La tête de Polémas jetée aux pieds d’Amasis (L’Astrée, 1733, V, 3) - Rigaud
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Analyse
« Lindamor commanda qu’on prist la teste de Polemas, et que le reste du corps fust enterré fort secrettement avec celuy de Listandre, puis tous ensemble tournerent leurs pas du costé de la ville. »
« En cet ordre, ils arriverent au chasteau, et Adamas estant venu les recevoir à la porte, les conduisit dans une grande sale, où Amasis estoit desja, accompagnée de toutes ses nymphes et de toutes les autres dames qui estoient venues à Marcilly. Dés qu’ils furent entrez, Amasis se leva de son siege, et Lindamor s’estant avancé (comme il avoit esté resolu entr’eux) : Madame, dit-il assez haut, et mettant un genouil en terre, en fin vos plaintes ont touché le Ciel, et la justice de vostre cause nous a fait partir d’une contrée où Mars employoit nostre courage et nos armes, pour venir rendre à vos peuples la liberté qu’ils desirent, et à vous le repos que je vous apporte servira d’une preuve irreprochable de sa desfaite et de ma fidelité. A ce mot il la prit [= la tête de Polémas] des mains de son escuyer, et la jetta aux pieds d’Amasis ; mais la Nymphe destournant ses regards et relevant le chevalier : Quelques graces, respondit-il, que je vous pusse rendre, pour le bien-fait que je reçoy de vostre valeur, elles seroient tousjours moindres que la volonté que j’ay de le recognoistre ; que si vous voulez que je jouysse d’un parfait contentement, ostez-moy le visage de ce rebelle, et souffrez que je voye celuy de mon liberateur. Lindamor ne pouvant resister à ce commandement, desfit son casque, et se panchant pour baiser la robe de la Princesse, il en fut empesché par elle-mesme, qui le reconoissant et le pressant entre ses bras, ne put toutefois luy dire autre chose sinon : Ah Lindamor ! ah Lindamor ! »
1. Signé sous la gravure à gauche « J. Rigaud. In. S. » (invenit et sculpsit).
Informations techniques
Notice #016269