Roger fuit le palais dâAlcine (Roland furieux, Valgrisi, 1560, chant 8)
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Analyse
Au premier plan Ă droite Roger, qui a rĂ©cupĂ©rĂ© ses armes , met en dĂ©route les gens dâAlcine qui tentent dâempĂȘcher sa fuite dans la cour du palais, ici entourĂ©e dâune palissade de bois (str. 3).   Â
Au second plan Ă gauche Roger (RVG) est attaquĂ© par le serviteur au gerfaut, reprĂ©sentĂ© sortant dâun bois une lance Ă la main : Ă la gauche de Roger, le chien du serviteur lui mord le pied ; au-dessus de lui, lâoiseau de proie fond sur lui ; Ă sa droite, le cheval du serviteur lui lance une ruade (str. 4-9).   Â
Au second plan Ă droite, MĂ©lisse (MELI) libĂšre les prisonniers dâAlcine : trois arbres reprennent peu Ă peu leur forme humaine primitive ; lâun dâeux est Astolphe (ASTO; str. 14-16). Vers le centre de la gravure, Roger chevauche sur la plage en direction du territoire de Logistille (str. 19-21). Tout en haut de la gravure, MĂ©lisse et Astolphe (MELI, ASTOL) montĂ©s sur lâhippogriffe volent vers Logistille (str. 18).   Â
Sur la gauche, Renaud (RIN) fait ses adieux au roi dâĂcosse et Ă sa cour (str. 22-25) puis, vers le centre de lâimage, non loin de Londres (LON) et de la Tamise (TAMI), il est accueilli par un prince qui occupe le siĂšge du roi en lâabsence dâOthon (str. 28). En haut Ă gauche, on distingue Berwick (BERO).   Â
Au troisiĂšme plan Ă gauche, au-dessus du serviteur au gerfaut, le viel ermite (ERE) rencontrĂ© par AngĂ©lique au chant II suscite des dĂ©mons pour sâemparer de la jeune fille (str. 32). Au centre de lâimage, AngĂ©lique (AN) est entraĂźnĂ©e malgrĂ© elle dans la mer par son cheval, que lâermite a ensorcelĂ© (str. 35-37).   Â
Vers le haut, Ă droite, lâermite tente de violer AngĂ©lique endormie (AN, ERE; str. 49-50). Les Ăbudiens, dont le bateau est reprĂ©sentĂ© au-dessus de lâĂźle, les trouvent tous deux endormis (str. 61) : ils enlĂšveront AngĂ©lique.
Tout en haut Ă droite est reprĂ©sentĂ© Paris (PARI). Roland (ORL) quitte Paris vers les troupes sarrazines Ă la recherche dâAngĂ©lique (str. 86). Fleur-de-lys et Brandimart (FIOR, BRĂ) partent dans lâautre sens chacun de leur cĂŽtĂ© (str. 88-90).   Â
Lâhippogriffe qui plane au premier plan en haut de la gravure produit le mĂȘme effet dâencadrement quâĂ la gravure du chant 4, oĂč, montĂ© par Atlant, il est montrĂ© par lâaubergiste Ă Brunel et Ă Bradamante. Le systĂšme des territoires, caractĂ©ristique de la gravure narrative, est trĂšs net ici, avec les Ăźles de la partie supĂ©rieure de la gravure.      Â
On peut dĂ©gager une structure tripartite de la gravure :   Â
En bas, la palissade qui enclĂŽt la cour du chĂąteau dâAlcine dĂ©finit un premier espace, du combat. Ce combat est une anti-performance, Roger sur son cheval nâaffrontant que des piĂ©tons quâil prend au dĂ©pourvu : « trovĂČ le guardie sprovedute, e quando / giunse tra lor, non tenne il brando a lato », il prend les gardes au dĂ©pourvu et quand, les rejoignant, il se trouve au milieu dâeux, il ne garde pas son Ă©pĂ©e au cĂŽtĂ© (str. 3). La tournure nĂ©gative utilisĂ©e par lâArioste renforce lâimpression dâune transgression peu glorieuse des rĂšgles de la chevalerie.   Â
Le centre est lâespace du renversement symbolique : A gauche, lâattaque du serviteur au gerfaut est Ă©galement contraire aux rĂšgles de chevalerie et pose un problĂšme de conscience Ă Roger, qui craint de dĂ©choir en combattant un vilain. Roger est ici reprĂ©sentĂ© de dos, la position ignominieuse du fuyard. Le recours au bouclier dâAtlant pour se dĂ©barrasser du vilain nâest pas reprĂ©sentĂ© sur cette gravure, peut-ĂȘtre parce que jugĂ© trop ignominieux. Il sera au contraire mis en valeur dans la gravure de Girolamo Porro. Enfin, lâĂ©vocation des dĂ©mons par lâermite, au-dessus, complĂšte le tableau des immoralitĂ©s. Ă droite au contraire, MĂ©lisse ramĂšne les arbres Ă leur forme humaine. Entre les deux, Roger galope vers Logistille, figurant par son parcours le renversement du mal vers le bien, de la nĂ©gation vers la refondation des valeurs. Un seul problĂšme cependant : il galope Ă lâenvers !   Â
Lâespace du haut rĂ©introduit lâordre de lâĂ©popĂ©e : Ă gauche, Renaud rassemble des troupes pour Charlemagne ; Ă droite, le pĂ©ril qui menace AngĂ©lique est surmontĂ© par le dĂ©part de Roland Ă son secours. MĂ©lisse conduisant Astolphe vers Logistille sur lâhippogriffe fait le lien entre les Ăźles et constitue un emblĂšme du Bien retrouvĂ©.
1. Gravure en recto, sur page de droite. NumĂ©ro d epage en haut Ă droite, 60. En-tĂȘte centrĂ©, OTTAVO. Sur la page prĂ©cĂ©dente, qui ne contient pas seulement les notes, mais la fin du chant VII, lâen-tĂȘte est CANTO SETTIMO.
Informations techniques
Notice #002180