Un gentilhomme surpris par sa femme (Heptaméron N59, Amsterdam, 1698)
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Analyse
« Cette mesme dame [= de la nouvelle 58], voyant que son mary trouvoit mauvais qu’elle avoit des serviteurs, dessquelz elle passoit le temps (son honneur sauve), l’espia si bien, qu’elle s’apperceut de la bonne chere qu’il faisoit à une sienne femme de chambre, qu’elle gaingna, de sorte qu’accordant à son mary ce qu’il en pretendoit, la surprint finement en telle faute, que, pour la reparer, fut contraint lui confesser qu’il meritoit plus grande punition qu’elle ; et, par ce moyen, vecut depuis à sa fantasye. »
La servante a donc été gagnée par l’épouse et « sçavoit son roolle par cueur ». Elle donne rendez-vous au mari dans une petite maison et prévient sa maîtresse. Le soir dit, les deux époux « feirent dresser le jeu ». Mais bientôt, le mari feint d’avoir mal à la tête et sort. La servante le suit, puis la dame :
« Et y arriva à si bonne heure, qu’elle entra par une aultre porte en la chambre où son mary ne faisoit que arriver, et, se cachant derriere l’huys, escoutant les beaulx et honnestes propos que son mary tenoit à sa chamberiere. Mais quant elle veid qu’il approchoit du criminel, le print par derriere, en luy disant : “Je suis trop près de vous, pour en prendre une aultre.” Si le gentil homme fut courroucé jusques à l’extremité, il ne le fault demander, tant pour la joye qu’il esperoit recepvoir et s’en veoir frustré, que de veoir sa femme le congnoistre plus qu’il ne le vouloit : de laquelle il avoit grande paour perdre pour jamais l’amityé. »
2. 6e journée, 59e nouvelle.
Informations techniques
Notice #007688