Juliette chez la marquise Salviati, à Rome (Juliette, IV, fig. 35)

Juliette fait la rencontre en Italie d'une jeune femme de vingt ans, Honorine, encore novice en matière de libertinage. Celle-ci lui raconte une de ses aventures. La première année de son mariage conclu par intérêt, à l'occasion de ses seize ans, elle a été conduite dans une maison « sombre, isolée, silencieuse » (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 824) par la Marquise de Salviati qui raffolait des jeunes mariées. Dès l'arrivée d'Honorine dans la maison, la Marquise lui propose deux salles : l'une est remplie d'hommes, l'autre de femmes. Après une longue hésitation, Honorine choisit la salle remplie de femmes pour ne pas risquer de tomber enceinte, même si elle désire fortement « voir des hommes » (ibid.). Salviati la fait entrer et la laisse entre les mains d’Elmire.

La scène de la gravure se met alors en place. Le texte ne fournit pas la correspondance exacte de ce qui se passe. Honorine ayant gardé un semblant de vertu, peut-être voile-t-elle pour cette raison les détails du récit.

Sur l’image, une femme est au centre du groupe, sans doute Elmire. Deux filles sont agenouillées et lui baisent les fesses et le sexe. Deux autres se font caresser par elle. Enfin, une dernière fille, mise en avant par sa position surélevée, est debout sur le canapé et se fait lécher le sexe par Elmire. Peut-être s'agit-il d'Honorine elle-même, qui raconte les événements. Le groupe prend la forme d'une pyramide typiquement sadienne qui assure la jouissance du groupe plutôt que d’un seul sujet.

La pièce dans laquelle les personnages se trouvent ne laisse pas entrevoir de portes : seule une fenêtre et un rideau se distinguent à droite. Des tentures champêtres ornent le reste des murs.