Enfance de Paul & de Virginie (Paul et Virginie, 1806) - Bourgeois > Lafitte
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Analyse
« Le premier sujet de la pastorale a pour titre, Enfance de Paul et Virginie. On lit au-dessous ces paroles du texte, Déjà leurs mères parlaient de leur mariage sur leurs berceaux. Madame de la Tour et Marguerite les tiennent sur leurs genoux, où ils se caressent mutuellement. Fidèle, leur chien, est endormi sous leur berceau. Près de lui est une poule entourée de ses poussins. La négresse Marie est en avant, sur un côté de la scène, occupée à tisser des paniers. On voit au loin Domingue, qui ensemence un champ ; et plus loin l’Habitant, leur voisin, qui arrive à la barrière. À droite et à gauche de ce tableau plein de vie sont les deux cases des deux amies. Près de l’une est un bananier, la plante du tabac, un cocotier qui sort de terre près d’une flaque d’eau, et d’autres accessoires rendus avec beaucoup de vérité. Au loin on découvre les montagnes pyramidales de l’Île de France, des Palmiers, et la mer. Ce paysage, ainsi que ses personnages remplis de suavité, est de M. Lafitte, qui a dessiné mon portrait. Il a été d’abord gravé à l’eau-forte par M. Dussault, qui excelle en ce genre de préparation, et gravé ensuite au burin relevé de pointillé par M. Bourgeois de la Richardière, jeune artiste qui, après avoir quitté ses premières études pour obéir à la voix de la patrie qui l’appelait aux armées, les a reprises avec une nouvelle vigueur. Il a gravé un grand portrait de l’empereur Napoléon Bonaparte, et plusieurs autres ouvrages goûtés du public.
J’ai dit que trois artistes, en comptant le dessinateur, avaient concouru à exécuter le sujet de cette première planche ; il y en a dans la suite où quatre et même plus ont mis la main. C’est un usage assez généralement adopté aujourd’hui par les graveurs les plus distingués. Ils prétendent qu’un sujet en est mieux traité lorsque ses diverses parties sont exécutées par divers artistes dont chacun excelle dans son genre. Ainsi l’entrepreneur en donne d’abord le sujet, et en fait faire le dessin ; il le livre ensuite à un graveur, qui en fait exécuter tour à tour l’eau-forte, le paysage, les figures, et met le tout en harmonie. Après quoi un graveur en lettres y met l’inscription. C’est aux connaisseurs à juger si ces procédés, de mains différentes, perfectionnent l’art. Ils ont été employés souvent par les grands maîtres en peinture, qui, à la vérité, entreprenaient d’immenses travaux, comme des galeries et des plafonds. Les graveurs disent, de leur côté, que les longs travaux du burin, dans un petit espace, ne demandent pas moins de temps que ceux du pinceau sur de larges voûtes et de vastes pans de mur. Les amateurs semblent de leur avis, car plusieurs recherchent les simples eaux-fortes, et les préfèrent quelquefois aux estampes finies. C’est par cette raison que j’en ai fait tirer un certain nombre d’exemplaires, comme je l’ai dit dans la feuille d’avertissement insérée dans cette édition. J’y ai même parlé de quatre autres sujets in-8° de Paul et Virginie, tirés sur in-4°, dessinés et gravés par M. Moreau le jeune, qu’on peut réunir dans le même exemplaire, attendu qu’ils représentent des événements différents. » (Préambule de Bernardin de Saint-Pierre à l’édition de 1806)
1. Signé sous l’image à gauche « Dessiné par Lafitte », à droite « Gravé par Bourgeois de la Richardière »
Informations techniques
Notice #012944