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Recherche infructueuse

La continence de Scipion (version de Varsovie) - Vien

Notice n°1 sur 4 Notice suivante

Date :
Entre 1767 et 1768
Nature de l'image :
Peinture sur toile
Lieu de conservation :

Analyse

« Les soldats lui amenèrent ensuite une captive : c’était une jeune fille déjà grande et d’une telle beauté qu’elle attirait tous les regards par où elle passait. Scipion, lui ayant demandé quels étaient sa patrie et ses parents, apprit notamment qu’elle était fiancée à un prince celtibère : le jeune homme s’appelait Allucius. Il fit aussitôt venir de chez eux ses parents et son fiancé et, entendant dire que ce dernier se mourait d’amour pour sa fiancée, il s’adresse à lui, dès son arrivée, en termes plus étudiés qu’à ses parents : “Jeune homme, dit-il, je t’appelle jeune homme pour que le ton de notre entretien soit plus libre. Pour ma part quand ta fiancée prise par nos soldats m’avait été amenée, j’entendis dire qu’elle t’était très chère et sa beauté me le faisait croire; parce que moi-même, s’il m’était permis de jouir des plaisirs de mon âge (surtout quand il s’git d’un amour régulier et légitime) et si les intérêts de l’État ne m’avaient pas accaparé, je voudrais que l’on fût indulgent à mon égard si j’aimais ma fiancée avec trop de passion, je favorise ton amour puisque je puis le faire. Ta fiancée a été chez moi l’objet du même respect que chez tes beaux-parents, ses propres parents ; elle t’a été gardée pour que le don qui t’est fait pût être intact et digne de moi et de toi. Voici le seul prix que je fixe à ce présent : sois l’ami du peuple romain et, si tu crois que je suis homme de bien comme l’étaient mon père et mon oncle que les peuples d’ici connaissaient déjà auparavant, sache qu’il y a dans la ville de Rome beaucoup d’hommes semblables à nous et qu’on ne peut citer aujourd’hui de peuple sur terre que tu voudrais moins avoir comme ennemi pour toi et pour les tiens ou dont tu préfèrerais être l’ami.” Le jeune homme, éperdu à la fois de confusion et de joie prit la main de Scipion et demanda à tous les dieux de payer pour lui la dette de reconnaissance envers ce dernier (Cum adulescens, simul pudore et gaudio perfusus, dextram Scipionis tenens deos omnes invocaret ad gratiam illi pro se refenredam) ; il n’avait pas pour sa part les moyens de le faire à proportion de ses sentiments et des mérites de Scipion à son égard ; on fit venir ensuite les parents et les proches de la jeune fille ; eux, voyant qu’on leur rendait la jeune fille sans rançon, alors que, pour la racherter, ils avaient apporté une assez grande quantité d’or, se mirent à supplier Scipion d’accepter cet or comme un cadeau de leur part : ils ne lui seraient pas moins reconnaissants de cette acceptation, affirmaient-ils, que de la remise de la jeune fille pure de tout outrage. » (Tite Live, Histoire romaine, livre XXVI, chap. 50.)    

Scipion accepte l’or, mais le donne à Allucius en supplément de la dot de la jeune fille. Allucius s’engage dans l’armée de Scipion avec 1400 cavaliers d’élite.

Annotations :

2. Le tableau avait été commandé à Boucher qui en réalisa une esquisse mais, pour se soustaire au « despotisme » de Mme Geoffrin, s’en est déchargé au profit de Vien. Terminée en 1768, la toile ne fut pas exposée au Salon. L’idée de justice devait être représentée par La Continence de Scipion, l’idée d’émulation, par César devant la statue d’Alexandre, l’idée de magnanimité, par La Tête de Pompée présentée à César, l’idée de concorde, par Scilurus, roi des Scythes, rassemblant ses enfants.

Composition de l'image :
Scène (espace vague/espace restreint)
Objets :
Trône, siège de commandement
Tente
La scène a un public
Sources textuelles :
Tite-Live, Histoire romaine, livre XXVI

Informations techniques

Notice #000759

Image HD

Identifiant historique :
A0078
Traitement de l'image :
Image optimisée par Esrgan
Localisation de la reproduction :
Wikimedia commons
Bibliographie :
Diderot, Salons, Ă©d. Seznec, vol.III, 1767, Oxford, Clarendon Press, 1963, 1983
n° 108, dernière page du livre. Cette illustration ne figure que dans la 2e éd.
Diderot, Salons de 1767-69, Ă©d. Bukdahl, Delon, Lorenceau, Hermann, 1990
Texte p. 114 et note 144.