Combat de Mandricard et de Rodomont (Roland furieux Anvers 1558, ch24)
Notice précédente Notice n°23 sur 45 Notice suivante
Analyse
A gauche, Gabrine est pendue par Odoric, ou Odoric par Almonio (st. 45). A droite, lui faisant pendant, les armes de Roland sont pendues à un arbre et constituent un trophée (st. 57).
Au premier plan, Mandricard et Rodomont, aprĂšs avoir crevĂ© leurs chevaux, se battent pour la possession de Doralice, qui assiste au combat. Le moment choisi est celui oĂč « lâAfricain, qui sent son cheval manquer sous lui, abandonne les Ă©triers et, sâappuyant sur les arçons, saute lĂ©gĂšrement Ă terre. Ainsi lâun et lâautre se retrouvent face Ă face, Ă chances Ă©gales. Le combat recommence plus ardent que jamais. » (St. 107.) Rodomont, lâAfricain, est donc le chevalier de droite. Il est possible que le cheval qui arrive de la gauche, sous le pendu, soit le cheval de lâambassadeur des rois sarrasins (st. 108).
En haut Ă droite, un ermite rencontre Isabelle pleurant le corps de Zerbin et la dissuade de se suicider (st. 87).
Au second plan sur la gauche, Roland nu sâavance vers le mausolĂ©e de Rodomont, oĂč Isabelle est enterrĂ©e (st. 14).
     Â
La logique de composition de cette gravure nâest pas narrative : en effet, le graveur nâa pas suivi lâordre de la narration, ni du premier plan vers le fond, ni dâun cĂŽtĂ© vers lâautre de lâimage. Cela ne veut pas dire que lâimage nâest pas composĂ©e. Le pendu de gauche, symbole de la trahison, fait pendant au trophĂ©e de droite, symbole de gloire. Roland face au mausolĂ©e de Rodomont sâoppose Ă lâermite face Ă Isabelle et Zerbin : la mort glorieuse de Zerbin, le couple sublime quâil forme avec Isabelle Ă la maniĂšre dâune piĂ©tĂ , Ă droite, sâopposent Ă la honte de Rodomont et Ă la honte de Roland Ă gauche, tous deux déçus par lâamour. Enfin, au centre, le combat des deux chevaliers pour obtenir une dame quâils se disputent constitue la performance chevaleresque mĂ©diĂ©vale par excellence, mĂȘme si cet Ă©pisode, surtout amputĂ© de lâintervention de lâambassadeur (Ă©lĂ©ment narratif qui dĂ©construit la performance), ne nous semble guĂšre reprĂ©sentatif aujourdâhui de lâensemble du chant XXIV.
Pour cette gravure de facture traditionnelle, conservatrice, lâillustrateur a ramenĂ© le texte aux modĂšles archĂ©typaux quâil attachait pourtant Ă dĂ©tourner et Ă subvertir.
Informations techniques
Notice #002120