La chapelle du diable (Les Petits orphelins du hameau, Le Prieur, 1802)

La scène se situe vers la fin du roman. Les orphelins ont appris qu'ils étaient les fils légitimes du comte de Castelli. Ils décident de se rendre à Aix pour faire valoir leurs droits avec Gervais, le chef du hameau, et l'abbé Durand. Mais en route, ils sont enlevés par une troupe de brigands. Leur chef Frédrick explique la raison de cet enlèvement : sa fille est tombée enceinte et il a retrouvé son séducteur. Il souhaite les marier de force pour éviter le déshonneur. Il a donc fait enlever l'abbé Durand qui passait par-là pour qu'une cérémonie officielle ait lieu. Il lui fait visiter son repaire souterrain, et lui apprend que « ce sont les restes des fortifications d'un antique château » (Ducray-Duminil, Les Petits orphelins du hameau t. IV, Paris, Leprieur, 1802, p. 29). Il l'emmène alors dans le lieu représenté sur l'image :

est creusée dans un roc une espèce de chapelle souterraine ; mais au lieu des divers symboles de la croyance des chrétiens, les murs ne sont tapissés que d'hiéroglyphes effrayans. Partout des spectres, des esprits infernaux sont gravés ou peints. Les niches, au lieu de loger des saints, offrent des statues colossales d'un aspect hideux ; et sur une espèce d'autel fait en marbre, on voit la figure de Lucifer lui-même, menaçant une troupe d'anges qui s'enfuient, au-dessus de sa tête, vers un ciel étoilé. Cet autel est garni de têtes de morts, d'ossemens, de faulx, de fourches, de tous les attributs de la destruction ; et partout des espèces de mozaïques en marbre noir et blanc retracent des chauves-souris, des hiboux et divers autres oiseaux nocturnes. (p. 114-115)

L'image rend compte de ce lieu spectaculaire et blasphématoire où va se dérouler la cérémonie de mariage. Frédrick, armé jusqu'aux dents, l'appelle la « chapelle du diable » (p. 116). L'abbé ne peut que montrer sa réticence devant un lieu si infâmant.