Tâj al-Mulûk et la princesse Dunyâ (Mille et une nuits, ms de Tübingen, F107v)

Dans le parc où Dunyâ vient se promener une fois par mois, le vizir a fait restaurer un palais délabré (619) et peindre sur les murs, sous la forme d'un triptyque, le rêve de Dunyâ, que la vieille a révélé à Tâj al-Mulûk (617), et qui motive sa haine des hommes : un chasseur prenant une tourterelle dans ses filets et l'égorgeant. La vieille conduit Dunyâ devant les fresques et celle-ci, reconnaissant son rêve, s'exclame : « Combien avais-je tort d'en vouloir aux mâles et de les détester ! » (621).

Tâj al-Mulûk, qui a revêtu ses plus beaux habits, est caché dans le parc, la vieille conduit insensiblement Dunyâ jusqu'à lui. Dans le texte, Dunyâ est à l'intérieur du palais, et aperçoit par une fenêtre à croisillons Tâj al-Mulûk faisant les cent pas dans le parc. Elle admire alors sa beauté.

La miniature transpose cette scène de première vue dans le cadre conventionnel de la salle d'audience à deux figures et trois places. A gauche se tient Tâj al-Mulûk, dont la jeunesse est signifiée par les cheveux bouclés. Il est vêtu essentiellement de rouge pour signifier sa passion. Venu en simple marchand, il s'asseoit par terre. A droite, Dunyâ : un voile blanc recouvre son vêtement bleu, qui n'est pas le noir du refus, mais n'est pas non plus le rouge du désir… Le discours de Tâj al-Mulûk est signifié par le vase de lys bleus à l'entrée de la salle, aux couleurs de la jeune fille, et de roses rouges dans la salle, déclarant sa passion.

Sur les rideaux, le motif a changé. Au lieu d'une barre verte est représenté un double liseré noir à picots. Il est fermé à gauche, et ouvert à droite : un espace sépare ce qui devient deux liserés. Symboliquement est marqué le début de l'ouverture de Dunyâ à l'amour, à l'initiative de la vieille.