Émilie et Dorothée effrayées par un pirate (Mystères d'Udolphe, Maradan, 1798)

La scène illustrée se situe vers la fin du roman. Émilie, l'héroïne vertueuse, a réussi à fuir le sombre château d'Udolphe occupé par le barbare Montoni. Après une traversée en bateau hasardeuse, elle trouve refuge avec quelques amis qui l'accompagnent dans le château du Comte de Villefort, que celui-ci rénove. Coup du sort, il s'avère que ce château renferme des secrets sur sa propre histoire et celle de son père décédé. Une nuit, elle presse la servante Dorothée de lui en dire plus. Celle-ci décide de lui montrer un tableau de l'ancienne propriétaire morte il y a une vingtaine d'années, qui était en réalité la tante cachée d’Émilie. Ensemble, elles se dirigent donc dans son ancienne chambre désormais laissée à l'abandon. Mais alors qu'elles visitent la pièce, elles sentent le lit bouger, et une « figure humaine » apparaît (Radcliffe, Les Mystères d'Udolphe t. V, Paris, Maradan, 1798, p. 155).

C'est ce qui est visible sur la gravure. Dorothée tient la seule source de lumière qui éclaire ce cadre sombre et effrayant. Elle commence à fuir avec Émilie devant la figure humaine qui se montre dans le lit. Retirant les draps qui le recouvraient jusque-là, cette figure humaine fait office de fantôme. Émilie et Dorothée le prennent pour le revenant de l'ancienne propriétaire morte dans ce même lit. Le lecteur apprend à la fin du roman l'explication de ce fait étrange : une troupe de « pirates » (ibid. t. IV, p. 50) occupait cette partie abandonnée du château. En entendant Dorothée et Émilie arriver, l'un d'eux s'est caché dans le lit et a décidé de faire peur aux deux femmes pour les faire fuir.