L’huile bouillante (Juliette, I, fig. 11)
Notice précédente Notice n°11 sur 60 Notice suivante
Analyse
Juliette est toujours avec ses compagnes chez le libertin Dennemar, comme dans la précédente gravure. Après qu’elles ont toutes été fustigées, Dennemar les réunit dans la même salle et les « entrelace » (Sade, Œuvres t. III, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », p. 356) au sol pour leur jeter de l'huile bouillante sur les fesses. Il s'agit de l'ultime épisode avant la décharge du libertin : ce qui précédait n’était qu’une fustigation préliminaire.
Les quatre filles sont donc mêlées par terre, leurs fesses bien mises en évidence. Lubin, le valet de Dennemar, distille l'huile tout en polluant son maître. L'huile distillée semble projeter la décharge qui se « mêl[e] » (p. 352) dans le texte au liquide brûlant. C'est Lubin qui avec chacune de ses mains permet la diffusion de l'huile et de la semence du libertin : il sert d'intermédiaire entre la jouissance de son maître et la torture des femmes. En-dessous des deux hommes, elles représentent la libération de la semence qui est toujours associée à une idée de désordre. Les corps des quatre femmes sont donc représentés en pleine chute : une sorte de masse corporelle complexe et unique est formée. En contraste, les deux libertins sont debout et toujours maîtres d’eux-mêmes, à l'image de Dennemar passif. Cette opposition met en évidence la domination des bourreaux masculins sur leurs victimes féminines. De surcroît, les deux hommes barrent l’accès à la seule porte présente, qui annonce également la fin prochaine de la scène.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. V », à droite « P. 352. »
Informations techniques
Notice #013018