Une Bourguignonne cachée dans un marais (Heptaméron N61, Amsterdam, 1698)
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Analyse
« Un mary se reconcilye avec sa femme, après qu’elle eust vescu xiiii ou xv ans avec un chanoyne d’Authun. »
P. 615 : « Toutesfoys, elle joua si bien son roolle »
Le mari surveille sa femme pour l’empêcher de retourner avec son chanoine. Elle contrefait la malade et s’enfuit. Deux chevaliers passent près de là.
« Mais, quant elle fut asseurée de son baston, elle sceut très bien passer par ung petit huys d’un jardin qui ne fermoit poinct ; et, tant que la nuyct dura, toute en chemise et nudz piedz, feist son voiage à Authun devers le sainct qui l’avoit gardée de morir. Mais, pour ce que le chemin estoit long, n’y peut aller tout d’une traicte, que le jour ne la surprint. A l’heure, regardant par tout le chemyn, advisa deux chevaulcheurs qui couroient bien fort ; et, pensant que ce fust son mary qui la chercheast, se cacha tout le corps dedans ung maraiz et la teste entre les jongs ; et son mary, passant près d’elle, disoit à ung sien serviteur, comme un homme desesperé : “Ho ! la meschante ! Qui eust pensé que, soubz le manteau des sainctz sacremens de l’Eglise, l’on eut peu couvrir ung si villain et habominable cas !” Le serviteur luy respondit : “Puis que Judas, prenant ung tel mourceau, ne craingnit à trahir son maistre, ne trouvez point estrange la trahison d’une femme !” En ce disant, passe oultre le mary ; et la femme demoura plus joyeuse, entre les jongs, de l’avoir trompé, qu’elle n’estoit en sa maison, en ung bon lict, en servitude. »
2. 7e journée, 61e nouvelle.
Informations techniques
Notice #007690