Saint Grégoire pape - Vien
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Analyse
Saint GrĂ©goire, Ă©crivant les commentaires dâEzechiel, reçoit la visite de la colombe du saint Esprit.
Livret du Salon de 1767 :
« S. Grégoire, Pape.
Ce Tableau, dâenviron 9 pieds de haut, sur 5 pieds de large, doit ĂȘtre placĂ© dans la Sacrisite de lâEglise S. Louis Ă Versailles. »
Mercure de France, octobre 1767, p. 164 :
« Un tableau de Saint GrĂ©goire, destinĂ© pour la sacristie de lâĂ©glise Saint Louis, Ă Versailles, doit avoir place au rang des sages productions de M. Vien. Le Saint Pontife offre de la noblesse dans son maintien, de la dignitĂ© dans son caractĂšre de tĂȘte, & beaucoup dâart dans la maniĂšre dont ses riches vĂȘtemens sont traitĂ©s. On reconnoĂźt, dans cet ouvrage, lâauteur de Saint Denis prĂȘchant. »
Commentaire de Diderot :
« Saint Grégoire pape
Tableau dâenviron neuf pieds de haut, sur cinq pieds de large. Pour la sacristie de Saint-Louis Ă Versailles.
Supposez, mon ami, devant ce tableau un artiste, et un homme de goût. Le beau tableau ! dira le peintre. La pauvre chose ! dira le littérateur. Et ils auront raison tous les deux.
Le saint GrĂ©goire est lâunique figure. Il est assis dans son fauteuil, vĂȘtu des habits pontificaux ; la tiare sur la tĂȘte ; la chasuble sur le surplis. Il a devant lui un bureau soutenu par un ange de bronze. Il y a sur cette table, plume, encre, papier, livres. On le voit de profil. Il a le visage tranquille et tournĂ© vers une gloire qui Ă©claire lâangle supĂ©rieur gauche de la toile. Il y a dans cette gloire dont la lumiĂšre tombe sur le saint, quelques tĂȘtes de chĂ©rubins.
Il est certain que la figure est on ne peut plus naturelle et simple de position et dâexpression, cependant un peu fade ; quâil rĂšgne dans cette composition un calme qui plaĂźt ; que cette main droite est bien dessinĂ©e, bien de chair, du ton de couleur le plus vrai et sort du tableau ; et que, sans cette chape qui est lourde ; sans ce linge qui nâimite pas le linge, sous lequel le vent sâenfournerait inutilement pour le sĂ©parer du corps, qui nâa aucuns tons transparents, qui nâest pas soufflĂ©, comme il devrait lâĂȘtre, et quâon prendrait facilement pour une Ă©toffe blanche Ă©paisse ; sans tout ce vĂȘtement qui sent un peu le mannequin, celui qui sâen tient au technique et qui ne sâinterroge pas sur le reste, peut ĂȘtre content. â Belle tĂȘte, belle pĂąte, beau dessin. Bureau soutenu par un chĂ©rubin de bronze bien imitĂ© et de bon goĂ»t. Tout le tableau bien coloriĂ©. â Oui, aussi bien quâun artiste qui ne connaĂźt pas les glacis. Une figure nâacquiert de la vigueur quâautant quâon la reprend, cherchant continĂ»ment Ă lâapprocher de nature ; comme font Greuze et Chardin. â Mais câest un travail long, et un dessinateur sây rĂ©sout difficilement, parce que ce technique nuit Ă la sĂ©vĂ©ritĂ© du dessin ; raison pour laquelle le dessin, la couleur, et le clair-obscur, vont rarement ensemble. Doyen est coloriste ; mais il ignore les grands effets de lumiĂšre. Si son morceau avait ce mĂ©rite, ce serait un chef-dâĆuvre. â Monsieur lâartiste, laissons Doyen. Nous en parlerons Ă son tour. Venons Ă ce Saint GrĂ©goire qui ne vous extasie que parce que vous nâavez pas vu un certain Saint Bruno de Rubens qui est en la possession de M Watelet. Mais moi, je lâai vu ; et lorsque je regarde cette gloire dont la lumiĂšre Ă©claire le saint, ne puis-je pas vous demander : Que fait cette figure ? Quel est sur cette tĂȘte lâeffet de la prĂ©sence divine ? Nul. Ne regarde-t-elle pas lâEsprit-Saint, aussi froidement quâune araignĂ©e suspendue Ă lâangle de son oratoire ? OĂč est la chaleur dâĂąme, lâĂ©lan, le transport, lâivresse que lâesprit vivifiant doit produire ? Un autre que moi ajoutera : Pourquoi ces habits pontificaux ? Le saint pĂšre est chez lui, dans son oratoire, tout me lâannonce. Il semble que la convenance du vĂȘtement et du lieu demandait un vĂȘtement domestique. Que sa mitre, sa crosse et sa croix fussent jetĂ©es dans un coin. A la bonne heure. Carle Vanloo sâest bien gardĂ© de commettre cette faute dans lâesquisse oĂč le mĂȘme saint dicte ses homĂ©lies Ă son secrĂ©taire.
â Mais le tableau est pour une sacristie. â Mais lorsquâon portera le tableau dans la sacristie, est-ce que le saint entrera tout seul ? est-ce que son oratoire restera Ă la porte ? » Le littĂ©rateur aura donc raison de dire : La pauvre chose ; et lâartiste : La belle chose que ce tableau ! Et ils auront donc raison tous les deux. » (CFL VII 74-6, Ver IV 551-2)
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Informations techniques
Notice #007025