Severino confesse Justine (Nlle Justine, 1799, ch7, fig12)
Notice précédente Notice n°13 sur 41 Notice suivante
Analyse
Justine arrive au couvent de Sainte-Marie-des-Bois pour adorer une Vierge miraculeuse. Dom Sévérino la reçoit d'abord en confession. Naïve, aveuglée et « éblouie par les illusions de son ardente piété », Justine « n'entend rien, ne voit rien » et accepte tout ce que lui demande le moine lubrique, qui va jusqu'à lui ordonner d'adorer nue la Vierge, tout en se plaçant derrière elle pour en jouir, lui-même stimulé par un jeune garçon torse nu. Justine se prosterne donc devant la Vierge, blasphémant malgré elle, et « fermement persuadée que tout ce qu'on lui fait n'a d'autre but que de la conduire pas à pas vers la perfection céleste » (p.596). L'habit et le voile de la Vierge contrastent avec la robe de Justine jetée au sol, la laissant absolument nue ; les habits amples du moine peuvent renvoyer à la figure divine représentée autour de l'arc ; quand le petit Christ sur les genoux de sa mère peut s'opposer au giton qui manipule le moine, faisant un tout autre usage de son bras droit. La scène de prosternation sacrée est pervertie : Justine se prosterne devant la Vierge et le Christ tandis que Dom Sévérino se prosterne devant Justine pour atteindre les fesses qu'il veut baiser. C'est d'ailleurs cette prosternation qui est centrée sur la gravure, et non celle de Justine. Le blasphème et l'incongruité de cette scène sont aussi soulignés par le décor de l'église : la plaque de marbre au second plan sur la droite, couverte d'inscriptions, peut désigner la tombe d'un prélat, ou commémorer la dédicace de l'église. Tout le haut de la gravure, qui représente un intérieur d'église tout ce qu'il y a de respectable, contraste avec la scène libertine du bas.
1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. II. », à droite « P. 57. »
Informations techniques
Notice #001646