Alcine retrouve Roger dans sa chambre - Fragonard
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Analyse
La chambre de Roger est partagĂ©e en diagonale dans le dessin par le voile ou le lĂ©ger rideau du lit, gonflĂ© par la brise. A gauche, lâespace vague suggĂšre lâextĂ©rieur par la porte entrouverte. A droite, dans lâespace restreint, trĂŽne un lit somptueux, avec sa tĂȘte aux deux putti sculptĂ©s et son oreiller moelleux qui marque dĂ©jĂ lâempreinte du corps de Roger, dont nous devons donc comprendre quâil vient de se redresser pour Ă©treindre Alcine, qui arrive aprĂšs sâĂȘtre faite attendre. Le lit est dĂ©fait, comme lâindiquent les couvertures rabattues en bas Ă droite. La lumiĂšre tombant sur la dĂ©pression blanche de lâoreiller est figurĂ©e par deux ou trois traits obliques, qui dĂ©signent le lit comme lâobjet focal de la reprĂ©sentation : câest un paradoxe, puisque lâĂ©treinte a lieu plus Ă gauche, Ă la frontiĂšre entre lâespace vague et lâespace restreint. Tout le gĂ©nie du dispositif scĂ©nique, ici, tient Ă ce dĂ©calage : câest Ă la frontiĂšre des deux espaces que les amants se rencontrent, le moment saisi Ă©tant, non pas celui des Ă©bats dans le lit, mais d'une Ă©treinte prĂ©liminaire.
Or Roger était dans le lit, c'est de son corps que l'oreiller porte l'empreinte :
« ⊠Il sauta hors du lit, il la prit dans ses bras,
sans avoir attendu quâelle se dĂ©vĂȘtĂźt
encore quâelle eĂ»t quittĂ© jupon et crinoline
et vßnt enveloppée dans une soie légÚre
quâelle avait enfilĂ©e par-dessus sa chemise
qui Ă©tait blanche et fine au suprĂȘme degrĂ©.
Quand Roger lâenlaça, elle dut lui laisser
son manteau et garda son voile clair et fin,
qui, derriĂšre et devant, ne la couvrait pas plus
quâun verre transparent les roses et les lys. »
(VII, 27-28)
Informations techniques
Notice #003060