Le vice et la vertu (Aldomen ou Le Bonheur dans l'obscurité, 1794) -
Analyse
Les deux personnages de dos, incarnant les lecteurs, ont face à eux deux allégories qui les incitent chacune à emprunter un chemin différent, l’un menant à une ville taillée au cordeau – symbole de la rationalité des Lumières et de leur corruption – que menacent des nuages ; et l’autre menant à une nature nourricière qui offre « les aimables vertus et les plus doux plaisirs ». L'allégorie sur la gauche porte habits et trésors au pouvoir corrupteur : elle possède de grandes ailes qui rappellent celles de l’ange déchu, ainsi qu’une flamme sur le front, figurant les Lumières. La seconde allégorie, élevée par la nuée et éclairée par le soleil, signifie un éclat moins clinquant mais choisi par le Ciel : elle incarne une nature abondante et fertile, à l’image de la Vénus nourricière décrite par Lucrèce.
1. Légende sous l'image : « La Nature en son Sein offrit à leurs désirs | les aimables vertus et les plus doux plaisirs ».
3. L'image reprend le modèle du choix d'Hercule souvent reprise dans la tradition iconographique. Sade a pu s'inspirer du même modèle pour commander la gravure qui sert de frontispice à La Nouvelle Justine et à L'Histoire de Juliette. La nature nourricière évoque de surcroît la Vénus décrite par Lucrère, incarnant ici la voie vertueuse à choisir, ce qui renverse l'opposition traditionnelle du choix d'Hercule dans laquelle Vénus incarne plus souvent le vice et le débauche.
Informations techniques
Notice #025413