Roger en mauvaise posture (Victor, Le Prieur, An V - 1797) - Bovinet d'après Challiou
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Analyse
Roger, le père biologique de Victor et le chef barbare d'une troupe de brigands, attaque le château du baron Fritzierne, le père adoptif de Victor. Ce dernier ne sait pas que Roger est le père de son fils. Il sait simplement que Roger veut capturer madame Wolf, protégée par le baron. Madame Wolf est en réalité la seule qui connaisse le véritable lien qui unit Roger et Victor. Pendant l'assaut des brigands, Roger se trouve en mauvaise posture. Isolé de ses hommes, il est confronté à Victor, qui prend l'avantage et, le tenant à sa merci, s'apprête à lui ôter la vie. Madame Wolf, pour éviter un parricide, s'interpose.
Sur l'image, Victor tient d'une main la tête de Roger et de l'autre le coutelas, devenu sabre, avec lequel il s'apprête à le tuer. Les armes de Roger sont à terre, symboles de sa défaite. Madame Wolf derrière Victor lève les bras en l'air pour arrêter le coup meurtrier, tandis que le baron, relégué à droite à l'arrière-plan, ne comprend pas ce qui se passe. Victor ne regarde aucun de ses deux pères. Arrêté dans son geste par madame Wolf, c'est vers elle qu'il se retourne. La scène a lieu dans « la nuit la plus obscure » (Ducray-Duminil, Victor ou L'Enfant de la forêt, t. II, Paris, Le Prieur, 1797, p. 16), pour rendre compte du crime que Victor s'apprête à commettre. Malgré cette obscurité annoncée, l'image est très claire. Il faut dire que les hommes de Roger ont déclenché un incendie qui ravage le châteaun conférant à l'illustration l'aspect terrifiant et l'effet sublime de l'horreur conjurée.
1. Légende dans le cartouche : « Malheureux !.... Qu'allez-vous faire !.... »
Signé sous le cartouche à gauche « Challiou del. », à droite « Bovinet sculp »
3. La scène de décapitation annoncée peut rappeler celle de Barbe bleue, qui a fait l'objet de nombreuses illustrations (voir notamment la 1ère version de Marillier, où Barbe Bleue se retourne). Par ailleurs, dans une illustration de Célestine, autre roman noir de la fin du XVIIIe siècle, la légende est exactement la même. Les circonstances diffèrent, mais un point commun demeure : un jeune homme prend les armes contre une figure paternelle dépassée par les événements.
Informations techniques
Notice #023111