Héloïse sur le cadavre de son amant (Nlle Justine, 1799, ch11, fig21)
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Analyse
Jérôme, un des moines de Sainte-Marie-Des-Bois, raconte son histoire. Alors qu'il traverse en voiture une forêt dans les environs de Trente pour se rendre en Italie, il est attiré par les cris d'une jeune fille, Héloïse. Celle-ci, au fond d'une forêt sombre et épaisse, vient de se faire enlever et expulser par son frère parce que son amant, le jeune et riche Alberoni, lui déplaisait. Jérôme, voyant là une occasion de satisfaire des désirs inédits, va chercher Alberoni en suivant les indications d'Héloïse, l'emmène avec son argent, et le tue devant elle. Celle-ci s'évanouit en voyant cela. La faisant revenir à elle, Jérôme la prend sur le cadavre de son amant et la viole, tout en mordant sa « gorge d'albâtre ».
Le caractère macabre de la situation est poussé à l'extrême, ce qui n'est pas sans exciter Jérôme, jusqu'à la jouissance incontrôlée de sa victime : « Héloïse, singulièrement servie par elle, cède malgré sa douleur aux impressions du plaisir que je la contrains d’éprouver » (p. 750). Le visage d'Héloïse exprime ce mélange de douleur et de plaisir, et sa petite mort contraste avec la mort définitive de son amant, sous elle. Ces corps étendus à l'horizontale sur le sol forment des sortes de strates humaines, au-dessus desquelles règne le libertin, jouissant de son point de vue dominateur, regardant vers le bas quand les victimes ont les yeux fermés tournés vers le haut. Autour, la forêt noire et impénétrable recouvre de son secret les actes de Jérôme. Le pistolet qui a servi à tuer Alberoni est à terre.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. III. », à droite « P. 8. »
Informations techniques
Notice #001655