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Résumé

L’emploi d’images patriotiques de batailles est l’un des moyens utilisés au sein de l’école de la IIIe République pour valoriser la conscription et encourager la jeunesse à s’engager dans l’armée. L’exemple de la bataille de Valmy (20 septembre 1792) permet particulièrement de mesurer l’importance accordée à l’imagerie du peuple en armes, au travers de légendes héroïques façonnées au XIXe siècle.

Abstract

The schools of the Third Republic made extensive use of patriotic images of battles to promote conscription and encourage young people to join the army. The example of the battle of Valmy (20 September 1792) is a particularly good illustration of the importance attached to images of the people in arms, through heroic legends created during the 19th century.

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Références de l’article

Elise Meyer,

Comment sauve-t-on la patrie ?

, mis en ligne le 06/04/2025, URL : https://utpictura18.univ-amu.fr/rubriques/numeros/illustrer-roman-national/comment-sauve-t-on-patrie

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Ressources externes

Comment sauve-t-on la patrie ?

Un exemple par les illustrations de la bataille de Valmy

Dans le récit de la Révolution française faite par les historiens de la seconde moitié du XIXe siècle, la bataille de Valmy est l’un des événements fondateurs de la nation française. Jules Michelet en fait même le fruit d’une intervention divine1. En repoussant les Prussiens le 20 septembre 1792, les volontaires nationaux auraient remporté une victoire miraculeuse dans une situation désespérée : l’armée française était en effet en pleine déroute depuis le début de l’invasion du territoire par les Prussiens et les Autrichiens. Mieux, c’est au cri de « Vive la nation ! » que la bataille aurait été remportée, face à des envahisseurs qui souhaitaient officiellement remettre sur le trône le roi déchu Louis XVI. La République étant proclamée le lendemain à Paris, Valmy est la victoire du nouveau régime sur l’ancien, c’est le triomphe du drapeau révolutionnaire sur les oripeaux royalistes. L’armée des Princes, composée de nobles émigrés et qui suivait les troupes prussiennes, fuit peu de temps après le début de la retraite prussienne, preuve de l’importance de Valmy. Cependant, cette légende dorée reflète peu l’affrontement qui s’est déroulé sur une petite colline de Champagne. Il s’agit d’une bataille faiblement meurtrière, qui se résume essentiellement à une canonnade de plusieurs heures, menée du côté français à la fois par d’anciennes troupes royales et par quelques bataillons de volontaires. À la fin de la journée, les opposants n’ont même pas su déterminer de vainqueur. Ce n’est que quelques jours plus tard, avec la retraite des Prussiens et des émigrés, que les conséquences de la bataille se révèlent. Mais peu nombreux sont les commentateurs qui se rendent alors compte de l’importance de la date du 20 septembre, la cause perçue du repli des Prussiens étant la dysenterie. Dans un tel contexte, comment Valmy a-t-il pu devenir une date clé du « roman national »2 ? Cet article se propose d’analyser l’évolution des usages des images de Valmy dans la propagande républicaine et particulièrement à destination de la jeunesse, afin de comprendre les raisons d’une telle instrumentalisation et ses effets sur les jeunes esprits. Pour cela, il est tout d’abord nécessaire d’étudier la construction des images de la bataille de Valmy de son déroulement jusqu’au début de la IIIe République, pour ensuite examiner leurs utilisations patriotiques et revanchardes à l’école ainsi que dans le cadre familial au travers de romans, de jouets ou de publicités. Enfin, les conséquences de ces usages seront abordées, notamment au moment de la Première Guerre mondiale.

La création des images de Valmy

L’insignifiance de Valmy à l’automne 1792 a des conséquences concrètes : aucune image ne représente l’affrontement sous la Ière République. On retrouve certes des caricatures3, mais qui visent et moquent la retraite prussienne, notamment les soldats malades. Elles ne cherchent pas à représenter l’affrontement. La bataille de Jemmapes, qui a eu lieu quelques mois plus tard, fait en revanche rapidement l’objet d’estampes, afin de glorifier les actes de bravoure des troupes françaises. Des détails militaires de Valmy, il n’existe principalement durant ces années que les descriptions publiées des lettres ou des récits écrits par les généraux présents, Kellermann et Dumouriez. La première estampe de Valmy semble avoir été produite en 1804, à l’occasion de la publication de Fastes de la Nation française4, un ouvrage exaltant les victoires de l’Empire et les généraux de ce dernier. Les protagonistes des gloires militaires étant les généraux, c’est Kellermann qui obtient l’attention du graveur. Kellermann étant en outre fait maréchal d’Empire et duc de Valmy par Napoléon, la mémoire de Valmy tient essentiellement à la figure de ce général. Ce constat explique cette représentation surprenante, dont le but n’est pas d’être réaliste mais de célébrer Kellermann. Celui-ci est sur son cheval, le chapeau au bout de son sabre, probablement en train de crier « Vive la nation ! », ce qui témoigne du succès précoce d’une partie du mythe républicain de Valmy, promue par l’un des premiers historiens de la Révolution française, François-Emmanuel Toulongeon5. En revanche, le combat se déroule au sein d’un paysage fantaisiste, sur un terrain plat avec une montagne en arrière-plan. On n’y distingue aucun moulin et l’artillerie est symbolisée par la présence d’un canon discret à droite et d’un autre, à terre, au premier plan à gauche. Le plus étonnant est la représentation des belligérants, les troupes s’affrontant au fusil. La canonnade n’y serait que secondaire, ce qui montre une fois de plus la réticence à faire de celle-ci une victoire honorable. De plus, l’aspect révolutionnaire a été effacé, les troupes françaises ressemblant à une armée de métier, leurs couvre-chefs étant bien plus proches de fantassins napoléoniens de ceux des volontaires.

Kellermann à Valmy - Couché

Quelques années sont encore nécessaires pour que Valmy soit le véritable objet d’une représentation. Au cours des années 1820, le développement des sciences historiques et les publications de la deuxième génération d’historiens de la Révolution française (Thiers, Mignet) et de certains grands stratèges militaires de l’époque créent un terreau fertile à de nouvelles estampes. La popularité et la richesse d’un ancien participant à la bataille, le duc d’Orléans, donne à Valmy ses premiers tableaux exposés. Depuis sa réinstallation au Palais-Royal, le futur roi Louis-Philippe a constitué sa propre galerie d’art, avec pour ambition muséale d’y afficher l’art de son époque et non des œuvres anciennes6. Valmy y occupe une place d’importance, puisque le prince y expose dès 1824 une esquisse de Monfin ainsi qu’un tableau de Victor Schnetz qui ont la bataille pour sujet7. Ces œuvres ont aujourd’hui disparu et elles ne semblent pas avoir été reproduites, il est donc impossible de savoir comment elles représentaient Valmy. Dans le même temps, le duc d’Orléans effectue une commande de quatre tableaux de batailles de la Révolution et de l’Empire auprès du peintre Horace Vernet, qui sont aujourd’hui conservées à Londres8. Jemmapes (1821), Montmirail (1822), Hanau (1824) et enfin Valmy (1826) montrent les premières batailles de la Révolution et les dernières de l’Empire, faisant de la Révolution et de l’Empire un seul bloc.

La bataille de Valmy, 20 septembre 1792 - Horace Vernet

Dans le tableau de Vernet, la bataille de Valmy connaît une représentation plus vraisemblable, ce que permet plus facilement un tableau de quasiment trois mètres par rapport à une gravure. On y observe un terrain vallonné, un ciel gris, des tirs de canon et… un moulin. Ce dernier occupe une grande place. C’est effectivement dans les années 1820 que le moulin commence à intégrer l’iconographie de la bataille de Valmy. On le retrouve dans certains livres d’histoire, le moulin étant particulièrement utile pour reconnaître rapidement la scène, y compris sur de petites estampes. L’autre particularité du tableau de Vernet est de mettre en avant son commanditaire. Le duc d’Orléans est plus valorisé que le général Kellermann, ce dernier étant représenté en train de tomber de son cheval. Le jeune duc de Chartres9 est dans une position plus flatteuse, assis sur un cheval d’un blanc ostensible, ce qui le rapproche de la représentation habituelle d’un général. Par le biais d’un moment connu de la bataille, le cheval de Kellermann s’étant réellement effondré au cours de l’affrontement, le peintre attire l’attention sur un acteur secondaire. Si le duc de Chartres était bel et bien présent sur la colline, il ne dirigeait en effet qu’une brigade, étant devenu lieutenant général à l’âge de 19 ans. Lorsque le duc d’Orléans accède au pouvoir à la suite des Trois Glorieuses en 1830, ce tableau devient un instrument de propagande : il sert les intérêts du nouveau roi en montrant sa participation active à Valmy et donc à la défense de son pays. Contrairement à la plupart des autres émigrés, il n’a jamais combattu contre la France. Appartenant à la branche des Bourbons, il incarnerait ainsi la synthèse parfaite de l’Ancien Régime et de la Révolution, synthèse qui serait la promesse d’un régime stable. La peinture de Vernet est reproduite de nombreuses fois par le biais des estampes, une copie du tableau est même effectuée par Jean-Baptiste Mauzaisse pour le château de Versailles, dans lequel Louis-Philippe fait installer un musée de l’Histoire de France. La Bataille de Valmy de 1826 a par conséquent une influence considérable sur l’iconographie de l’événement, alors qu’il s’agissait initialement d’un tableau réalisé pour les espoirs politiques d’un seul homme. Un destin d’autant plus ironique que Vernet a probablement peint cette toile avec peu d’entrain, puisqu’après Jemmapes, il a préféré proposer au duc d’Orléans de peindre Montmirail et Hanau, repoussant la réalisation de Valmy de plusieurs années10.

Valmy étant très utilisé dans la légitimation du régime de Juillet, les images de la bataille envahissent les livres et même les foyers au cours des années 1830 et 184011. Cependant, ces images sont destinées majoritairement à un public adulte, même si la production de manuels scolaires explose après l’instauration de la loi Guizot en 1833. L’histoire de France est alors encore peu enseignée aux enfants.

Valmy à l’école

Kellermann à Valmy lève son chapeau en l'air (Lavisse, Histoire de France : cours élémentaire, A. Colin, 1913)

Il faut attendre plusieurs lois successives, de la loi Duruy aux lois Ferry, pour que l’histoire de la Révolution française fasse pleinement partie du programme scolaire. Valmy est enseigné à plusieurs reprises, à l’école primaire, puis dans le secondaire. Jusque dans les années 1880, les manuels scolaires étaient peu illustrés pour en réduire les coûts, mais aussi parce que la pédagogie était encore balbutiante. De plus, les peintres et dessinateurs préféraient illustrer de belles éditions de livres pour la jeunesse bourgeoise, comme les Contes de Perrault illustrés par Gustave Doré12. Les innovations techniques (perfectionnement de la chromolithographie, photogravure), la production en masse de manuels scolaires13 et les progrès de la pédagogie contribuent à la multiplication des images dans les manuels. Ces images sont souvent petites (de format « vignette »). Cette arrivée fulgurante de l’image dans les manuels va de pair avec un intérêt marqué de la IIIe République pour l’histoire de France et particulièrement pour la Révolution. Ainsi, c’est aussi dans les années 1870 que sont publiées les premières images d’Épinal de Valmy14. Si les portraits de grands personnages ont dans un premier temps la faveur des éditeurs de manuels, on trouve de plus en plus de scènes historiques15. Pour Valmy, on voit alors apparaître de nouvelles gravures originales destinées aux enfants, mais aussi des reprises de plus anciennes issues des livres d’histoire érudits et, grâce à la photogravure à la toute fin du siècle, des reproductions du tableau de Vernet. On observe des différences dans les types d’illustrations utilisés, les cartes étant favorisées dans le cours supérieur, ainsi que les portraits. Les manuels sont généralement plus austères à mesure que le niveau s’élève, mais les idéologies sont aussi moins marquées16.

Commençons par le plus célèbre des manuels d’histoire, l’Histoire de France à l’usage du cours élémentaire d’Ernest Lavisse. Voici le récit que ce dernier fait de Valmy dans sa version la plus connue, celle de 191217 :

1. Une belle victoire. Vous avez vu qu’avant la mort de Louis Seize, les ennemis étaient entrés en France.
C’étaient des Prussiens et des Autrichiens. Un jour du mois de septembre 1792, notre armée était rangée sur une colline près de Valmy, un petit village du pays de Champagne.
Beaucoup de nos soldats étaient très jeunes ils n’avaient pas encore été à la guerre, au lieu que les ennemis étaient tous de vieux soldats, habitués à se battre.
Le général Kellermann commandait notre armée. L’Image vous le montre à cheval près d’un moulin. Il voit les ennemis marcher vers la colline il a mis son chapeau au bout de son épée, et crie « Vive la France ! » Nos canons tirent ; les musiques jouent ; nos soldats crient « Vive la France ! »
Les ennemis furent très étonnés, car ils avaient cru que les Français se sauveraient tout de suite.
Ils s’arrêtèrent, et les deux armées se battirent de loin à coups de canon.
Nos soldats ne bronchèrent pas. Un d’eux apprit que son frère, qui était au premier rang, venait d’être tué. Il demanda la permission d’aller l’embrasser. Il y alla, embrassa son frère, puis il se releva en pleurant, cria : « Vive la France ! » et retourna à sa place.
À la fin, les Prussiens s’en allèrent. Ils retournèrent dans leur pays, honteux d’avoir été vaincus.
Nos jeunes soldats furent courageux, et ils furent victorieux parce qu’ils aimaient de tout leur cœur la France notre patrie18.

Lavisse loue sans réserve les volontaires, qui semblent être les seuls à participer à la bataille sous les ordres de Kellermann. Ils se caractérisent par leur jeune âge, ce qui doit inspirer la jeunesse qui lit ces pages. L’une des raisons du succès du manuel est le grand soin apporté à sa présentation matérielle, l’œuvre d’Armand Colin19, ce qui se traduit par des jeux de typographie, un texte aéré et une grande place accordée aux images. Ainsi, pour Valmy le titre est en gras et la phrase de conclusion, que nous avons retranscrite ici en italique, est placée entre deux grands crochets. On y retrouve dans le déroulé de la bataille plusieurs éléments communs dans le récit de cette bataille au moment de la IIIe République : Kellermann qui crie, suivi des volontaires, une armée adverse stupéfaite, des troupes françaises ne cédant pas à la peur. Pour illustrer ce dernier point, Lavisse utilise un élément totalement fictionnel mais éminemment dramatique, un soldat embrassant son frère mort avant de retourner au combat malgré sa peine. Concernant l’image accompagnant ce récit, elle est particulièrement impressionnante, puisqu’elle prend une pleine page, ce qui est assez rare, y compris à l’intérieur de ce livre. On retrouve ce format pour Vercingétorix ou Jeanne d’Arc, autrement dit les figures les plus valorisées du roman national20. L’importance de Valmy dans l’histoire de France enseignée en cours élémentaire peut donc aussi être jugée par ce détail, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’un personnage historique, mais d’une célébration d’un collectif formé par Kellermann et les volontaires. Le défaut rencontré par la pleine page est qu’elle invite au format portrait et empêche donc une vision en format paysage du champ de bataille. L’illustration met en avant Kellermann au pied du moulin grâce à la disposition des volontaires autour de lui, qui semble former un cadre : il est le cœur battant de l’armée des volontaires, il est l’initiateur du cri. On voit à peine le champ de bataille et la violence de la canonnade est suggérée par un épais nuage de fumée. D’une certaine manière, cette image illustre mieux la vision de Lavisse que le texte lui-même. En effet, celui-ci était un historien plutôt conservateur et dans sa première mouture du « Petit Lavisse » en 1876, il n’évoquait pas le thème de la Patrie en danger et condamnait largement les événements de la Révolution française21. Lors de l’édition de 1886, ces réserves disparaissent, Valmy devient un événement crucial, puis à partir de 1895, les gravures sont renouvelées et font apparaître les volontaires. La mort de Louis XVI n’est même plus simplement excusée, mais approuvée à partir de 1912. La gravure qui accompagne Valmy retient tout de même l’idée du rôle crucial du général, sans lequel les troupes françaises auraient fui. Elle met en avant le génie de l’officier aux dépends de celui du peuple, malgré une description positive. Même s’il est difficile de comprendre pourquoi Lavisse a choisi le cri de « Vive la France ! » alors que la majorité des textes du siècle utilisent bien le mot « nation », cela rajoute du poids à l’hypothèse d’une réticence de sa part à valoriser un peuple agissant. Il est aussi probablement plus simple d’expliquer le concept d’un pays à des enfants que celui d’une nation.

Bataille de Valmy (Désiré Blanchet, Histoire sommaire de la France…, Belin, 1914) - Dascher

Les autres grands succès éditoriaux de l’époque offrent un récit similaire de Valmy, à quelques nuances près. Dans le manuel de Guiot et Mane, c’est « la jeune armée des volontaires » qui sauve la France, ce qu’illustre la vignette, où l’on voit Kellermann en train de crier à pied au milieu des volontaires22. Le cri est plus important que tout le reste, le moulin n’est pas dessiné. En revanche, l’auteur se trompe étonnement de général et mentionne Dumouriez, confondant peut-être Valmy et Jemmapes. Dans certains manuels de Désiré Blanchet, on peut noter une gravure étonnante montrant Kellermann sur un terrain plat, qui semble braver le feu des canons ennemis en mettant son chapeau au bout de son sabre, alors que celui-ci est censé se tenir à bonne distance des premières lignes, sur la colline23. La description de Valmy par Alphonse Aulard, le titulaire de la chaire de l’histoire de la Révolution française à la Sorbonne, se caractérise par une description plus rigoureuse de la bataille, qui ne mentionne pas le cri :

Ce ne fut qu’une canonnade, et il n’y eut de notre côté que 300 morts et que 184 du côté de l’ennemi. Mais l’effet moral de cette victorieuse canonnade fut immense, et eut de grandes conséquences historiques. L’habilité de Dumouriez, le courage de Kellermann, et surtout la force de résistance d’une armée qu’on croyait désorganisée et des volontaires nationaux dont les émigrés disaient que c’étaient de lâches pillards, voilà ce qui frappa l’ennemi de terreur24.

L’illustration va de pair avec le ton du récit, puisqu’elle met essentiellement en lumière la violence de la canonnade, avec des masses indistinctes de soldats, des fumées et un moulin en partie détruit. Il s’agit avant tout de mettre en avant l’armée et non pas un général en particulier.

Bataille de Valmy (Aulard et Debidour, 1902) - Jules Gaildrau

Qu’en est-il des manuels scolaires édités dans l’enseignement privé ? Si un certain nombre de sujets sont traités de manière similaire à celle de l’enseignement laïque, les deux écoles faisant la part belle aux sauveurs et aux héros, l’enseignement catholique rejette la période révolutionnaire. Cela peut se traduire par des manuels s’arrêtant en 1789 ou par une condamnation marquée de la plupart des épisodes révolutionnaires, perçus comme diaboliques25. Lorsqu’un récit de la Révolution est présent, Valmy peut ne pas être évoqué26 par volonté de décrire principalement les horreurs de l’époque. Pour le mois de septembre 1792, ils insistent alors notamment sur les massacres de Septembre27. Quand elle existe, la description de Valmy est peu différente de celle des manuels de l’école publique, mais est plus courte, moins exaltée28. En outre, beaucoup de manuels sont datés, certains ayant même été écrits lors de la Restauration ! L’un des exemples les plus parlants est l’Histoire de France à l'usage de la jeunesse de Jean-Nicolas Loriquet, publié pour la première fois en 1810 et réédité 66 fois, jusqu’en... 187529.

À l’autre extrémité du spectre politique, les variations concernant Valmy sont bien moindres. L’une des particularités du socialisme français, par rapport à celui des pays voisins, est en effet son patriotisme. La majeure partie des militants tente de faire évoluer le régime, car la France est l’un des rares pays où le socialisme peut progressivement s’organiser de manière légale. La mémoire de la Révolution française, des journées de 1830 et de 1848 ou bien celle encore fraîche de la Commune leur donnent l’impression que leur pays dispose d’une place à part. Ailleurs en Europe, la continuité entre une république et un État socialiste est une abstraction30. Jean Jaurès ne rompt pas avec les historiens de la Révolution française les plus connus lorsqu’il rédige pour les prolétaires son Histoire socialiste de la Révolution française. Cette particularité n’empêche pas un certain nombre de débats sur la Révolution française, qui est souvent perçue comme une gloire à dépasser, ou bien sur la possibilité d’une guerre « juste ». Georges Sorel voit par exemple dans les guerres révolutionnaires une fraude, dont le but était d’éblouir le peuple et de faire oublier les morts31. Mais il s’agit de « débats entre adultes » qui trouvent peu d’échos dans les manuels scolaires. Gustave Hervé, fervent antimilitariste jusqu’en 1914, a publié des manuels scolaires pour les éditions populaires de la revue La Guerre sociale. Dans l’Histoire de France pour les grands, il présente Valmy avec une vision classique et finalement peu socialiste, ce que corrobore l’illustration choisie, une simple reproduction du tableau de Vernet32. Il n’y a donc pas de différences marquées avec les manuels traditionnels républicains.

À ces récits de Valmy, qui font l’objet de lectures, s’ajoutent d’autres types d’exercice qui permettent aux enfants de retenir les événements du 20 septembre 1792, comme les dictées. Afin de favoriser l’apprentissage par le divertissement, des outils pédagogiques utilisant l’image sont développés auprès des enfants et des adolescents, en témoigne le visionnage de tableaux au moyen de plaques de verre33. Enfin, il est également nécessaire de citer les bons points nationaux, qui sacralise l’obtention d’images plus ou moins patriotiques. Le bon point est un système de récompense scolaire ancien dont la distribution permet de féliciter le comportement ou le travail d’un élève. Plusieurs bons points, souvent sur de simples morceaux de cartons, permettent d’obtenir des images, dont certaines représentent des grands événements de l’histoire de France, comme Valmy.

Les apports de la fiction : les enfants à Valmy

Les romans scolaires, qui doivent plaire aux enfants tout en les instruisant, connaissent un succès fulgurant à la fin des années 187034. La commercialisation de ces livres édifiants est l’une des stratégies des élites pour contrôler la démocratisation de la lecture à la campagne et dans les foyers ouvriers35. Parmi les romans scolaires les plus connus, on peut s’étonner de l’absence de Valmy dans Le Tour de France par deux enfants (1877). La bataille est cependant évoquée dans une scène de La France en zigzag, écrit par Eudoxie Dupuis36. Son récit est un peu plus développé dans un livre dans lequel l’histoire de France est centrale, les Cent récits d’histoire de France de Gustave Ducoudray. Si Valmy est l’une des « plus belles victoires nationales », la bataille n’est pas l’objet de l’estampe la plus importante du soixante-neuvième récit, puisqu’elle est supplantée par Jemmapes qui dispose d’une pleine page. La vignette dédiée à Valmy est traditionnelle : elle montre des canons, des volontaires et un moulin. Toutefois, on peut souligner l’absence de Kellermann, alors que la figure de Dumouriez est exaltée pour Jemmapes. L’image correspond cette fois-ci au récit de Ducoudray, puisque Kellermann se contente à Valmy de maintenir en bon ordre les troupes, ces dernières criant spontanément, accueillant l’ennemi « par un formidable cri de “Vive la Nation !” et un feu terrible37 ».

Ce livre se rapproche des livres d’histoire, ce qui favorise la présence d’une illustration de Valmy. Cette bataille est présente dans la fiction, dans de nombreux romans populaires et/ou à destination de la jeunesse comme dans les livres d’Alexandre Dumas ou ceux d’Erckmann-Chatrian, mais les images de la canonnade sont rares, et seulement présentes dans des ouvrages moins connus. Prenons pour exemple La Cantinière de Georges Montorgueil (1898). Si ce roman n’est pas passé à la postérité, il s’agit d’un livre richement illustré par le dessinateur Jacques Onfroy de Bréville, dit Job, habitué des livres patriotiques pour enfants. La cantinière est en fait une personnification de la France qui suit les troupes. Pour Valmy, on la voit en train d’écrire sur un tambour militaire à l’ombre du moulin, après la canonnade38. Dans sa lettre, elle rend compte des succès des troupes françaises et appose symboliquement la date de l’an I de la République. Cette illustration est l’une des plus originales de Valmy, car non seulement elle ne montre pas l’affrontement mais elle s’inscrit aussi dans un cadre entièrement fictif, bucolique et exprimant une douceur inattendue.

La cantinière écrit une lettre au soir de Valmy (La Cantinière, 1898) - Job

Un autre exemple, plus connu, est celui de Jean Tapin (1898) écrit par le capitaine Danrit39. Ce roman initiatique est illustré par Paul de Sémant et décrit l’engagement en 1792 d’un jeune garçon à l’âge de douze ans, qui termine colonel au moment de la bataille de Waterloo. Son histoire doit inspirer les jeunes garçons et leur donner l’envie de l’engagement militaire, ou du moins leur faire accepter le service militaire. Les illustrations montrent soit des saynètes (Jean qui rencontre un hussard prussien, Jean qui mange dans la tente du colonel Bernadieu), soit des représentations de membres des armées afin de reconnaître un personnage historique ou un type d’uniforme. Seule une scène montre la butte de Valmy, à travers une action inhabituelle : on y voit le général Dumouriez arrivant au galop au pied de la colline, reconnaissable par son moulin. Il s’agit d’une des rares représentations où la place de Dumouriez supplante celle de Kellermann. Ce dernier suit uniquement les ordres du premier, qui est dépeint comme un génie militaire. On ne perçoit la bataille en cours que par la présence d’un cadavre au premier plan. L’auteur de l’histoire, le capitaine Danrit, explique l’importance de Valmy, malgré l’absence de combat à l’arme blanche :

Il n’y eut pas d'assaut, pas de mêlée, pas de charges de cavalerie ; il n’y eut ni retraite ni poursuite, attendu que les deux adversaires ne reculèrent ni l’un ni l’autre avant la fin de l’action.
Il n’y eut qu’une canonnade, mais une canonnade terrible, une canonnade comme on n’en avait jamais vu et comme on n’en devait revoir qu’aux grands jours du premier Empire, à la Moskowa, à Lutzen et à Leipzig.
Il y eut 20.000 coups de canon échangés, et les deux armées ne s’abordèrent point.
Mais ce qui fait de cette journée de Valmy une victoire pour l’armée française, c'est qu’elle resta inébranlable sous les boulets, inaccessible à la peur, et qu’elle en imposa, par sa fière contenance, à une armée qui se croyait sûre de vaincre.

Ce qui fit de Valmy une victoire à l’égal des plus belles, surtout par ses résultats, c’est qu’elle délivra la France de l’invasion ; c’est que Brunswick, après l’insolent manifeste par lequel il se déclarait prêt à châtier la nation française, n’osa pas attaquer Kellermann, et que, après cet aveu d’impuissance, il n’avait plus qu’à s’en aller, ce qu’il fit.

Retenez aussi cette date, mes enfants, parce que c’est d’elle que part l’époque d’indomptabilité (j’emploie à dessein ce mot d’un historien de l’époque) des armées françaises. À dater de ce jour, il n’y eut plus un soldat dans notre pays qui ne se crût invincible40.

Dumouriez à la bataille de Valmy (Jean Tapin : histoire d'une famille de soldats) - Paul de Sémant

Les romans scolaires connaissent une large diffusion, d’ailleurs favorisée par la remise de prix scolaires, qui permet aux familles peu argentées de recevoir des livres reliés, souvent précieusement conservés41. Jean Tapin connaît par exemple de multiples rééditions, jusqu’à sa treizième en 1929. Un roman comme celui du capitaine Danrit a un autre intérêt, celui de mettre en avant la figure du tambour. Les tambours sont des musiciens militaires qui transmettent les ordres au sein de l’armée en frappant sur un tambour, comme leur nom l’indique, et peuvent être très jeunes. Ces figures permettent aux romanciers, puis plus tard aux cinéastes42, d’introduire des enfants au sein même de l’armée. Il y a deux intrigues principales : soit Valmy sert de point de départ à une grande carrière militaire, comme dans le cas de Jean Tapin, soit le tambour se fait tuer au cours de la bataille, ce qui le transforme en martyr de la Révolution. La thématique du tambour est également à rapprocher de celle de la célébration des jeunes martyrs révolutionnaires, comme Joseph Bara.

Par ailleurs, les images envahissent l’espace public à la fin du XIXe siècle et l’enfant qui déambule est fasciné par les affiches colorées qui fleurissent dans les vitrines et sur les murs43. Parmi elles, on retrouve l’histoire de France, y compris pour promouvoir des produits. Si Valmy est loin d’avoir la même portée que Napoléon ou Jeanne d’Arc au sein de la publicité, cette bataille se retrouve sur divers emballages du quotidien, comme du savon, des biscuits ou des boissons apéritives. Des soldats de plomb ou des figurines à découper dans du carton permettent de rejouer la bataille. Les écoliers – un peu moins les écolières – et leurs parents sont les cibles de certaines campagnes de publicité, pour les fournitures scolaires par exemple. On trouve ainsi des cahiers et des protège-cahiers avec des illustrations de Valmy, ou bien des boites de plumes pour les stylos. Les images distribuées en échange de bons points peuvent de plus être des cartes-réclames pour des produits, comme ci-dessous une marque de chocolat. Les fournisseurs de chromos44 sont effectivement les mêmes, des imprimeurs vendant des images sur tout le territoire par le biais de représentants45.

Bataille de Valmy (Chromos Chocolat du Planteur, éd. Romanet)

L’ensemble de ces images se caractérise par son homogénéité, même dans le cas où Valmy est présenté de manière fantasmée, notamment lorsque la bataille se transforme en affrontement à la baïonnette. Le récit global est en effet le même, puisque Valmy est à chaque fois une victoire remportée glorieusement par les Français. Il existe pourtant des contre-récits de Valmy, les royalistes jugeant la victoire comme étant le simple fruit d’un complot. Il reste que les partisans de cette version n’ont pas produit d’image sur ce sujet. Cela n’est pas la simple conséquence de leur marginalité sous la IIIe République puisque cette vision de Valmy existe depuis 1792. Ce manque est plutôt représentatif du déni des contre-révolutionnaires qui, pendant longtemps, ont souhaité ignorer l’existence de la bataille de Valmy46. Une bataille qui ne s’est jamais déroulée ne peut être représentée.

Le moulin de Valmy (La Patrie. Victoires de nos aïeux de 1789 à 1797. N°3) - E. Letellier

Vive la nation ? L’obligation de se battre pour la patrie

Comme tout objet du roman national, la mise en scène de Valmy n’a rien de neutre. Il y a toutefois des éléments qui permettent essentiellement une reconnaissance rapide de la bataille parmi l’ensemble des victoires militaires françaises, en l’occurrence l’élément le plus commun pour Valmy est la présence d’une colline avec un moulin. L’importance du moulin est telle qu’elle brouille parfois la compréhension d’autres batailles ou instille le doute sur des références à Valmy au sein d’œuvres qui ne citent pas officiellement cet événement47. Les autres détails habituels de l’iconographie de Valmy peuvent contribuer à reconnaître la bataille, mais servent aussi une fin politique. On y retrouve le cri « Vive la nation ! », qui peut être représenté dans l’image comme étant émis par Kellermann, par ses troupes ou par les deux en même temps. On peut y rajouter la place prise par les volontaires dans les images et leur représentation : sont-ils les protagonistes ? Sont-ils habillés de guenilles et de sabots, pour souligner leur appartenance au peuple ? Un récit conservateur va favoriser la place de Kellermann, ou plus rarement de Dumouriez, comme chef de guerre, tandis que les récits plus démocrates et socialistes vont glorifier le peuple en armes, mal équipé mais hardi. Les volontaires sont aussi loués pour leur jeunesse, face à des troupes prussiennes qui seraient âgées : ils sont le signe d’un renouveau.

Dans l’ensemble de ces images et particulièrement lorsque les volontaires sont présents, Valmy n’est pas tant utilisé pour faire naître un sentiment national, déjà présent au sein de la population, que pour servir de catalyseur à celui-ci. Cette bataille est en soi une représentation de la nation qui se bat pour conserver ses droits et sa liberté. Les récits renforcent cette vision d’un peuple qui s’unit face à la tyrannie. Ce n’est ni la race, ni la langue qui importent, mais bien son envie de vivre ensemble, selon la vision de la nation promue par les historiens et philosophes français dans le contexte de la défaite de 187148. Car c’est bel et bien l’ombre de l’Alsace et de la Moselle que l’on distingue entre les lignes de ces images et récits. Alors que ces territoires ont été annexés par l’Empire allemand au prétexte de leur culture et leur langue germaniques, Valmy montre une nation incluant toutes les personnes qui souhaitent en faire partie, quels que soient leur âge, leur fortune ou leur origine49. Valmy s’inscrit pleinement dans le récit revanchard, d’autant plus que l’ennemi décrit en 1792 serait le même que celui de 1870-1871. C’est d’ailleurs pour cela que l’utilisation de Valmy par la IIIe République s’intensifie à l’approche de la Première Guerre mondiale, dans une période de crispation avec l’Empire allemand.

Si le discours officiel glorifie à travers Valmy une nation accueillante et émancipatrice, il implique aussi l’obligation de se battre au nom de la patrie. Faire connaître le récit de Valmy dès l’école primaire, par des lectures, des dictées, des descriptions d’image ou tout simplement par sa présence sur les murs des salles de classe prépare déjà le futur conscrit à servir sa patrie. Faire partie d’une nation, c’est aussi être l’héritier d’un patrimoine commun dont le passé est constitué d’efforts et de sacrifices réalisés par de glorieux ancêtres50. Il est nécessaire de s’en montrer digne, ce qui instaure une dette mémorielle envers les anciens. Celle-ci s’insère pleinement dans la notion de don et de contre-don de Marcel Mauss, les vivants devenant les débiteurs des morts51. Ainsi, les jeunes Français doivent se rappeler des volontaires morts pour défendre la France en 1792, comme pour de nombreuses autres batailles. Cette dette mémorielle légitime le service militaire, mais aussi l’enrôlement dans des guerres futures. L’historienne Suzanne Citron va plus loin : pour elle, les manuels scolaires diffusés entre 1870 et 1914 ont préparé l’Union sacrée52, notamment en enseignant que la bravoure et le sacrifice comme des valeurs essentielles du citoyen53. Si les garçons sont les premiers concernés, il est aussi possible que Valmy et les autres gloires militaires françaises préparent les jeunes filles à l’effort de guerre, avec l’exemple de la cantinière, mais aussi à l’absence voire au décès de leur futur mari à la guerre. L’image du tambour qui se sacrifie pour la patrie est signifiante : n’est-il pas mortifère pour une nation d’envoyer à la mort ses propres enfants ?

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Valmy est rapidement convoqué sur les affiches et les journaux, la bataille de la Marne de septembre 1914 étant même considérée pendant quelques mois comme un nouveau Valmy54. Signe des temps, le pacifiste Gustave Hervé devient l’un des patriotes des plus acharnés face aux Allemands, à l’image de la majeure partie de la population, qui ne voit pas d’alternative à l’engagement55. Très vite, les utilisations de Valmy deviennent plus rares, en raison de l’ampleur inégalée du conflit, qui ne permet plus aucune comparaison avec les 300 morts côté français du 20 septembre 1792. Il n’y a dès lors plus de raison d’avoir une dette envers les volontaires, ce qui rend caduque Valmy comme lieu de mémoire sur le long terme. Dès lors, l’iconographie de cette bataille à destination de la jeunesse reste figée. Malgré les conséquences de la Grande Guerre et la désaffection pour le souvenir de Valmy, sa représentation dans les manuels reste stable pendant de nombreuses années, d’autant plus que des manuels anciens, comme le « Lavisse », sont simplement mis à jour et réédités. Le lieu de mémoire est temporairement réactivé à la fin des années 1930 et au cours de la Seconde Guerre mondiale, la canonnade étant l’un des événements historiques employés par les communistes et la Résistance dans leur lutte contre les nazis. Dans les années 1960 encore, les affiches scolaires accrochées dans les salles de classe représentent Valmy d’une manière similaire à celle des années 1890, avant d’être progressivement détachées, comme des souvenirs devenus désuets.

Valmy (Tableaux d'histoire C. E. Collection Rossignol, n°53) - Hérouard

1 Élise Meyer, L’écho de Valmy : mémoires d’une bataille de la Révolution française, thèse de doctorat en histoire, sous la direction de Philippe Buton, Reims, Université Reims Champagne-Ardenne, 2022, p. 213-214.

2 L’expression « roman national » a été popularisée par Pierre Nora. Elle décrit un récit construit à l’échelle d’une nation dont le but est d’unir ses membres autour d’un même imaginaire historique, afin de favoriser leur sentiment d’appartenance à la communauté nationale. Bien qu’il en existe des déclinaisons variées, il désigne généralement le récit élaboré par les historiens du XIXe siècle d’une France glorieuse et éternelle, dont la destinée s’incarne dans des héros depuis Vercingétorix.

3 Élise Meyer, « Valmy, la victoire à contretemps », Annales historiques de la Révolution française, vol. 402, no 4, 2020, p. 67-71.

4 F. Ternisien d’Haudricourt, Fastes de la Nation française, ou tableaux pittoresques gravés par d’habiles artistes, accompagnés d’un texte explicatif, Paris, Gillé fils, 1804.

5 François-Emmanuel Toulongeon, Histoire de France depuis 1789, écrite d’après les mémoires et manuscrits contemporains rassemblés dans les dépôts civils et militaires, Paris/Strasbourg, Treuttel/Würtz, 1801, p. 330‑331.

6 Valérie Bajou (dir.), Horace Vernet, Paris, Éditions Faton/Château de Versailles, 2023, p. 99.

7 Jean Vatout, Notices historiques sur les tableaux de la galerie de S.A.R. Mgr. le duc d’Orléans. Tome 4, Paris, s. n., 1826, p. 572.

8 Les tableaux ont été emportés en Angleterre à la suite de la fuite de Louis-Philippe en 1848, ce qui a permis leur sauvegarde. Valérie Bajou, « Horace et monsieur de Valmy », dans Valérie Bajou (dir.), Louis-Philippe et Versailles, Paris, Musée national du Château de Versailles et de Trianon/Somogy éditions d’art, 2018, p. 56.

9 Il s’agit du premier titre de Louis-Philippe, son père étant le duc d’Orléans jusqu’à ce que celui-ci prenne le nom de Philippe égalité en 1792.

10 Valérie Bajou (dir.), Horace Vernet, op. cit., p. 101.

11 Élise Meyer, L’écho de Valmy, op. cit., p. 199.

12 Chantal Georgel, L’enfant et l’image au XIXe siècle, Paris, Éditions de la réunion des musées nationaux, 1988, p. 23.

13 Avec par exemple l’obligation de posséder un manuel pour les élèves des cours moyen et supérieur à partir de 1890, cf. Patrick Garcia et Jean Leduc, L’enseignement de l’Histoire en France. De l’Ancien Régime à nos jours, Paris, Armand Colin, 2003, p. 112.

14 Jean-Paul Rothiot, « La Révolution française vue par les images d’Épinal : entre patriotisme et propagande républicaine », dans Christian Amalvi (dir.), Images militantes, images de propagande, Paris, Éd. du CTHS, 2010, p. 61.

15 Patrick Garcia et Jean Leduc, op. cit., p. 112.

16 Ibid., p. 122.

17 Pierre Nora, « Lavisse, instituteur national. Le “Petit Lavisse”, évangile de la République », Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire. 1. La République, Paris, Gallimard, 1984, p. 267.

18 Ernest Lavisse, Histoire de France : cours élémentaire, Paris, Armand Colin, 1913, p. 140‑142.

19 Pierre Nora, op. cit., p. 266.

20 Christian Amalvi, Les Héros de l’Histoire de France. Recherche iconographique sur le panthéon scolaire de la troisième République, Paris, éditions Phot’oeil, 1979, p. 29.

21 Pierre Nora, op. cit., p. 271.

22 J. Guiot et Fr. Mane, Histoire de France depuis les origines jusqu’à nos jours, Paris, Paul Delaplane, [s. d.], p. 125.

23 Désiré Blanchet, Histoire sommaire de la France, depuis 1610 jusqu'en 1871 : leçons, récits, lectures, exercices oraux et écrits, 38e éd., Paris, Belin frères, 1914, p. 67.

24 Alphonse Aulard et Antonin Debidour, Notions d’histoire générale et histoire de France depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, Paris, Édouard Cornély, p. 251.

25 Christian Amalvi, « Images populaires du passé national dans la littérature historique confessionnelle : 1814-1940 », dans Michèle Verdelhan-Bourgade, Béatrice Bakhouche, Pierre Boutan, Richard Étienne (dir.), Les Manuels scolaires, miroirs de la nation ?, Paris, L’Harmattan, 2017, p. 165.

26 Exemple : Mme Mosson, Catéchisme de l’histoire de France, Paris, Imprimerie P.-A. Bourdier, Capiomont & Cie, 1869.

27 Exemple : Abbé Courval, Histoire de France à l'usage de la jeunesse. Tome II, 10e éd., Paris, Ch. Poussielgue, 1877.

28 Exemple : Charles-Désiré Marie, Histoire de France, nlle éd. revue et augmentée, Paris, Maison Gédalge jeune, 1874, p. 203.

29 Bibliothèque Diderot de Lyon, Base de données Emmanuelle.

30 Jean-Numa Ducange, Quand la gauche pensait la nation : nationalités et socialismes à la Belle Époque, Paris, Fayard, 2021, p. 228.

31 Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 2e éd., Paris, Marcel Rivière & Cie, 1910, p. 114.

32 Gustave Hervé, Histoire de France pour les grands, nlle éd. revue et corrigée, Paris, Éditions populaires de La Guerre Sociale, 1910, p. 285.

33 On connaît notamment des reproductions du tableau de Horace Vernert. Exemple : « La Convention. Histoire militaire. Bataille de Valmy. », 1903, positif sur verre, Musée national de l’Éducation.

34 Jean-Noël Mouret, Histoire du livre de jeunesse d’hier à aujourd’hui, en France et dans le monde, Paris, Gallimard, 1993, p. 56.

35 Martyn Lyons, Readers and Society in Nineteenth-Century France. Workers, Women, Peasants, Houndsmill, Palgrave, 2001, p. 156.

36 Eudoxie Dupuis, La France en zigzag : livre de lecture courante à l’usage de toutes les écoles, 3e éd., Paris, Librairie Ch. Delagrave, 1882, p. 132.

37 Gustave Ducoudray, Cent récits d’histoire de France, Paris, Hachette, 1902, [p. LXIX].

38 Georges Montorgueil, Job (ill.), La Cantinière. France : son histoire, Paris, Charavay, Mantou, Martin, 1898, [p. 32].

39Pseudonyme et anagramme d’Émile Driant, officier et homme politique nationaliste proche de Maurice Barrès et de Paul Déroulède. Il a produit une importante œuvre romanesque centrée sur la guerre et le service à la patrie, empreinte de xénophobie et très populaire à la Belle époque.

40 Émile-Cyprien Driant, Paul de Sémant (ill.), Jean Tapin : histoire d'une famille de soldats, 1re période 1792-1830, 3e éd., Paris, Ch. Delagrave, 1901, p. 95-96.

41 Anne-Marie Thiesse, Le Roman du quotidien. Lecteurs et lectures populaires à la Belle Époque, Paris, Le Chemin vert, 1984, p. 25.

42 Il a existé plusieurs films sur cette thématique, même s’ils ont aujourd’hui disparu, comme le Petit Tambour de 92 de Louis Feuillade (1909) ou Les Trois Tambours de Maurice de Canonge (1939).

43 Chantal Georgel, op. cit., p. 8.

44 Les chromos sont des images qui sont désignées par le nom de la technique utilisée pour les produire, la chromolithographie, qui permet un recours aux couleurs avec un procédé de reproduction en série efficace et à moindre coût.

45 Isabeau de Rouffignac et Aude de Rouffignac, Les Chromos : album d’une collection, Paris, Éditions de La Martinière, 2016, p. 20.

46 Élise Meyer, L’écho de Valmy, op. cit., p. 101-103.

47 Ce doute est par exemple présent dans le dessin Ils grognaient, et le suivaient toujours (1836) d’Auguste Raffet.

48 L’un des textes les plus connus est celui d’Ernest Renan, Qu’est-ce qu’une nation ?, paru en 1882.

49 Au sein de l’armée révolutionnaire, il y a des légions belge, liégeoise, allobroge, vandale, batave et germanique, les Belges ayant particulièrement soutenu Kellermann à Valmy. Cf. Annie Crépin, Défendre la France : Les Français, la guerre et le service militaire, de la guerre de Sept Ans à Verdun, Rennes, PUR, 2015, p. 226. On peut aussi souligner la présence de personnalités étrangères, comme le général vénézuélien Francisco de Miranda ou un ami polonais de Dumouriez, Joseph de Miaczinski.

50 Anne-Marie Thiesse, La Création des identités nationales. Europe XVIIIe-XXe siècle, Paris, Éditions du Seuil, 2001, p. 12.

51 Sébastien Ledoux, La Nation en récit : des années 1970 à nos jours, Paris, Belin, 2021, p. 26.

52 Suzanne Citron, Le Mythe national : l’histoire de France revisitée, Paris, Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2008, p. 43.

53 Ibid., p. 77.

54 Rémi Dalisson, « Champs de batailles et mémoire de guerre. L’exemplarité de la célébration de la victoire de la Marne de 1916 à 1939 », Revue du Nord, vol. 82, no 337, octobre-décembre 2000, p. 764.

55 François Cochet, La Grande guerre : fin d’un monde, début d’un siècle, Paris, Perrin, 2018, p. 61‑62.

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