Le cabinet des tourments (Juliette, III, fig. 22)
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Analyse
Cette gravure fait suite à la précédente. Juliette est toujours, avec son amie et institutrice Clairwil, dans la maison de la Société secrète des amis du crime. Lors de sa première journée dans la société, elle se rend avec Clairwil dans une salle du sérail des filles dédiée à la torture. Elles y rencontrent des hommes qui s'en prennent à des filles : l'un d'eux en pend une par le pied.
C'est ce libertin que la gravure représente. Juliette et Clairwil l'aident dans la mise en place de sa torture : la première pollue son sexe et ses fesses ; la seconde tient une jambe de la victime. Cela permet de maintenir ses cuisses assez écartées pour que le libertin enfonce un « godmiché à pointes de fer » dans son vagin (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 580). En très peu de temps, cela est censé recouvrir les libertins du sang de la victime.
Au premier plan à droite, plusieurs autres éléments de torture sont visibles à terre : des verges, une hache, une scie et une grosse chaîne, dont la masse fit tache et constitue un embrayeur visuel. Derrière, la corde, grâce à une poulie, permet de suspendre la victime, qui se présente du coup à l'envers pour le spectateur. Faut-il y voir la figuration de l'inversion des valeurs dans le monde des libertins sadiens ? On peut douter que l'illustrateur ait voulu, ou pu marquer une telle distance critique vis-à-vis du texte. L'évolution gracieuse, comme en apesanteur, du corps supplicié évoque plutôt la danse et le cirque, et esthétise un objet qui cesse d'être une personne.
L'encadrement d'une porte est visible sur la droite. Peut-être est-ce un passage vers une autre salle de torture.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. VII. », à droite « P. 73. »
Informations techniques
Notice #013025