Tâj al-Mulûk et la princesse Dunyâ (Mille et une nuits, ms de Manchester, p362)
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Analyse
La pincesse Dunya se rendant à la bibliothèque du palais a été spectatrice par la fenêtre d'une scène où un oiseleur prenait une colombe dans ses filets. Cette colombe fut victime de la couardise de son compagnon mâle :
Dunyā regarda les oiseaux depuis l’endroit où elle se trouvait, et elle vit ce que l’oiseau mâle avait fait à sa compagne. Alors sa colère envers les mâles s’intensifia, et elle dit : « Tous sont ainsi, ils ne tiennent pas leur promesse et ne respectent pas leurs engagements. »
Dunya est dès lors prise entre son amour pour Tâj al-Muluk et son aversion pour les hommes. Elle dépérit et frappe même la vieille qui la chaperonne. Celle-ci va voir Tâj al-Muluk et lui raconte ce que Dunyâ a vu et ce que l'histoire de la colombe a provoqué. Tâj va devoir dès lors faire preuve de ruse pour gagner la princesse. Il décide de rejouer l'histoire de la colombe, mais avec une autre fin. La p. 362 du manuscrit débute ainsi :
« Il passa la nuit sans dormir, tel un chasseur aux aguets, ayant tendu un filet sur le sol. Les oiseaux tournèrent autour du piège. Il s’appliqua à surveiller, et il n’y eut plus un seul oiseau alentour, jusqu’à ce qu’un certain oiseau s’approchât. Il tira brusquement sur le filet, et le pigeon se retrouva prisonnier. Il poussa un cri, et les autres oiseaux s’envolèrent. Alors retentit l’appel de l’aube, et l’oiseau capturé resta dans le filet, car cette nuit là il avait négligé son nid…
[Rubrique, 414e nuit ]
Shahrazâd dit : Il m’est parvenu, ô roi bienheureux, que l’oiseau qui s’était pris dans le filet n’était autre qu’un pigeon. Tous les autres oiseaux prirent peur et s’envolèrent, sauf une tourterelle : elle eut pitié de lui, tourna autour de lui, s’approcha du filet et, en essayant de l’aider, se prit elle-même dans les mailles. Le chasseur saisit alors la tourterelle.L’autre oiseau, le mâle, était resté dans son nid. Lorsqu’il crut que c’était le moment [littéralement : quand il vit les grenades mûrir et les rameaux verdir], il se remit à voler et se dirigea vers la tourterelle. Mais tandis qu’il s’approchait d’elle, voilà que le chasseur resserra le filet ; le pigeon mâle tarda, puis s’enfuit, et ne s’approcha plus du piège.
Les autres oiseaux, qui avaient du cœur, voyant la tourterelle prise dans le filet, tournoyèrent autour d’elle, saisis de pitié. Le mâle se dressa simplement, quand tous les autres oiseaux se portèrent vers elle alors que le chasseur tenait déjà la tourterelle dans sa main. Il la secoua et il tomba quelque chose d’entre ses pattes. Alors elle récita des incantations et implora la protection divine… »
La rubrique indique exactement le moment du récit qui est représenté ici : le pigeon s'est pris dans les mailles du filet, et le chasseur pousse un cri. Le bâton n'est pas explicitement mentionné dans le texte. A la page suivante, Dunya commente ce qui est tombé de l'oiseau comme un œuf :
« Quand Dunyā vit cela, elle dit : Voici une chose étrange ! Je ne vois là qu’un cœur pétrifié ou une larme gelée venue d’un œil affligé. »
- Rubrique : « 414e nuit. Le cri du chasseur et les colombes. »
Jean Joseph Varsy, propriétaire du manuscrit au XIXe siècle, a ajouté au crayon en haut à droite la précision suivante : « Histoire du pêcheur racontée par la vieille à Tadj él-molouk. » (???) - P. 362.
- Contrairement au manuscrit de Tübingen, la miniature de Manchester ne représente pas une mais deux tourterelles.
Informations techniques
Notice #023286