Astolphe détruit le palais d’Atlant (Roland furieux, Valgrisi, 1560, ch22)
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Analyse
Au premier plan, le cavalier Zerbin, suivi de la vieille Gabrine qu’il a juré de protéger, découvre le corps de Pinabel (str. 4), dont l’Arioste racontera plus loin (str. 71-75), comment Bradamante l’a tué pour se venger de sa trahison du chant III. Bradamante poursuivant Pinabel pour le tuer est d’ailleurs représentée au coin droit du toit du palais d’Atlant (PIN., BRA.).
Tout en haut sont représentés les pays qu’Astolphe traverse depuis la cité d’Alexandrette où il a mis en fuite les Amazones avec son cor au chant XX, jusqu’en France, où il détruira le château d’Atlant, représenté au centre à gauche. Le voyage s’effectue de droite à gauche (str. 6-7) : l’Anatolie (NATOL.), Brousse en Turquie (BVRSIA), la Thrace (THRACIA), le Danube (DAN.B.), la Hongrie (VNGARIA), la Bohême entourée de forêts (BOHEMIA), la Franconie (FRANCONIA), le Rhin (RHENO F.), le Brabant (BARBANTIA), Aix-la Chapelle (Aquis[grana]), la forêt des Ardennes (Selva d’Arde[nna]), la Flandre (FIANDRA). De là, Astolphe joint Londres (LONDRA). Apprenant que tout le monde est parti pour le siège de Paris, il fait demi-tour, descend la Tamise (FIVMI) et fait voile vers Calais (Cales[sio], str. 8), représenté sur la gravure par une muraille et quelques tours.
Déporté par une tempête, Astolphe a finalement touché terre à Rouen. Dans une forêt, représentée au centre de la gravure, pendant qu’il se désaltère à une fontaine, un vilain lui vole son cheval (str. 12). Astolphe (AST.) poursuit à pied le vilain (V.) qui s’engouffre à cheval dans le palais d’Atlant.
Dans le palais, Roger, Gradasse, Irolde, Bradamante, Brandimart et Prasilde (identifiés par leurs initales, peu lisibles : on distingue trois B, dont l’un doit désigner Prasilde...) tirent leurs épées contre Astolphe, à qui les enchantements d’Atlant donnent, pour chacun, les traits de son pire ennemi (str. 20). Astolphe, agenouillé au seuil du palais, sonne de son cor magique pour mettre en déroute les chevaliers (str. 21). Leur fuite est représentée à gauche, sous le palais d’Atlant et au-dessus du corps de Pinabel.
Complètement à droite, au-dessus de Gabrine, Astolphe qui a retrouvé l’hippogriphe attend qu’un chevalier se présente pour lui confier son cheval Rabican : Astolphe (AST) est au centre de ce groupe, l’hippogriphe juste derrière lui tournant son bec vers la droite. À gauche, sa lance plantée en terre, un paladin (PA.) emmène déjà Rabican (str. 30). On apprendra au chant 23 qu’il s’agit de Bradamante. L’effondrement du château d’Atlant n’est pas représenté.
Au-dessus d’Astolphe et de Rabican, toujours à droite, Roger et Bradamante chevauchant de concert rencontrent une dame à cheval dont le visage était fort triste (str. 36) : elle pleure pour Richardet, condamné au bûcher pour avoir couché avec Fleur-de-lys, la fille de Marsile. Pour aller délivrer Richardet, Roger et Bradamante doivent affronter l’épreuve du château de Pinabel, qui se trouve sur le chemin. Pinabel force Aquilant, Griffon, Sansonnet et Guidon à combattre pour lui tous les chevaliers qui se présentent, sauf s’ils acceptent l’humiliation de donner leurs vêtements.
Au-dessus de la fontaine d’Astolphe, on distingue Bradamante et Roger (B, RVG.), de dos. Bradamante, forcée par son chevalier servant de rester spectatrice, est exclue du combat (str. 63) : Roger terrasse d’abord Sansonnet (SAN., str. 64-70). Pendant ce temps, à gauche, au-dessus du couple formé par Bradamante et Roger vus de dos chevauchant, Pinabel s’approche de Bradamante (PIN., B.) pour lui demander l’identité du vainqueur de Sansonnet (str. 71). Bradamante et Pinabel se reconnaissent : Pinabel fuit, sur la gauche, et est tué par Bradamante.
Les trois chevaliers restant contre Roger refusent de combattre à trois contre un. Griffon et Aquilant s’avancent d’abord, Guidon dont le cheval est plus lourd n’arrivant que derrière (str. 80).
Roger combat d’abord Griffon (GRI.) : il l’atteint à la visière du casque, mais celui-ci érafle de sa lance le sac de toile qui recouvre le bouclier enchanté qu’Atlant avait donné à Roger. Aussitôt la lumière jaillit (str. 85) : Aquilant (AQUI.) et Guidon (GVI.) sont renversés en arrière par son éclat.
Au-dessus, honteux d’une victoire peu chevaleresque, Roger jette le bouclier dans un puits (str. 90-94). Enfin, sur la gauche, au-dessus du toit du palais d’Atlant, Bradamante qui n’a pas retrouvé Roger, s’en va de son côté après avoir tué Pinabel.
La composition de cette gravure est particulièrement complexe, car l’occupation de l’espace ne suit pas la progression du texte : si l’on doit bien commencer la lecture en bas, comme dans toutes les gravures du recueil, s’est pour aussitôt passer au haut de la gravure, parce que c’est le haut toujours qui fonctionne comme une carte géographique, même si ici les voyages d’Astolphe sont rapportés au début du chant. La seconde rupture après le départ d’Astolphe d’Angleterre en haut à gauche, nous amène au milieu de la gravure, devant la fontaine où Rabican lui est volé. On lit alors pour la troisième fois la gravure de droite à gauche, et l’on doit même redescendre pour suivre la fuite des chevaliers face au cor d’Astolphe. La troisième rupture nous oblige à repartir du milieu droit de la gravure pour remonter vers le haut et suivre les combats de Roger et l’épisode du bouclier d’Atlant. La lecture se fait alors de bas en haut, menant en parallèle la geste de Roger, à droite, et celle de Bradamante, à gauche.
Informations techniques
Notice #002190