Elvire et Juliette jouissent des flammes (Juliette, III, fig. 20)
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Analyse
Juliette, lancée dans la carrière du vice, découvre une habitation non loin du lieu où elle réside. Il s'agit d'une « malheureuse chaumière appartenant à un paysan fort pauvre, qui se nommait Martin Des Granges, père de huit enfants, et possédant une femme que l'on pouvait appeler un trésor par sa sagesse et son économie » (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 546). Cette famille vertueuse est ce qu'il faut à Juliette pour assouvir ses désirs criminels. Avec sa servante Elvire, elle lui rend visite et en est accueillie innocemment. Pendant qu’Elvire occupe chacun, Juliette en profite un court instant pour placer du « phosphore de Bologne » dans un grenier, afin de déclencher un incendie. Les deux femmes repartent puis, quand elles entendent des cris, elles viennent constater leur méfait.
La gravure représente les deux femmes assistant à l'incendie. Cachées « à vingt pas de cette scène d'horreur, derrière un petit tertre » (p. 548), elle se polluent tout habillées, c'est-à-dire à la hâte, pour un plaisir passager et voyeur. Au second plan à gauche, la maison brûle et la famille fait des gestes d'effroi. Le reste de la gravure déploie un vaste paysage avec un ciel nuageux, ce qui est assez rare dans les gravures sadiennes qui situent généralement les actions dans des lieux fermés.
Le dispositif de la scène est même assez classique. L'objet de la scène est l'incendie de la maison de Martin Des Granges, qui voit sa famille mourir. Il est regardé par Juliette et Elvire, abritées par un arbre supposer les dérober à la vue des paysans incendiés. Leurs regards font office d'embrayeurs visuels.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. VII. », à droite « P. 12. »
Informations techniques
Notice #013023