Juliette, Clairwil, Pauli & Laroche otages à Cachan (Juliette, II, fig. 18)

Après le meurtre de Cloris, de sa femme et de sa fille, planifié par le ministre Saint-Fond et par Juliette, la famille de Cloris parvient à kidnapper Juliette et son institutrice Clairwil qui se rendaient à l'opéra, ainsi que leurs servantes, Elvire et Montalme. Toutes quatre sont conduites dans un « château fort solitaire » (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 489), sur les hauteurs de Cachan. Elles sont enfermées dans une pièce d’où elles parviennent miraculeusement à envoyer un billet à Saint-Fond. Mis au courant, celui-ci envoie deux hommes, Pauli et Laroche, pour les aider. Ils arrivent au château mais sont également enfermés dans la même chambre. Les deux libertines profitent alors de la situation pour organiser une orgie impromptue, d’où le fait qu’ils sont encore tous habillés.

Pauli et Laroche prennent donc Juliette et Clairwil sur un lit, en polluant chacun une servante. Les servantes, quant à elles, polluent leur maîtresse. Clairwil et Juliuette embrassées relient les deux groupes. Sur la table à gauche sont déposés deux pistolets, et une épée est appuyée à la chaise. Les armes annoncent le combat à venir :

« Écoute, me dit-elle tout bas, je vois qu'il est pourtant nécessaire que je t'instruise ; tu ne pourrais sans cela partager mes projets. Il va y avoir un combat ; on nous attaquera, nous nous défendrons ; demandons des armes à ces jeunes gens, et pour les remercier de tous les services qu'ils nous rendent, brûlons-leur la cervelle pendant la bataille ; ce meurtre passera sur le compte de nos ennemis, et Saint-Fond, mieux pénétré des dangers que tu auras courus, t'accordera sans doute une bien plus grande récompense. » (p. 496)

Sur l'image, la jouissance à droite est en quelque sorte suspendue à l'imminence de l'irruption des ravisseurs, que laissent présager les armes à gauche. Ou, autrement dit, les rideaux du lit ouverts à droite contrastent  avec la porte fermée sur la gauche.