Presse pour écraser le ventre des femmes grosses (Juliette, VI, fig. 49)
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Analyse
Juliette, qui est en Italie, se rend à Naples chez le roi Ferdinand. Ensemble ils mettent en place des supplices, notamment sur des femmes enceintes. De nombreux personnages y assistent : Juliette, ses amies Clairwil et Olympe, la femme du roi Charlotte, et d’autres individus secondaires. Tous ces personnages se trouvent dans un « cabinet voisin, dans lequel une machine artistement préparée » est installée (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 1096). La machine torture et tue deux femmes enceintes : « on les lie sur deux plaques de fer placées l'une au-dessus de l'autre » (ibid.) puis, « par le moyen d'un ressort aux ordres de Ferdinand, les deux plaques, l'une en montant, l'autre en descendant, s'unissent avec une telle violence, que les deux créatures, s'écrasant mutuellement, sont elles et leur fruit réduites en poudre en une minute » (ibid.).
La gravure représente cette machine. Les deux femmes enceintes sont liées sur deux plaques se faisant face. Ferdinand, sur la gauche, avec deux enfants entre ses cuisses, actionne la corde qui fait se rapprocher les deux plaques. L’horreur de la scène, qui atteindra son apogée lorsque les deux femmes seront compressées, est suggérée par l’image. Autour de ce supplice, que la position centrale de la machine met en avant, se répartissent les autres personnages, notamment les trois libertines et Charlotte, polluées par des enfants. Elles observent avec attention le supplice et font ainsi office d’embrayeurs visuels.
Enfin, la pièce dans laquelle se tiennent les personnages n’offre aucun accès vers l’extérieur, les confinant dans un espace restreint qui occupe tout l'espace de la gravure. L'image nous offre ainsi un fantasme pur : seul l’imaginaire suppliciaire des libertins sadiens demeure.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. X. », à droite « P. 22. »
Informations techniques
Notice #008177