Manon et Des Grieux en Louisianne (Manon Lescaut, éd. Janin, 1839) - Tony Johannot
Notice précédente Notice n°14 sur 15 Notice suivante
Analyse
« Le soir, il nous fit conduire au logement qu’on nous avait préparé. Nous trouvâmes une misérable cabane composée de planches et de boue, qui consistait en deux ou trois chambres de plain-pied, avec un grenier au-dessus. Il y avait fait mettre six chaises et quelques commodités nécessaires à la vie.
Manon parut effrayée à la vue d’une si triste demeure. C’était pour moi qu’elle s’affligeait, beaucoup plus que pour elle-même. Elle s’assit lorsque nous fûmes seuls, et elle se mit à pleurer amèrement. J’entrepris d’abord de la consoler ; mais lorsqu’elle m’eut fait entendre que c’était moi seul qu’elle plaignait, et qu’elle ne considérait dans nos malheurs communs que ce que j’avais à souffrir, j’affectai de montrer assez de courage et même assez de joie pour lui en inspirer. “De quoi me plaindrais-je ? lui dis-je : je possède tout ce que je désire. Vous m’aimez, n’est-ce pas ? quel autre bonheur me suis-je jamais proposé ? Laissons au ciel le soin de notre fortune. Je ne la trouve pas si désespérée. Le gouverneur est un homme civil ; il nous a marqué de la considération ; il ne permettra pas que nous manquions du nécessaire. Pour ce qui regarde la pauvreté de notre cabane et la grossièreté de nos meubles, vous avez pu remarquer qu’il y a peu de personnes ici qui paraissent mieux logées et mieux meublées que nous : et puis tu es un chimiste admirable, ajoutai-je en l’embrassant ; tu transformes tout en or. »
1. Signé en bas à droite « ORRIN SMITH SC. »
Informations techniques
Notice #023568