Roland renverse Manilard et met en fuite les alliés d’Agramant (Cycle d’Effiat)
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Analyse
C’est le printemps. Agramant rassemble ses troupes aux portes de Paris. Alzird, roi de Trémisène et Manilard, roi de Noricie, traversent la forêt avec leurs soldats pour rejoindre leur suzerain. Ils rencontrent pas hasard Roland, qui lui est à la recherche d’Angélique.
Roland tue d’abord Alzird. S'ensuit un combat acharné au cours duquel les Sarrasins tentent en vain de venger leur jeune chef. Finalement, Roland renverse Manilard (sans le tuer) mettant en déroute toute la troupe :
« Comme son épée nue se trouvait toujours prête,
il frappa Manilard, lorsque passa ce roi,
que la Fortune aida, puisque le fer cruel,
en s’battant tourna dans la main de Roland
(on ne peut chaque fois bien ajuster le coup) ;
mais il le fit pourtant culbuter de sa selle.
Lorsqu’étourdi ce roi culbute de l’arçon,
Roland pour le revoir ne se retourne pas,
car il en coupe, en tranche, en fend et en tue d’autres,
si bien que chacun croit l’avoir sur ses talons.
De même que dans l’air, où ils ont tant de place,
les étourneaux fuient loin de l’émouchet hardi,
ainsi dans cette troupe à présent déconfite
l’un tombe, l’autre fuit, un autre se tapit. »
On ne représente en principe jamais l’adversaire en dessous du cavalier, mais face à lui, même lorsqu’il est à terre, même lorsqu’il s’agit d’un ennemi abject (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas ici). Le combat chevaleresque est toujours un face à face. Les représentations verticales sont réservées à saint Georges ou à Bellérophon, terrassant un dragon, une bête, non un homme. Ici, n’est-ce pas déjà la bestialité de Roland qu’il s’agit d’exhiber ?
3. Je propose de considérer ce tableau comme le deuxième du cycle. Après avoir présenté Angélique, le cycle nous présente Roland. Roland est représenté dans toute sa gloire et son efficacité de paladin. Il porte toutes ses armes et combat avec elles contre de vrais ennemis.
Le combat de Roland contre Alzird, où le camp chrétien semble l’emporter, a pour pendant, à la fin du cycle, le combat de Zerbin contre Mandricard, où c’est le camp d’Agramant qui l’emporte, à la fois par la force (Mandricard est supérieur à Zerbin au combat) et par la noblesse (Mandricard accepte de se retirer à la prière d’Isabelle). Le cycle est d’inspiration humaniste : les valeurs humaines sont universelles, il faut savoir les chercher et les reconnaître dans l’« autre » camp.
Informations techniques
Notice #017493