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Recherche infructueuse

Roger unveils Atlant's shield (Roland furieux Franceschi 1584 ch8) - G. Porro

Description

Au premier plan, au centre, Roger combat l’un des serviteurs d’Alcine Ă  gauche (Cacciator, le chasseur), en dĂ©voilant le bouclier d’Atlant. Il terrasse son chien de chasse, sur la droite. Au-dessus d’eux, l’oiseau de proie du chasseur semble prĂŞt Ă  fondre sur Roger. A droite, le cheval du chasseur lui envoie une ruade. Girolamo Porro n’hĂ©site pas Ă  reprĂ©senter cet Ă©pisode peu glorieux, oĂą Roger doit recourir Ă  la magie pour se dĂ©barrasser d’un simple vilain. La reprĂ©sentation de la belle chevalerie n’est plus le critère principal du dessinateur, qui privilĂ©gie les Ă©pisodes spectaculaires.    
Sur la gauche, devant son palais, la mĂ©chante magicienne Alcine (Alcina) se dĂ©sole au milieu de ses femmes tandis que ses soldats attendent ses ordres (str. 12). Tournant derrière le palais, les gens d’Alcine (Gente de Alcina.) partent Ă  la poursuite de Roger. Le palais n’était pas reprĂ©sentĂ© dans la gravure de l’édition Valgrisi, oĂą le dessinateur n’avait figurĂ© que la palissade entourant la cour par laquelle Roger s’était enfui. L’architecture est constamment privilĂ©giĂ©e par G. Porro, qui l’utilise pour unifier les territoires narratifs de la gravure. Ici, le palais d’Alcine constitue une sorte d’observatoire, de poste depuis lequel assister aux diffĂ©rents Ă©pisodes qui se dĂ©roulent Ă  ses pieds.    
Au dessus, au centre, la bonne magicienne, MĂ©lisse (Mel.) rend Ă  Astolphe, Ă  qui elle a fait retrouver sa forme humaine, la lance d’or d’Argail qu’Alcine lui avait dĂ©robĂ©e (str. 17). Puis, sur la droite, elle entraĂ®ne Astolphe sur le chemin qui conduit Ă  la fĂ©e Logistille, la sĹ“ur vertueuse d’Alcine. On les retrouve en haut de la gravure, chevauchant dans les nuages grâce aux vertus de l’anneau d’AngĂ©lique (str. 18). Cette position surplombante permet Ă©galement d’unifier les territoires narratifs autour d’un point de vue totalisant : Porro reprend ici la disposition de la gravure de l’édition Valgrisi ainsi que de celles du chant IV.    
Au centre de la gravure, Roger chemine sous la canicule le long du rivage (str. 20-21).    
A la strophe 22, rupture narrative : on retourne auprès de Renaud en Écosse, abandonnĂ© au dĂ©but du chant VI au moment oĂą Ariodant dĂ©voilait son identitĂ© devant lui et le roi. L’Écosse (Scotia) est reprĂ©sentĂ©e sur le haut de la gravure, Ă  droite : Renaud (Rinaldo) fait ses adieux au roi au port de Berwick (str. 25).    
Tout en haut de la gravure Ă  droite, poursuivant sa tournĂ©e pour demander du renfort contre les Infidèles qui assiègent Paris, Renaud accoste en Angleterre (« Inghil » et plus loin « terra »), au-dessus de l’Écosse (!). Le prince de Galles vient Ă  sa rencontre (str. 28). Au fond, on distingue la ville de Londres.    
A la strophe 29, nouvelle rupture narrative : on revient Ă  AngĂ©lique qui, fuyant Renaud, avait rencontrĂ© un ermite au chant II. Celui-ci, pour prendre au piège la belle jeune fille, a insinuĂ© un dĂ©mon dans son cheval qui quitte le rivage et s’enfonce dans la mer (str. 35). A gauche, au dessus du palais d’Alcine, on voit l’ermite donner ses instructions au dĂ©mon. AngĂ©lique revient finalement sur le rivage, près d’une grotte. L’ermite vient Ă  sa rencontre (sur la gauche sous le nuage qui emporte MĂ©lisse et Astolphe). Derrière la grotte, l’ermite tente de violer AngĂ©lique (str48-50) : mais son impuissance le trahit. G. Porro a regroupĂ© Ă  gauche toute l’histoire d’AngĂ©lique, dissĂ©minĂ©e dans l’édition Valgrisi entre la gauche et la droite de la gravure.    
A la strophe 51, nouvelle digression : l’Arioste raconte l’origine de l’orque qui infeste l’île des Ébudiens. Leur roi a puni sa fille de mort lorsqu’il a dĂ©couvert qu’elle Ă©tait enceinte du dieu ProtĂ©e. ProtĂ©e furieux a suscitĂ© l’orque : les Ébudiens doivent lui livrer une jeune fille en remplacement de celle qu’il a perdue. Les digressions ou rĂ©cits dans le rĂ©cit ne sont gĂ©nĂ©ralement pas reprĂ©sentĂ©es dans les gravures avant le XVIIIe siècle. Au contraire, G. Porro regroupe, unifie les territoires narratifs : c’est sous le nuage de MĂ©lisse et d’Astolphe qu’il place les Ébudiens ramant sur leur bateau et se dirigeant vers AngĂ©lique pour l’enlever (str. 61).    
A la strophe 69, retour Ă  Paris assiĂ©gĂ©e. Roland rĂŞve d’AngĂ©lique, dont il a perdu la trace depuis si longtemps. Le rĂŞve lui prĂ©dit qu’elle ne sera jamais sienne. Il part Ă  sa recherche : la gravure, en haut Ă  gauche, le reprĂ©sente s’enquĂ©rant d’AngĂ©lique dans le camp des Infidèles. Deux personnages lui rĂ©pondent depuis leur tente. Au fond, Paris assiĂ©gĂ©e. Nous sommes dĂ©jĂ  au chant IX : IX, 4.         Dans les Ă©pisodes du haut d ela gravure, un mĂŞme motif est rĂ©pĂ©tĂ© : le hĂ©ros, sur son cheval ou tenant son cheval derrière lui, fait face Ă  l’étranger, dans la position de la demande. AngĂ©lique demande son chemin Ă  l’ermite, Roland demande son chemin aux soldats infidèles sous la tente, Renaud demande du renfort aux Anglais. Cette position de la demande, qui n’est pas soulignĂ©e ainsi dans la gravure de l’édition Valgrisi, insiste sur le fil de la narration, dont le chemin, la quĂŞte, sont autant de figures.     La composition d’ensemble de la gravure est articulĂ©e par une première diagonale qui va du chasseur terrassĂ© en bas Ă  gauche au bouclier d’Atlant puis au gerfaut. Une second diagonale part du cheval du chasseur, retournĂ© et ruant, passe par le gerfaut et s’élève jusqu’à MĂ©lisse et Astolphe volant sur leur cheval vers Logistille. Ainsi, trois espaces ordonnent l’ensemble d ela gravure : en bas Ă  droite, c’est l’espace du spectacle ; au centre gauche, c’est l’espace depuis lequel le spectacle est regardĂ© ; en haut Ă  droite, c’est l’espace de la narration. Cette tripartition marque nettement comment G. Porro se situe en pleine transition de la gravure narrative vers la gravure scĂ©nique.

History :

1. La gravure est numĂ©rotĂ©e VIII dans un petit mĂ©daillon en haut au centre de la bordure. Exceptionnellement, elle est imprimĂ©e en recto, sur une page de droite, et ne comporte pas de numĂ©ro de page. On peut lire cependant en haut [CANTO, p. 68 en regard] OTTAVO. L’argument est donc imprimĂ© au verso de la gravure, p. 70 :

« Fugge Ruggier : Melissa Astolfo in tanto E gli altri torna à lor prima faccia. Rinaldo ammassa genti, accioche al santo Imperio, al gran bisogno sodisfaccia. Angelica, trouata al vecchio à canto, Per cibo del marin monstro s’allacia. Orlando che sognando il suo mal vede, Moue dolente da Parigi il piede. »

3. La composition de cette gravure est sensiblement différente de celle de l’édition Valgrisi, notamment dans sa partie inférieure. Girolamo Porro ajoute un morceau d’architecture, le palais d’Alcine, qui n’est suggéré dans l’édition Valgrisi que par les palissades du premier plan. Le combat de Roger contre le serviteur d’Alcine au gerfaut passe au premier plan et G. Porro met l’accent sur l’effet lumineux du bouclier magique sortant de son fourreau, alors que le bouclier n’est pas représenté dans l’édition Valgrisi, qui choisit le moment où Roger est en difficulté plutôt que celui où il triomphe. Enfin G. Porro a rassemblé sur une même montagne à gauche l’évocation des esprits par l’ermite et la tentative de viol contre Angélique, par souci de cohérence narrative, mais non géographique.

Indexed items :
Miroir
Textual Sources :
ROLFUR08 : Roland furieux, chant 8

Technical Data

Notice #001296

Image HD

Past ID :
A0615
Image editing :
Scanner
Image Origin :
Montpellier, Inst. de rech. sur la Renaissance l’âge classique & les Lumières