La Vertu entre la Luxure et l’Irréligion (Justine, Girouard, 1791, frontispice) - Chéry
Analyse
Cette gravure allégorique reprend en le pervertissant le motif iconographique du Choix d’Hercule tel qu’il s’est développé à partir de l’ekphrasis de Philostrate dans La Vie d’Apollonius de Tyane. Mais bien-sûr la Vertu n’est pas censée avoir à choisir entre la Luxure et l’Irréligion. On peut également lire la gravure non pas de façon allégorique, comme y invite le texte qui l’accompagne, mais comme prototype de la scène sadienne, associant la tribade, la vierge et le libertin. Enfin, le décalage entre le dispositif générique du choix d’Hercule et le dispositif allégorique explicitement annoncé peut s’avérer signifiant : Justine au centre écarte une figure horrifiante de la mère en Furie pour se tourner vers le bel Apollon, faisant le choix de l’amour, comme si, secrètement, Justine désirait le libertin. Certes, c’est vers le Ciel que Justine tourne les yeux, et c’est la Luxure qui la déshabille. Mais le Ciel est vide et c’est vers Apollon que Justine est tournée ; il ne la déshabille pas vraiment mais tient son voile au-dessus de sa tête.
1. Signé sous la gravure à gauche « P. Chery Inv. et del. », à droite « Carrée dired (?) »
Dans le cartouche sous la gravure, deux vers d’une tragédie de Ducis :
« Qui sait, lorsque le Ciel nous
frappe de ses coups,
Si le plus grand malheur n’est
pas un bien pour nous ?
Œd[ipe] ch[e]z Admète. »
Informations techniques
Notice #001687