Matilde invoque le diable (Le Moine, Maradan, 1797)
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Analyse
La scène illustrée se situe au milieu du troisième tome. Le moine, séduit par Matilde, est débauché. Mais devenu insensible à ses charmes, il rêve de nouveaux plaisirs. Antonia, une jeune fille pure, fixe ses désirs. Malgré ses tentatives, il ne parvient pas à la séduire, et manque même de se laisser surprendre par Elvire, la mère d'Antonia. Honteux et fou de rage, il rentre au monastère et Matilde lui propose d'invoquer le diable pour seconder ses vœux. Il s'y refuse avant de céder. Ils se dirigent donc une nuit dans les caveaux du monastère — dont la profondeur suggère la proximité des enfers — et Matilde prépare un rituel en utilisant des objets magiques disposés dans le panier à ses pieds. Elle se pare d'une « longue robe garnie de fourrure » (Lewis, Le Moine t. III, Paris, Maradan, 1797, p. 83), découvre sa poitrine en signe d'impiété, et trace deux cercles au sol dans lesquels se place chaque personnage avant qu'une « flamme pâle et sulfureuse s'élèv[e] de terre » (ibid. p. 85). Commence ensuite le rituel :
Tout-à -coup elle poussa un cri perçant, et parut être saisie d'un accès de délire ; elle s'arracha les cheveux, se battit le sein avec des gestes frénétiques, et tirant le poignard de sa ceinture, le plongea dans son bras gauche. Le sang coula en abondance. Se tenant sur le bord du cercle, elle avait pris soin qu'il tombât à l'extérieur. Les flammes se retirèrent de l'endroit sur lequel le sang se répandait. Un nuage épais s'éleva de la place ensanglantée, et monta par degrés jusqu'à la voûte de la caverne. Au même instant, on entendit un grand coup de tonnerre qui se répéta dans tous les passages souterrains, et la terre trembla sous les pieds de la magicienne. (ibid. p. 86)
Le moine à genoux est mi-repentant, mi-effrayé. Prêt à tout pour sauver sa réputation, il refoule son désir et ses actes hérétiques. Aucun accès à l'extérieur n'offre d'échappatoire à l'œil du spectateur. Enfin, la légende explicite la visée du rituel : les points de suspension de la légende, non présents dans le texte (ibid. p. 87), stimulent l'imagination du lecteur : Qui peut bien être ce « Il » qui vient ?
1. Légende : « "Il vient.............. Page 87 »
Informations techniques
Notice #023078