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Roger tue Eriphile & est accueilli par Alcine (Roland furieux, Valgrisi, 1560 ch7)

Attribution incertaine
Date :
Entre 1556 et 1560
Date incertaine
Nature de l'image :
Gravure sur bois
Dimensions (HxL cm) :
21,2x14,1 cm
Sujet de l'image :
RĂ©sac yd 389

Analyse

L’enjeu narratif essentiel de ce chant VII, c’est qu’Ériphile garde le pont : Roger doit la vaincre pour franchir ce pont (au milieu à droite) et parvenir au palais d’Alcine (en haut au centre).    

Au premier plan, Roger Ă  gauche (RVG.) frappe Eriphile Ă  droite (ERI.), montĂ©e sur un loup, et atteint son Ɠil de sa lance (« sotto l’elmo », VII,6). Au dessus de Roger, les deux demoiselles qui lui ont demandĂ© d’engager ce combat assistent au combat montĂ©es sur des licornes. Au centre de la gravure, un valet tient par la bride l’hippogriphe.    

Au dessus du pont, au centre, Roger et les deux dames Ă  la licorne font route vers le palais d’Alcine. A droite, MĂ©lisse (MEL.) vient Ă  la rencontre de Bradamante Ă  cheval (BRA.) pour lui rĂ©vĂ©ler ce que devient Roger. Dans le texte, cette rencontre se dĂ©roule Ă  l’autre bout de la terre...    

En haut au centre, Alcine accueille les trois arrivants au seuil de son palais (VII,9). Au fond du palais, ils sont assis Ă  la table d’un banquet. À droite, la magicienne MĂ©lisse envoyĂ©e par Bradamante, sous les traits du magicien Atlant qui l’a Ă©levĂ©, adresse ses remontrances Ă  Roger, qui prend le frais prĂšs d’une riviĂšre dans une tenue effĂ©minĂ©e.    

En haut Ă  gauche, Roger, qui a rĂ©cupĂ©rĂ© ses armes, s’échappe du palais en repoussant les serviteurs d’Alcine.        

La composition d’ensemble de la gravure est tripartite :    

En bas, le face Ă  face de Roger et d’Ériphile, avec les deux lances croisĂ©es, reprend le motif mĂ©diĂ©val du combat chevaleresque, trĂšs courant dans l’enluminure. Les lances ne se croisent pas au centre de la gravure, mais sur la droite : le cheval de Roger est plus avancĂ© que le loup d’Eriphile, dont la tĂȘte disparaĂźt par ailleurs par derriĂšre. L’avantage de Roger est ainsi signifiĂ©.    

Au centre, Roger et les deux demoiselles chevauchent de droite Ă  gauche, du bien vers le mal, de MĂ©lisse et Bradamante vers la forĂȘt qui les mĂšnera chez Alcine. Évidemment, dans le rĂ©cit, Bradamante et MĂ©lisse se trouvent alors ailleurs. L’organisation de l’espace est ici symbolique, au mĂ©pris de la vraisemblance narrative.

En haut, le palais d’Alcine, flanquĂ© des remontrances de MĂ©lisse Ă  Roger Ă  droite et de la sortie de Roger en armes Ă  gauche, suggĂšre paradoxalement la refondation des valeurs, le retour de Roger Ă  la chevalerie. Le retour de Roger Ă  la chevalerie est figurĂ© par le trajet narratif de la droite (Roger encore vĂȘtu en femme Ă©coute les remontrances de MĂ©lisse) vers la gauche (Roger Ă  nouveau vĂȘtu en chevalier entreprend de sortir en armes du palais). Mais cette refondation est paradoxale : la sortie en armes, figurĂ©e tout en haut Ă  gauche, constituera le premier plan de la gravure suivante, illustrant le chant VIII. LĂ , ce face Ă  face du cavalier et des piĂ©tons dans ce qui ressemble Ă  une lice mais n’est qu’une arriĂšre-cour constituera le modĂšle de la contre-performance...        

Comment comprendre la signification de ces licornes, qui s’opposent au crapaud qu’Eriphile porte sur son heaume et sur son bouclier ? Les licornes sont en principe un symbole de chastetĂ©. On les trouve par exemple dans les reprĂ©sentations allĂ©goriques du Triomphe de la chastetĂ© (cassone du musĂ©e du Castelvecchio de VĂ©rone). Or c’est ici vers le palais d’Alcine, c’est-Ă -dire le contraire mĂȘme de la chastetĂ©, que les deux demoiselles conduisent Roger. Quant au crapaud, il figurerait plutĂŽt luxure et jactance, la dĂ©chĂ©ance des valeurs courtoises et chevaleresques. Le systĂšme allĂ©gorique semble ici perturbĂ©, inversĂ©...

Annotations :

1. Gravure en verso sur page de gauche. NumĂ©ro de page en haut Ă  gauche, 60. En-tĂȘte centrĂ©, CANTO [SETTIMO, p. 61].
3. L’édition Franceschi reprend d’assez prĂšs cette gravure, en inversant la composition. Mais le palais d’Alcine est reprĂ©sentĂ© en haut non plus de face, mais en biais, en perspective. Il donne sur une terrasse dallĂ©e, et non sur un chemin de terre : le dallage accentue l’effet de perspective. L’écuyer au centre qui tient l’hippogriphe pendant que Roger tue Eriphile assure prĂšs du pont la transition avec la sĂ©quence du haut, comme l’écuyer de la gravure du chant V.

Composition de l'image :
Composition narrative. Plusieurs Ă©pisodes
Objets :
Pont
Cheval
Sources textuelles :
Roland furieux, chant 07 (Roger au chĂąteau de la magicienne Alcine)
Sujet de recherche :
Iconographie du Roland furieux

Informations techniques

Notice #001310

Image HD

Identifiant historique :
A0629
Traitement de l'image :
Scanner
Localisation de la reproduction :
Collection particuliĂšre (Cachan)