Réconciliation de Marcus Emilius Lepidus & de M. Fulvius Nobilior - D. Beccafumi
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Analyse
Marcus Ămilius Lepidus et Marcus Fulvius Nobilior furent Ă©lus censeurs en 179 av. J.-C. Ils se dĂ©testaient. On les conduisit au Champ de Mars pour la cĂ©rĂ©monie dâinvestiture. LĂ Cecilius Metellus les somme de se rĂ©concilier, au nom des intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs de la rĂ©publique. Metellus est reprĂ©sentĂ© Ă droite, prenant conseil dâun sĂ©nateur sur ce quâil doit dire.
   Les deux censeurs commanditĂšrent notamment le Pont Palatin, ou Ponto Rotto, le plus ancien pont de Rome aprĂšs le pont Sublicius, et le premier pont en pierre (Ă moins quâil nây ait eu confusion entre lepidus et lapidus). Nâest-ce pas ce pont quâon voit derriĂšre eux ?
2. Fresque du mur ouest.
3. Lâhistoire de la rĂ©conciliation des deux censeurs est rapportĂ©e par ValĂšre Maxime, et se trouve Ă©galement dans Aulu Gelle, qui Ă©voquent tous deux Fulvius Flaccus.
« Emilus LĂ©pidus et Fulvius Flaccus, tous deux nobles, comblĂ©s dâhonneurs, et occupant dans Rome un rang distinguĂ©, furent longtemps animĂ©s lâun contre lâautre de la haine la plus violente. Mais un jour le peuple les nomma censeurs ensemble. Le hĂ©raut avait Ă peine proclamĂ© leur nom, que, sur le lieu mĂȘme, et en prĂ©sence de lâassemblĂ©e, ils se jettent dans les bras lâun de lâautre, par un mouvement simultanĂ©. A partir de moment, lâamitiĂ© la plus Ă©troite les unit, non seulement durant leur censure, mais encore pour le reste de leur vie. » (Aulu Gelle, Nuits attiques, livre XII, chap. 8)
« M. Ămilius Lepidus qui fut deux fois consul et grand pontife et dont la haute vertu Ă©galait les glorieuses dignitĂ©s, nourrit une longue et violente haine contre Fulvius Flaccus, personnage non moins considĂ©rable. Mais dĂšs quâils eurent Ă©tĂ© nommĂ©s ensemble censeurs, il renonça Ă ses dispositions sur le Champ de Mars mĂȘme dans la pensĂ©e que des haines privĂ©es ne devaient point sĂ©parer des citoyens qui avaient Ă©tĂ© associĂ©s pour lâintĂ©rĂȘt de lâĂ©tat dans une haute magistrature. Cette opinion de Lepidus a excitĂ© lâadmiration de son siĂšcle et les anciens historiens nous en ont transmis le souvenir avec Ă©loges. » (ValĂšre Maxime, Actions et paroles mĂ©morables, livre IV, chap. 2, § 1)
En fait, nous savons par Tite Live que Marcus Aemilius Lepidus est Ă©lu censeur en 179 et Quintus Fulvius Flaccus en 174. Aucune inimitiĂ© entre eux. Il y a eu confusion avec un autre Fulvius, Marcus Fulvius Nobilior. « Les censeurs nommĂ©s furent le grand pontife M. Ămilius LĂ©pidus et M. Fulvius Nobilior, qui avait triomphĂ© des Ătoliens. Ces deux illustres personnages Ă©taient ennemis lâun de lâautre, et leur haine avait donnĂ© lieu plus dâune fois Ă de violents dĂ©bats dans le sĂ©nat et devant le peuple. Ă lâissue des comices, les censeurs se rendirent au champ de Mars, et, suivant lâusage antique, prirent place sur leurs chaises curules auprĂšs de lâautel de Mars. Les principaux membres du sĂ©nat vinrent aussitĂŽt les rejoindre avec un grand concours de citoyens. QQ. Caecilius MĂ©tellus prit la parole en ces termes : â[âŠ] Ă vous considĂ©rer chacun en particulier, M. Ămilius et M. Fulvius, nous ne saurions aujourdâhui trouver Ă Rome personne qui vous fĂ»t prĂ©fĂ©rĂ©, sâil nous fallait recommencer lâĂ©lection. Mais en vous examinant tous deux ensemble, nous ne pouvons nous empĂȘcher de craindre que vous ne soyez mal assortis, et que la haine qui vous divise ne soit plus funeste Ă la rĂ©publique que les qualitĂ©s personnelles qui vous ont conquis nos suffrages ne sauraient lui ĂȘtre utiles. [âŠ] Câest une maxime bien connue, et qui est passĂ©e en proverbe Ă cause de sa vĂ©ritĂ©, que les amitiĂ©s doivent ĂȘtre immortelles, et les haines passagĂšres.â [âŠ] Alors, sur les instances de tous les assistants, ils se donnĂšrent la main, sâengagĂšrent Ă dĂ©poser et abjurer franchement leur haine, et, furent conduits au Capitole au milieu dâapplaudissements unanimes. (Tite Live, XL, 46)
Les censeurs se lancent alors dans une politique de grands travaux, pas toujours dĂ©sintĂ©ressĂ©e : « Avec lâargent quâon leur avait assignĂ© et quâils sâĂ©taient partagĂ©, ils firent achever divers travaux. LĂ©pidus construisit une digue auprĂšs de Terracine : cet ouvrage fut mal accueilli, parce que le censeur possĂ©dait des terres dans le voisinage et quâil semblait avoir dĂ©pensĂ© dans son intĂ©rĂȘt privĂ© les deniers de lâĂtat. [âŠ] On dut Ă M. Fulvius un plus grand nombre dâouvrages dont lâutilitĂ© Ă©tait plus rĂ©elle ; tels furent le port du Tibre et les piles dâun pont, dont quelques annĂ©es plus tard les censeurs Scipion lâAfricain et Mummius construisirent la voĂ»te ; une basilique Ă©levĂ©e derriĂšre les nouvelles boutiques des changeurs et le marchĂ© aux poissons, et entourĂ©e de boutiques quâil vendit au profit du trĂ©sor ; un forum et un portique en dehors de la porte TrigĂ©mine; un autre derriĂšre lâarsenal ; enfin un temple dâApollon MĂ©decin, prĂšs de la chapelle dâHercule, et derriĂšre celle de lâEspĂ©rance sur les bords du Tibre. Les deux censeurs avaient en outre de lâargent Ă dĂ©penser en commun ; ils lâemployĂšrent Ă faire construire des aqueducs et des canaux » (XL, 51)
Informations techniques
Notice #011215