Suzanne visitée dans sa cellule (Diderot, La Religieuse, an VII, fig3) - Le Barbier
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Analyse
La sœur Sainte-Christine, supérieure du couvent de Longchamp, a résolu de faire passer Suzanne pour possédée. Elle demande à l'archidiacre, M. Hébert, de venir constater la possession. Mais la visite de l'archidiacre ne se passe pas comme elle l'a prévue. Après la messe et un premier interrogatoire, l’archidiacre, vient trouver Suzanne dans sa cellule avec la supérieure ; il constate le dénûment auquel elle a été réduite :
« Je priais, lorsque l’archidiacre, ses deux compagnons et la supérieure parurent dans ma cellule. Je vous ai dit que j’étais sans tapisserie, sans chaise, sans prie-dieu, sans rideaux, sans matelas, sans couvertures, sans draps, sans aucun vaisseau, sans porte qui fermât, presque sans vitre entière à mes fenêtres. Je me levai ; et l’archidiacre s’arrêtant tout court et tournant des yeux d’indignation sur la supérieure, lui dit : “Eh bien, Madame ? — Elle répondit : Je l’ignorais. — Vous l’ignoriez ! vous mentez. Avez-vous passé un jour sans entrer ici, et n’en descendiez-vous pas quand vous êtes venue ? Sœur Suzanne, parlez, Madame n’est-elle pas entrée ici d’aujourd’hui ?… Je ne répondis rien. Il n’insista pas, mais les jeunes ecclésiastiques laissant tomber leurs bras, la tête baissée et les yeux comme fixés en terre, décelaient assez leur peine et leur surprise. Ils sortirent tous, et j’entendis l’archidiacre qui disait à la supérieure dans le corridor : Vous êtes indigne de vos fonctions, vous mériteriez d’être déposée, j’en porterai mes plaintes à Monseigneur. Que tout ce désordre soit réparé avant que je sois sorti… »
1. Signé sous la gravure à gauche « Lebarbier Del[ineavit] », à droite « J. B. M. Dupréel ».
Légende dans le cartouche sous l'image : « Eh bien, madame ; |Elle répondit : je l’ignorais ».
Informations techniques
Notice #003782