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Recherche infructueuse

Orgie et profanation chez Gernande (Nlle Justine, 1799, ch15, fig29)

Date :
Entre 1797 et 1799
Nature de l'image :
Gravure sur cuivre
Sujet de l'image :
Enfer 2507 (3)

Analyse

Dans le château de Gernande, un salon a été disposé avec « tous les meubles nécessaires au libertinage et à la férocité » d’une part, d’autre part les « différents attributs de toutes les religions de la terre », notamment « l’effigie du prétendu Dieu de l’univers, sous la figure d’un vieillard » (p. 903). Celui-ci, qui surplombe l'assemblée, a d'ailleurs un triangle en guise d'auréole, qui évoque sans doute le caractère trinitaire du Dieu chrétien, mais stylise peut-être aussi le sexe féminin, que représente Laurette, exhibée juste au-dessous pour blasphémer la figure sacrée originelle « mis[e] là pour être insulté[e] » (p. 912).
Dans ce salon, une scène orgiaque avec les membres libertins de la famille de Gernande se met en place : Bressac, son neveu, le couple d'Esterval, ses cousins, Verneuil, son frère, et Victor, le fils de Verneuil. Ils sont accompagnés de nombreux personnages secondaires, complices ou victimes.
Verneuil répartit les assistants par couples et leur fait tirer au sort à chacun « une lubricité quelconque » (p. 908). Victor, après avoir molesté et violé sa mère Mme de Verneuil, s'en prend à sa sœur Cécile. La gravure représente ce moment : Cécile, que l'on distingue à peine, est agenouillée sur le « saint sopha » (p. 911), prise par son frère. Laurette, une autre fille, qui donne son sexe à baiser à Victor, est placée sur les reins de Cécile. Victor manie avec ses mains la femme de Gernande et sa mère Mme de Verneuil, sur les côtés. Il est entrepris par son père, lui-même entrepris par John, un autre homme. En bas à gauche, Bressac prend un jeune garçon. Gernande, juste au-dessus de Bressac, est debout, et un petit garçon, Lili, est entre ses cuisses. A sa droite, Dorothée est prise par un jeune homme, Constant, pendant que son mari est perdu dans le désordre orgiaque que Verneuil s'efforce de ramener à l'ordre.
Les différentes actions des personnages contribuent à donner un effet de confusion et de débauche à la gravure : celle-ci s'organise, non pas autour d'une action orgiaque commune, mais en plusieurs petits groupes qui défilent sous le regard paternel du Dieu trinitaire. Les têtes alignées de la plupart des personnages mettent en avant ce défilé qui rappelle le défilé narratif des retables en polyptyques. Cela confère à la gravure son second caractère blasphématoire, renforcé par l'image tutélaire du Dieu paternel. La succession des groupes dans l'image donne l'impression d'une narration. Pourtant, cet enchaînement visuel ne constitue qu'une scène d'orgie, fixée et cadrée par la figure sacrée au mur qu'elle profane. Le défilé est celui des
positions orgiaques qui se multiplient en même temps, et presque d'une manière autonome : « Bressac, d'Esterval, Gernande et Dorothée, ivres de ce spectacle, l'entourent… » (p. 912). L'orgie sexuelle prend le dessus sur la narration du roman.

Annotations :

1. Au-dessus de la gravure à gauche « T. III. », à droite « P. 327. »

Objets :
Tableau sur le mur
Sources textuelles :
Sade, Donatien Alphonse François, marquis de (1740-1814)

Informations techniques

Notice #001667

Image HD

Identifiant historique :
A0986
Traitement de l'image :
Image web
Localisation de la reproduction :
Bibliothèque numérique Gallica, Bibliothèque nationale de France (https://gallica.bnf.fr)