Le lavement des pieds (version de Toronto) - Tiepolo

La composition générale est la même que dans la version du Prado mais la facture est différente et de nombreux détails changent. Le dessin prend plus d’importance, les personnages sont cernés, les plis de leurs vêtements, accentués. Même si les couleurs ont pu évoluer différemment avec le temps et sous l'effet des vernis, on est frappé par le bleu qui domine dans la version du Prado, tandis que celle de Toronto vire plus à l'orange, avec un pavement très voyant, qui accroche l'œil.

Les deux plans du tableau sont traités différemment.

La perspective du fond devient presque irréelle : la porte monumentale de la version du Prado, avec son allée en perspective cavalière, est réduite ici à un arc de triomphe isolé, construit pour ainsi dire sur l’eau, alors que le canal et la gondole qui donnaient de la profondeur ont disparu. L’apôtre du fond, assis par terre contre une colonne dans la version du Prado, est maintenant debout et discute avec Judas, peut-être pour le convaincre. Quant à la petite représentation de la dernière Cène qui se trouvait à droite au-dessus de la tête de Jésus, elle devient une petite pièce où l’on a mis la vaisselle pour le repas qui va suivre, sans plus. 

Au premier plan, Jésus et les apôtres ont perdu leurs auréoles : le réalisme des personnages et la dureté de la lumière, tout concourt à faire de ce tableau une scène de genre, profane.