ; en haut, au fond et dans l'ombre, les ruines fumantes de Jéricho. La scène d'humanité est encadrée par le spectacle des horreurs de la guerre. La lumière, verticale et crue, éclaire Rahab marchant sur les cadavres, et dessine un cône visuel, dont le sommet est redoublé par les pointes des lances des Hébreux. En haut à la pointe du cône, il n'y a personne : un cavalier dépasse les autres sur la droite, mais ce n'est pas Josué, plus décentré encore à droite. On peut peut-être voir ici un message du dessinateur : l'œil de Dieu ne regarde pas cette horreur, que sauve seule Rahab par son courage et son humilité. Rahab est au centre du cône, mais sa tête, penchée, ne dépasse pas les autres.
1. Signé en bas de la gravure à gauche « G. Doré », à droite « Piaud ».
Informations techniques
Notice #020778