Juliette & la Durand avec les matelots d’Ancône (Juliette, VI, fig. 52)
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Analyse
Juliette, lors de son voyage en Italie, séjourne à Ancône avec son amie la Durand. Elles vont ensemble au port, où la Durand réunit des « portefaix » et des « matelots » en vantant les mérites de Juliette (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 1125). Sans préambule, un des hommes prend Juliette par devant, un autre la prend par derrière, et deux se font polluer pendant que d’autres hommes encore regardent la scène avec avidité. Au premier plan à droite, la Durand offre son derrière à un autre homme et sert d'embrayeur visuel pour conduire l'œil du spectateur à la scène principale.
Le cadre de la scène, public et ouvert, est inhabituel dans la série : il fait référence à un genre iconographique en vogue dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, la peinture des Ports de mer, dont Vernet est le plus célèbre représentant français. Dans le Port de mer, le peintre excelle à multiplier les différentes activités liées au lieu, pêche, promenade, commerce, chargement et déchargement des marchandises. Ici, la décharge du groupe se substitue aux activités attendues, et indique une forme d'équivalence.
Sur le bâtiment de droite, on voit la statue d’un saint portant un enfant, un des signes distinctifs de saint Antoine de Padoue. L'illustrateur a peut-être confondu Padoue avec Ancône, dont le patron, Olivier, n'a pas d'histoire attestée ni de signe distinctif. L'intention en tous cas, en plaçant la niche du saint au dessus du groupe orgiaque, est blasphématoire. Les matelots de condition modeste portent des habits rustiques et des bonnets phrygiens.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. X. », à droite « P. 80. »
Informations techniques
Notice #014585