Visite d’une femme chez la maîtresse de son mari (Heptam. N38, Amsterdam, 1698)
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Analyse
« Une bourgeoise de Tours, pour tant de mauvais traitemens qu’elle avoit receus de son mary, luy rendit tant de biens, que, quittant sa metaise (qu’il entretenoit paisiblement), s’en retourna vers sa femme. »
Etonnée des absences de son mari, sans cesse parti visiter la ferme qu’ils possèdent à la campagne, une bourgeoise de Tours s’y rend en l’absence de celui-ci, et rencontre la maîtresse qu’il y entretient, fort pauvrement :
« Sa femme, qui surtout aymoit sa vie et sa santé, le voiant revenir ordinairement en si mauvais estat, s’en alla à la mestairie, où elle trouva la jeune femme que son mary aymoit, à laquelle, sans collere, mais d’un très gratieux courage, dist qu’elle sçavoit bien que son mary la venoit veoir souvent, mais qu’elle estoit mal contante de ce qu’elle le traictoit si mal, qu’il s’en retournoit tousjours morfondu en la maison. La pauvre femme, tant pour la reverence de sa dame que pour la force de la verité, ne luy peut nyer le faict, duquel elle luy requist pardon. La dame voulut veoir le lict de la chambre où son mary couchoit, qu’elle trouva si froide et salle et mal en poinct, qu’elle en eust pitié. Incontinant envoia querir ung bon lict, garny de linceux, mante et courtepoincte, selon que son mary l’aymoit ; feit accoustrer et tapisser la chambre, lui donna de la vaisselle honneste pour le servir à boyre et à manger; une pippe de bon vin, des dragées et confitures ; et pria la mestayere qu’elle ne luy renvoiast plus son mary si morfondu. »
La charité de la bourgeoise sera payante : le mari retourne bientôt à une vie fidèle.
2. 4e journée, 38e nouvelle.
Informations techniques
Notice #007667