Valencourt blessé par M. Saint-Aubert (Mystères d'Udolphe, Maradan, 1798)

La scène illustrée se situe au début de l'histoire. M. Saint-Aubert a contracté une maladie après la mort de sa femme. Il commence un voyage avec sa fille Émilie pour changer d'air et guérir. Lors de leur voyage, ils font la rencontre de Valencourt, qui ne tarde pas à tomber amoureux d'Émilie. Ils font un bout de voyage ensemble avant de se séparer. Le soir même de cette séparation, alors que les éléments du décor naturel qui les entoure « se confond[en]t peu à peu dans l'obscurité » (Radcliffe, Les Mystères d'Udolphe t. I, Paris, Maradan, 1798, p. 66), ils entendent le bruit d'un homme à cheval. Ne doutant pas qu'il s'agit d'un voleur, M. Saint-Aubert tire à travers sa portière sur l'inconnu dont il ne distingue pas les traits.

C'est le moment choisi pour l'illustration avec cependant une inversion. Alors que dans le texte, on suit le point de vue de M. Saint-Aubert qui tire sur Valencourt sans le reconnaître, l'image présente d'abord Valencourt à cheval. La légende révèle d'ailleurs d'abord l'identité de Valencourt sans préciser celle de M. Saint-Aubert et de sa fille effrayée. Le point de vue fait de Valencourt la victime malheureuse de l'obscurité, là où le texte annonce l'inverse. Seul le coup d'éclat du pistolet peut justifier la luminosité présente sur l'image. En pleine nuit, dans un bois solitaire entouré de montagnes, cette scène devrait sinon être parfaitement invisible.