Samuel fait mettre à mort Agag (La Sainte Bible, Mame, 1866) - G. Doré
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Analyse
Lors de l'Exode, alors que les Hébreux fuyaient l'Égypte, les Amalécites ont tenté de leur barrer la route (Ex 17, 8-16). Sous le règne de Saül, Dieu entend exercer sa vengeance contre eux. Sur son ordre, transmis par le prophète Samuel (1 S 15, 1), Saül mène la guerre victorieusement contre eux et s'empare vivant de leur roi, Agag. Mais, bien que l'ensemble des Amalécites soient frappés d'anathème par Samuel , Saül décide d'épargner le roi et le meilleur de leur bétail. Dieu alors se repent d'avoir désigné Saül comme roi d'Israël (1 S 15, 11). Saül implore en vain son pardon, et Samuel exécute lui-même Agag à Gilgal. Le récit biblique insiste sur le retournement brutal de situation pour Agag :
Puis Samuel dit : Amenez-moi Agag, le roi d'Amalek. Agag vint à lui d'un air satisfait et dit : Vraiment, l'amertume de la mort s'est écartée !
Samuel dit : Comme ton épée a privé les femmes de leurs enfants, de même, parmi les femmes, ta mère sera privée de son enfant ! Et Samuel exécuta Agag devant Yahvé à Gilgal. (1 S 15, 32-33)
Sur la gravure, Agag au centre est à genoux devant Samuel à gauche qui lui signifie sa mort. Un des deux bourreaux à droite retient Agag par les cheveux, la tête en arrière pour découvrir sa gorge, tandis que l'autre au centre lève son épée pour l'égorger. Autrement dit, ce n'est pas Samuel qui procède directement à l'exécution, comme le suggérait le récit biblique.
Gustave Doré ne représente pas une simple exécution, mais, à son arrière-plan, un massacre, qu'on peut déduire du récit biblique, mais qui n'est pas explicitement évoqué : avec Agag, le meilleur d'Amaleq avait été épargné, « tout ce qu'il y avait de bon » (1 S 15, 9). La bible évoque le bétail, on peut imaginer qu'il y avait aussi les familles les plus riches. L'anathème se traduit ensuite par la destruction de tout ce qui était Amalécite : il y eut sans doute d'autres victimes que le seul Agag.
Dans la composition de Doré, les hommes de Samuel, sabres et piques brandis, entourent le groupe du premier plan formé par Samuel, Agag et ses bourreaux. On distingue plus ou moins sur la gauche une victime tombant, son vêtement recouvrant sa tête. Au dessus de Samuel, un homme au sabre brandi baisse les yeux vers la victime qu'il vise. Serrés, coincés entre la scène de devant et le rideau d'armes levées derrière, les dernier Amalécites vivants ne laissent voir que des demi têtes et des yeux glacés d'effroi.
1. Signé en bas de la gravure à gauche « G. Doré », à droite « E. GOEBEL ».
Informations techniques
Notice #021024