Le curé et le mort (Fables de La Fontaine, 1678, 3eP) - Chauveau
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Analyse
Texte de la fable :
   Un mort sâen allait tristement Sâemparer de son dernier gĂźte ; Un CurĂ© sâen allait gaiement Enterrer ce mort au plus vite. Notre dĂ©funt Ă©tait en carrosse portĂ©, Bien et dĂ»ment empaquetĂ©, Et vĂȘtu dâune robe, hĂ©las ! quâon nomme biĂšre, Robe dâhiver, robe dâĂ©tĂ©, Que les morts ne dĂ©pouillent guĂšre. Le Pasteur Ă©tait Ă cĂŽtĂ©, Et rĂ©citait Ă lâordinaire Maintes dĂ©votes oraisons, Et des psaumes et des leçons, Et des versets et des rĂ©pons : Monsieur le Mort, laissez-nous faire, On vous en donnera de toutes les façons ; Il ne sâagit que du salaire. Messire Jean Chouart couvait des yeux son mort, Comme si lâon eĂ»t dĂ» lui ravir ce trĂ©sor, Et des regards semblait lui dire : Monsieur le Mort, jâaurai de vous Tant en argent, et tant en cire, Et tant en autres menus coĂ»ts. Il fondait lĂ -dessus lâachat dâune feuillette Du meilleur vin des environs ; Certaine niĂšce assez propette Et sa chambriĂšre PĂąquette Devaient voir des cotillons. Sur cette agrĂ©able pensĂ©e Un heurt survient, adieu le char. VoilĂ Messire Jean Chouart Qui du choc de son mort a la tĂȘte cassĂ©e : Le Paroissien en plomb entraĂźne son Pasteur ; Notre CurĂ© suit son Seigneur ; Tous deux sâen vont de compagnie. Proprement toute notre vie ; Est le curĂ© Chouart, qui sur son mort comptait, Et la fable du Pot au lait.
1. Signé en bas au centre droit « F. C. »
2. 3e partie, Livre I, Fable 10.
Informations techniques
Notice #007623