Raimonde en cage chez Cordelli (Juliette, VI, fig. 54)

Juliette, qui est en Italie, est toujours chez le négociant Cordelli avec son amie la Durand. Elle est venue avec ses servantes Élise et Raimonde que Cordelli se fait un plaisir de torturer. Après avoir provoqué la mort d'Élise, il s'en prend à Raimonde. Il la jette d'abord dans une cage de fer remplie de « crapauds, de serpents, de couleuvres, de vipères, de chiens enragés et de chats, qui jeûnaient depuis quatre jours » (Sade, Œuvres III, Pléiade, p. 1149).

Raimonde est dans cette cage de fer sur l'image, posée sur une petite table pour mieux dominer la scène : deux serpents la mordent. Dans le texte une vipère entre dans son gosier et l'étrangle, tandis que Cordelli prend une vieille en étant pris par un de ses hommes avec des « rudes moustaches » (p. 1145). Simultanément, il baise les fesses d'une autre vieille et touche les fesses de Juliette, polluée par la Durand, et d'une petite fille qui n’est pas visible.

L'illustrateur se situe avant l'épisode de la vipère, quand Raimonde est bien vivante et observe la scène, depuis le coin gauche de la pièce. Symétriquement, il ajoute un détail en haut à droite : la vieille placée en haut de la pyramide orgiaque s'appuie au rebord de la fenêtre comme pour épier l'extérieur. Mais la fenêtre semble condamnée, on ne peut rien voir. Symboliquement, la scène est ainsi encadrée entre un voir et un regarder, exclusifs l'un de l'autre : la vieille regarde mais ne voit rien, Raimonde voit ce qu'elle n'a nullement demandé de regarder.