Samuel sacre Saül (La Sainte Bible, Mame, 1866) - G. Doré

Dans le récit du premier livre de Samuel, Samuel devenu vieux cède sa place à Saül à Gilgal devant tout le peuple assemblé après la victoire contre les Ammonites. 

Tout le peuple se rendit à Gilgal et Saül y fut proclamé roi devant Yahvé. Là, on immola devant Yahvé des sacrifices de communion, et Saül et tous les hommes d'Israël se livrèrent à de grandes réjouissances. (Premier livre de Samuel, 11, 15)

C'est bien cet épisode qui est ici représenté : debout, son bâton de prophète levé, Samuel se tourne vers le ciel et l’invoque tout en tendant la main vers Saül agenouillé, qui devient le roi choisi par Dieu. La scène est publique : à l'arrière-plan à gauche, on voit le peuple se réjouir. 

Le sacre proprement dit est raconté au chapitre précédent. Samuel est allé à la rencontre de Saül au pays de Çuph, il a mangé avec lui au « haut lieu », puis ils sont redescendus dans la ville. Le lendemain matin, Samuel appelle Saül et l'emmène à la lisière de la ville :

Samuel prit la fiole d'huile et la répandit sur la tête de Saül, puis il l'embrassa et dit : N'est-ce pas Yahvé qui t'a oint comme chef de son peuple Israël ? C'est toi qui jugeras le peuple de Yahvé et le délivreras de la main de ses ennemis d'alentour. Et voici pour toi le signe que Yahvé t'a oint comme chef sur son héritage. (1 S 10, 1)

C'est cette onction de Saül comme roi d'Israël qu'on désigne en principe comme le sacre : elle a lieu en bas devant la ville et non sur une hauteur ; elle se fait en privé et sans témoin, et non en présence de tout le peuple.

Le sacre de Saül dans le récit biblique ne correspond donc pas du tout avec notre représentation moderne de ce qu'est un sacre, avec la tradition occidentale de la pompe des sacres royaux. Gustave Doré privilégie une cérémonie publique, qui lui permet en outre de représenter symboliquement Samuel et Saül en haut, entre le peuple et Dieu.