L’exposition universelle de 1900 invite ses 50,8 millions de visiteurs à effectuer « le bilan d’un siècle » à Paris. Accolée au cinéorama, un procédé de projection cinématographique sur écran circulaire installé parmi d’autres prouesses techniques, une maison à colombages alsacienne propose de la restauration. Il s’agit d’une reproduction de la Maison Kammerzell, un célèbre édifice strasbourgeois témoignant des spécificités de l’architecture de la Renaissance rhénane.
L’affiche réalisée par Henri Loux, assure la promotion de cette initiative de l’Alsacien Léon Boll, dont la personnalité et les engagements renseignent sur le message et la portée réelle de l’illustration : car si Léon Boll est lié à la viticulture en tant que propriétaire de vignes à Eguisheim, dans le département du Haut-Rhin, et cherche donc à investir dans la promotion des produits gastronomiques et viticoles alsaciens, il est aussi un journaliste francophile bataillant contre la germanisation de l’Alsace depuis le Traité de Francfort en 1871.
Ainsi, lorsque son ami Henri Loux, issu lui aussi d’une famille francophile hostile à la domination allemande, dessine un nid de cigognes sur le toit de cette reproduction parisienne de la célèbre maison strasbourgeoise, il ne cherche pas à sacrifier à une image folklorique ou à une figure imposée par les imaginaires touristiques que l’on soupçonnerait aujourd’hui. Au contraire, l’association de cette cigogne alsacienne à un ciel parisien, loin du pavillon de l’exposition dédié à l’Allemagne, relève d’un narratif en construction depuis l’annexion de l’Alsace et de la Moselle par le Traité de Francfort, s’appuyant sur des archétypes paysagers caractérisés par la présence de cigognes blanches1 qui attesteraient du caractère français et francophile des provinces perdues. Au-delà des arbitrages politiques imposés par le tracé des nouvelles frontières2, romanciers et illustrateurs francophiles contestent en effet la légitimité de la souveraineté allemande sur l’Alsace : et de la signature du Traité de Francfort en 1871 jusqu’au retour de la souveraineté française à la fin de la Première guerre mondiale, ils mobilisent la cigogne afin de naturaliser l’appartenance de l’Alsace à la France.
Nous proposons donc d’étudier l’intégration de la perte, de la mémoire puis de l’espoir du retour de l’Alsace au sein de la nation française dans le roman national, non pas à travers des personnages héroïsés ou de grands ancêtres glorieux, mais à travers la construction d’une figure paysagère de la nation3, consistant selon François Walter en l’inscription dans le paysage de valeurs patrimoniales et nationales, attestant de l’appartenance d’une communauté et de son territoire à une nation.
Comprendre la construction de cette figure paysagère d’une Alsace francophile dont le refus de la domination allemande repose sur la présence des cigognes demande de s’interroger sur l’héritage symbolique véhiculé par l’échassier jusqu’au traité de Francfort. Il sera alors possible d’étudier la construction des archétypes paysagers nourrissant le roman national à travers la littérature qualifiée de roman français d’Alsace et de ses illustrations, avant de poser la question de leur opérationnalité dans la justification du projet colonial en Algérie, terre d’élection de colons alsaciens, mais aussi de la cigogne blanche.
La Cigogne mobilisée dans le culte des provinces perdues
L’histoire des valeurs et des représentations très positives que les sociétés humaines ont attribuées aux cigognes blanches partageant leur espace est aujourd’hui bien connue. Symboles de la piété filiale et de la fidélité conjugale pour les anciens Grecs, elles sont aussi perçues comme prestataires appréciées de services écologiques au Moyen Âge et pendant la Renaissance, car prédatrices des serpents, crapauds et autres nuisibles4.
En tant qu’oiseau migrateur revenant à chaque printemps, la cigogne devient également un symbole de fertilité, idée à l’origine de la légende de l’oiseau apportant les bébés au monde5. Mais, en temps de crise, elle devient surtout un symbole de la paix retrouvée : la cigogne revient en effet nicher lorsque les combats sont terminés, et que les champs sont à nouveau cultivés, faisant ressortir de terre les proies dont elle fait sa nourriture. Cette représentation de la cigogne en tant que symbole de la paix retrouvée est attestée dans l’espace rhénan au XVIIIe siècle par le poète suisse Johann Peter Hebel, qui écrit après le passage des armées révolutionnaires6 :
De hesch so rothi Strümpfli a.
Isch öbbe Bluet vom Schlachtfeld dra?
Wo esch die schwarze Fegge g’no?
Bisch öbbe z’nooch an d’Flamme cho?
[…]
He jo, ‘s mag wieder ziemli goh,
Und’s Feldpiket isch nümme do;
Wo Lager gsi sin Zelt an Zelt,
Goth jetzt der Pflug im Ackerfeld7
La présence de la cigogne blanche est donc perçue comme de bon augure par la plupart des sociétés humaines cohabitant avec l’oiseau dans ses zones de répartition, qu’il s’agisse de ses espaces de nidification ou de ceux qu’il survole lors de ses migrations, en Europe ou ailleurs8. La pratique consistant à favoriser la nidification d’un couple de cigognes sur le toit de son habitation en y fixant horizontalement une roue de chariot offrant le support adéquat, si elle est attestée en Alsace au moins dès le XIXe siècle9, n’y est de loin pas une exception : on la retrouve ainsi dans la Suède du Nils Holgersson qu’invente Selma Lagerlöf10.
Une spécificité alsacienne dans les représentations et la perception de la cohabitation avec les cigognes blanches nait à partir du traité de Francfort. Une partie des Alsaciens refusant la souveraineté allemande, les « optants », s’exilent à Paris et entretiennent le souvenir de l’Alsace française dans un culte des provinces perdues s’intégrant au roman national11. Sous la plume des artistes recyclant le symbole de fidélité et de piété filiale, les cigognes, que les migrations saisonnières conduisent à survoler le territoire français chaque année, deviennent alors un symbole d’une Alsace francophile attendant son retour dans le giron français12. Une littérature spécifique se développe sous l’étiquette de roman français sur l’Alsace, caractérisée par le choix du Français comme langue, mais surtout par le choix politique de la fidélité à la France13.
Le Roman français sur l’Alsace et l’artialisation des paysages : créer une figure paysagère de la nation
Outils théoriques
Une comparaison entre ce roman français sur l’Alsace et le mouvement littéraire régionaliste étudié par Anne-Marie Thiesse14 indique des convergences, mais aussi des particularités15, comme celle de chercher à caractériser les Alsaciens comme membres de la nation française, et l’Alsace comme une partie du territoire français, malgré le traité de Francfort. Les procédés utilisés à ces fins sont ceux pratiqués lors de la construction des identités nationales16 : on invente aux Alsaciens des ancêtres, une langue – le dialecte alémanique se voit ainsi attribuer des origines celtiques, et non germaniques – des héros – le général Kléber – conformes au roman national français, non pas pour créer une hypothétique nation alsacienne, mais bien pour inscrire l’histoire des Alsaciens et de l’Alsace dans le roman national français. Et puisque, depuis 1871, le droit refuse ce récit, le roman français sur l’Alsace convoque la nature afin de l’attester : il s’agit donc de créer une figure paysagère apte à inscrire dans le territoire l’appartenance identitaire à la nation17.
Statuer sur les rôles, les fonctions et l’opérationnalité du roman français sur l’Alsace et de ses illustrations dans l’inscription du caractère définitivement francophile et français de l’Alsace dans le roman national implique de revenir sur les débats épistémologiques concernant l’objet « paysage », notamment sur les outils produits par l’équipe pédagogique de la formation doctorale « Jardins, paysages, territoires » associant l’Ecole d’architecture de Paris-La Villette à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales18. Selon Augustin Berque :
Le paysage ne se réduit pas aux données visuelles du monde qui nous entoure. Il est toujours spécifié de quelque manière par la subjectivité de l’observateur ; subjectivité qui est davantage qu’un simple point de vue optique. Inversement, le paysage n’est pas que « miroir de l’âme ». Il se rapporte à des objets concrets, lesquels existent réellement autour de nous. […] Autrement dit, le paysage ne réside ni seulement dans l’objet, ni seulement dans le sujet, mais dans l’interaction complexe de ces deux termes19.
La description du phénomène d’artialisation par Alain Roger est l’une des tentatives permettant de proposer une synthèse entre caractères objectifs et subjectifs du paysage . Ainsi, le pays ne deviendrait paysage que par l’opération du regard, modelé par l’art :
Notre regard, même quand nous le croyons pauvre, est riche, et comme saturé d’une profusion de modèles, latents, invétérés, et donc insoupçonnés : picturaux, littéraires, cinématographiques (…) qui œuvrent en silence pour, à chaque instant, modeler notre expérience, perceptive ou non20.
Au-delà de ce phénomène d’artialisation, Augustin Berque, dans sa proposition d’une mésologie21 rénovée, explique qu’à partir d’un donné environnemental objectif (l’Umgebung de Jakob von Uexküll), les individus et les groupes sont appelés à construire un monde spécifique, ou milieu humain (sur le modèle de l’Umwelt de Uexküll), à travers l’humanisation de l’environnement par le symbole et son anthropisation par la technique. En retour, les individus subiraient un feedback22 autorisant à dire qu’en construisant son milieu, l’individu se construit lui-même. En d’autres termes, le paysage est à la fois empreinte et matrice. Ce double mouvement est appelé la médiance, ou moment structurel de l’existence humaine23.
Études de cas
En 1884 paraît Les Cigognes. Légende rhénane, rêvée et dessinée par Gustave Jundt, racontée aux tout petits par Alphonse Daudet24 [Fig. 2], dont la couverture propose l’image fantasmée d’un Strasbourg reconnaissable à la silhouette de la cathédrale, dont tous les toits sont ornés d’un nid de cigognes. Cette représentation exagère très largement les réalités biogéographiques de l’époque : on sait, grâce aux travaux de l’ornithologue Alfred Schierer, que la ville ne compte qu’environ une cinquantaine de nids en 1870, puis que ce nombre diminue jusqu’à une disparition constatée en 192825. Mais qu’importe, pour le lectorat français, la représentation peut commencer à s’ancrer.
Les histoires racontées dans cette œuvre mettent en scène des personnages archétypaux caricaturant les Allemands, aux prises avec des Alsaciens francophiles. Et qu’il s’agisse d’un étudiant querelleur, d’un garde forestier ou d’un militaire, la fin est toujours la même : une cigogne s’empare de l’Allemand et le transporte sur la rive Est du Rhin, promu au rang d’indiscutable frontière naturelle bafouée par une situation politique injuste.
Sur cette illustration [Fig. 3], c’est un major caricaturant le militarisme prussien qui est expulsé par la cigogne. Dans le texte, qui s’adresse notamment aux enfants, l’aspect le plus inquiétant de ce personnage est sa volonté d’incorporer les jeunes alsaciens dans l’armée allemande :
C’est une terrible affaire qui arrive au père Jacob. L’illustre major baron de Falkenhorst, un des gros bonnets de l’armée d’occupation, ne s’est-il pas mis en tête de lui prendre l’aîné de ses fils comme élève-tambour au 901e Poméranien26 !
Pour le père Jacob, qui veut protéger ses enfants du militarisme allemand, la solution consiste à demander à une cigogne blanche de transporter ce major de l’autre côté du Rhin :
« Tiens-toi bien, mon petit Frantz, ne pleure donc pas, Gaspard ! Tu ne partiras pas, je te dis. C’est lui, c’est ce méchant major à qui on va faire repasser le Rhin ! ». Et tout à coup, le bras levé vers une jolie tâche blanche qui grandit dans le noir du ciel : « La voilà, garçons, la voilà ! Ô bonne mère cigogne, venez vite27 ! ».
L’auteur mobilise donc deux éléments du paysage alsacien illustré en figure 3, la cigogne et les rives du Rhin, afin de leur donner un sens politique. L’oiseau serait capable de reconnaitre un Allemand d’un Alsacien qui, selon les auteurs, ne pourrait qu’être un patriote francophile : il s’agit donc bien d’une tentative de naturaliser l’appartenance de l’Alsace et de ses habitants à la France, tout en créant une représentation visuelle de ce que le lecteur est appelé à considérer comme la seule et unique frontière valable, celle du Rhin, appelant l’évocation d’une inévitable revanche. Ce que le droit refuse, la nature l’attesterait.
Enfin, la représentation de l’Allemagne, sur la rive Est du Rhin, se résume à une grande forêt parsemée de ruines romantiques, conformément aux archétypes paysagers construits par le nationalisme allemand :
Au XIXe siècle, en Allemagne, de telles analogies sont systématiquement tissées entre la forêt et les valeurs patriotiques. Du romantisme de Johann Gottlieb Fichte au ruralisme de Riehl, véritable idéologue de la forêt allemande, la forêt prolifère28.
Or, la cigogne blanche n’est pas un oiseau associé à des paysages de forêt, mais à des espaces défrichés et mis en culture : en dehors des marais et des zones humides, elle choisit volontiers de s’installer à proximité des cultures humides, le passage de la charrue lui garantissant une moisson providentielle de rongeurs divers dont elle fait son menu. Le choix de la cigogne blanche par l’iconographie construisant la figure paysagère d’une Alsace francophile et forcément française peut donc être interprété comme une tentative de la dissocier définitivement des archétypes paysagers allemands fondés sur la forêt, pour la rapprocher d’une conception plus française de la nature maîtrisée et aménagée29.
Quelques années plus tard, en 1907, le livre Au pays des cigognes poursuit l’œuvre de développement et d’inscription de la figure paysagère de l’Alsace dans le roman national français30. Cette œuvre est caractéristique du roman français sur l’Alsace par son titre, par l’origine alsacienne de l’auteure Jeanne Regamey, née Heilmann, de Colmar, mais surtout par son message, explicite : deux enfants parisiens voyagent en Alsace, et y découvrent une population débordant d’un patriotisme francophile inébranlable, à la barbe d’une population d’occupants allemands moralement et culturellement inférieurs.
On retrouve sans surprise, à la page 29 [Fig. 4], une représentation d’une ville alsacienne, Colmar, caractérisée par une forte densité de nids de cigognes sur ses toits, à la manière de la représentation de Strasbourg par Alphonse Daudet et Gustave Jundt. Ce paysage, fait de maisons à colombages aux toits pentus et de cigognes, est donc devenu archétypal. On retrouve également, dans l’illustration de la page 47 [Fig. 5], une association des cigognes avec un de leurs biotopes favoris, le pré humide, rappelant la dissociation d’avec les paysages forestiers archétypaux du nationalisme allemand.
Une nouveauté réside néanmoins dans la volonté qu’affiche le texte de donner un caractère d’exceptionnalité à la cohabitation alsacienne entre humains et cigognes :
Il est à remarquer, du reste, que les cigognes se fixent en Alsace seulement. Elles n’habitent point la France et on en trouve à peine en Allemagne, sur les bords du Rhin. Pourquoi cette préférence pour notre pays ? Personne n’a jamais pu l’expliquer31.
Encore une fois, dans cette construction des représentations paysagères de l’Alsace à destination du public français, les réalités biogéographiques sont niées au profit d’un récit voulant naturaliser l’appartenance de l’Alsace et des Alsaciens à la France. S’il est vrai que les cigognes, au début du XXe siècle, nichent très rarement sur le territoire français hors d’Alsace et des colonies d’Afrique du Nord, leur présence en Allemagne à la même époque est pléthorique32. Les illustrations doivent donc ancrer l’image d’un paysage Alsacien exceptionnel, différencié du territoire allemand par une forte densité de cigognes blanches que l’on prétend inexistante en Allemagne. Se précise alors l’idée d’une frontière naturelle, sur une base biologique et biogéographique, rattachant l’Alsace à la France malgré les réalités politiques imposées par le traité de Francfort : Le « pourquoi cette préférence pour notre pays ? Personne n’a jamais pu l’expliquer » trouve ici une réponse contribuant à l’écriture du roman national français.
C’est enfin l’illustrateur Hansi qui confirme la cigogne en tant que symbole de l’Alsace francophile. Ici, le texte vient expliciter le caractère politique qu’il souhaite associer à la réunion de villageois autour du retour de migration de la cigogne :
La grande joie des enfants de mon village, c’est l’arrivée des cigognes. […] Tout comme les aéroplanes qui viennent de France, elle plane longtemps au-dessus du village ; elle se pose quelques instants sur le nid de la maison d’école, puis elle disparait. Elle est partie rendre compte au peuple des cigognes que son joli village est toujours à la même place, que le nid est bien entretenu, et que les enfants d’Alsace, tout tristes de ce long hiver, attendent avec impatience les messagères du printemps. […] On dirait qu’elle se demande, en regardant ces enfants tout joyeux, si quelque jour elle ne verra pas les grands Alsaciens, aussi contents que les petits, saluer le retour des belles journées33.
Le lecteur français de la veille de la Première Guerre mondiale comprend qu’ici, le « long hiver » correspond à la souveraineté allemande, qui devra bien s’arrêter avec le retour des « belles journées » sous souveraineté française. Le paysage archétypal proposé par Hansi ancre la correspondance entre la présence des cigognes et ce qu’il considère être l’essence indiscutablement française de l’Alsace et de ses habitants légitimes.
Une place spécifique dans le roman national français ?
Les textes et illustrations du roman français sur l’Alsace produisent donc les modèles forgeant le regard et faisant exister cet espace, à l’attention du lectorat français, d’une façon à la fois esthétiquement et politiquement spécifique. Le phénomène d’artialisation crée une figure paysagère précise, à base de maisons à colombages et de nids de cigognes attestant une exceptionnalité de l’Alsace. Cette exceptionnalité, visible dans les représentations artistiques mais pas dans la réalité environnementale objective, se traduit, dans le roman national français, comme la preuve d’une appartenance à la France : la présence de la cigogne, symbole de fidélité, ne témoigne-t-elle pas de l’espoir de retrouver le giron français, ce que la nature elle-même appellerait de ses vœux ?
De même, l’artialisation du paysage crée la représentation du Rhin comme frontière naturelle, séparant les paysages d’une Alsace plus proche du jardin et de la nature maîtrisée et cultivée de ceux d’une Allemagne résumée à des paysages de forêt synonymes d’une nature sauvage, évacuant au passage la question des paysages de l’industrie et de l’urbanisation.
Dans l’optique de la mésologie d’Augustin Berque, ces apports du roman français sur l’Alsace nourrissent même une existence spécifique de l’Alsace et de ses habitants pour les individus adhérent au roman national français. À partir d’un environnement objectif qui serait le même pour tous, Allemands comme Français, la littérature et ses illustrations créent un monde, un milieu humain spécifique, en humanisant cet environnement par le symbole : cigogne francophile désignant le Rhin comme frontière naturelle, par exemple. Toujours selon la théorie de la médiance de Berque, les individus ou le groupe (dans le cas présent, tous les individus se reconnaissant dans le roman national français) qui créent ce milieu humain commun, différent de celui des Allemands, subiraient un feedback en retour, sous forme de sentiment d’appartenance, d’identité.
Le roman français sur l’Alsace et ses illustrations auraient donc un rôle relevant de la phénoménologie, faisant exister différemment un même espace pour différents groupes humains : l’adhésion à un de ces modes d’existence, celui que l’on pourrait réduire au récit du roman national français, plutôt qu’à un autre, ne détermine rien de moins que l’identité du sujet, en vertu de cette théorie de la médiance expliquant qu’en créant son milieu, l’individu se crée lui-même34.
Opérationnalité de la figure paysagère de l’Alsace dans le roman national français
La figure paysagère ainsi créée sert donc à intégrer dans le roman national français la mémoire d’une Alsace francophile, et l’espoir de son retour dans le giron français. Mais l’adhésion à ce récit et aux valeurs associées à cet archétype paysager s’exprime également à travers différentes formes de mobilisation, concernant des domaines aussi divers que le développement du tourisme, la guerre, ou le projet colonial, poursuivant l’écriture du roman national français par le recyclage d’images qu’il a lui-même généré.
Artialisation du paysage alsacien et imaginaires touristiques
Avant même la fin de la Première Guerre mondiale et le retour de la souveraineté française sur l’Alsace, des projets touristiques concernant la région sont mis à l’étude par des organismes français. On y perçoit la vigueur des imaginaires et des représentations générées par le roman français sur l’Alsace, notamment à travers le phénomène d’artialisation. En juin 1916, une toute nouvelle revue touristique, associée au Touring de Club de France, s’efforce de dépeindre le potentiel touristique de l’Alsace, en mobilisant la présence des nids de cigognes :
Leurs villages sont ceux, précisément, dont les maisons offrent l’architecture rustique la plus originale grâce à leurs grands porches à faîte entuilé, grâce à leurs colombages apparents – les célèbres « pans de bois » – leurs pignons aigus coiffés d’un nid de cigogne […]35.
Néanmoins, l’auteur du reportage semble s’étonner du faible nombre d’enseignes représentant l’échassier :
Chose bizarre, la cigogne elle-même, la cigogne légendaire du pays… des cigognes, n’a que quelques rares représentants dans la faune en fer forgé des enseignes alsaciennes. Les cigognes sont sur les toits : il y en a peu au-dessus des portes36.
On observe ici la parfaite métabolisation de l’archétype paysager reposant sur les cigognes. L’auteur perçoit les cigognes sur les toits comme une figure imposée du paysage, qui confirme ses représentations. Il est en revanche étonné du faible empressement des Alsaciens à se conformer à ce stéréotype en faisant des choix autres que celui de la cigogne sur leurs enseignes : l’archétype paysager existe donc dans l’œil du touriste français, mais pas encore dans celui de l’Alsacien résidant en Alsace, à l’écart de la littérature patriotique francophile chère aux optants et à leurs descendants.
Une cigogne de bon augure : mobilisation des archétypes paysagers dans la Première Guerre mondiale
La cigogne promue au rang de symbole d’une Alsace francophile depuis 1871 est largement utilisée dans la mobilisation des combattants et des civils pendant la Première Guerre mondiale. L’escadrille aéronautique SPA3, basée à Verdun, puis en Picardie, prend le nom « d’escadrille des cigognes » en adoptant l’échassier sur son insigne, à l’initiative du capitaine Brocard, en hommage à l’Alsace francophile dont la libération est appréhendée comme un but de guerre :
Dans « La Grande bataille dans les airs », Marcel Jullian nous apprend que ces peintures guerrières avaient fait l’objet d’un véritable concours où l’on avait sollicité tous les carnassiers et tous les rapaces de l’héraldique. C’est Brocard lui-même qui avait fini par imposer l’insigne : « Messieurs, quel est le but de cette guerre ? Reconquérir l’Alsace ! Alors, la cigogne est toute indiquée37 ».
La presse française participe elle aussi à ce mouvement. La présence de la cigogne, désormais associée à la figure paysagère d’une Alsace francophile luttant contre la souveraineté allemande, est utilisée comme un présage de la victoire afin de soutenir le moral des civils. Témoigner de la présence d’une cigogne sur le territoire français, fait pourtant courant pendant la période de la migration, revient donc à opérer une forme de translation du paysage rapprochant le moment où les Alsaciens redeviendront français. Ici, dans l’Indépendant des Basses Pyrénées, qui titre « les cigognes d’Alsace chez nous. Ce sont des messagères de bonnes nouvelles » à l’arrivée des cigognes à Pau :
Les Palois ont eu l’amusement de voir les premières voler dimanche dans la matinée au-dessus des clochers de Saint Jacques et de la tour de la Halle. […] Ces grands oiseaux utiles nous apportent d’Alsace la nouvelle du succès de nos armes. Il semble qu’elles nous transmettent les espoirs et la confiance de nos frères asservis, bientôt délivrés38.
La présence des migratrices permet de galvaniser le moral des civils en convoquant l’image d’une Alsace bientôt libérée. Mais on remarque aussi que l’auteur pense pouvoir jouer de cette récente adjonction de la cigogne d’Alsace au roman national français afin d’inciter les paysans pyrénéens au respect et à la cohabitation pacifique avec l’oiseau, potentiellement victime de la chasse :
Nous sommes persuadés que les paysans béarnais intelligents et patriotes ne les chasseront pas, et les accueilleront au contraire comme des auxiliaires précieux, les protègeront comme elles l’ont toujours été dans les pays qu’elles habitent en temps de paix. […] Elles sont nos hôtes annonciateurs des victoires espérées, jusqu’au jour où le sol des provinces annexées, débarrassé de ses derniers tyrans, les accueillera de nouveau39.
Ne pas tirer sur une cigogne devient donc, pour un chasseur pyrénéen, œuvre de patriotisme, en vertu de l’intégration du motif paysager de la cigogne francophile à l’imaginaire national à travers les illustrations du roman français sur l’Alsace.
L’archétype paysager alsacien au secours du projet colonial
Enfin, la figure paysagère de l’Alsace francophile et de ses cigognes est mobilisée dans le projet colonial français en Algérie, à partir du traité de Francfort et jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale. En effet, des cigognes nichent en Algérie, comme en Alsace. Différents titres de presse s’adressant aux colons français d’Algérie se plaisent à imaginer que, lors des migrations, les cigognes observables en Algérie sont certainement originaires d’Alsace :
Elles sont venues avec les beaux jours, les cigognes blanches aux ailes demi-noires […] Les claquements sonores de leur bec acéré, dur ainsi que l’acier, chantent sans doute le regret des régions récemment abandonnées […]
Cigognes blanches aux ailes demi-noires, vous irez sur les toits de France, d’Alsace et de Lorraine tresser ou retrouver vos nids […] Rappelez-vous et dites à nos frères de France que nos souvenirs vont vers eux, que notre cœur les appelle et que nous les attendons pour hérisser nos espaces incultes d’innombrables cheminées sur lesquelles vous pourrez en paix multiplier les nids pour vos couvées futures40.
L’association, dans la figure paysagère, des cigognes à la légitimité de la France en Alsace est donc mobilisée afin de légitimer la présence de colons alsaciens, et donc français, en Algérie.
En effet, des Alsaciens et des Mosellans ont participé à la colonisation française de l’Algérie. Après le traité de Francfort, il s’agit pour eux de s’installer en Algérie afin de pouvoir rester français : cette vague de colonisation a été grandement mythifiée afin de faire percevoir l’Algérie comme une forme de compensation à la perte de l’Alsace et de la Moselle41. Alfred Wahl précise que la loi du 15 septembre 1871, prescrivant les modalités d’installation des nouveaux colons alsaciens et lorrains en Algérie, appelle à « l’édification d’un paysage, d’un univers mental strictement semblable à ceux de l’Alsace-Lorraine42 » : les cigognes d’Algérie, que l’on s’empresse de déclarer être les mêmes qu’en Alsace, sont en effet utilisées, d’une part pour créer des paysages identiques aux archétypes alsaciens créés par le roman français sur l’Alsace, dans un mouvement d’artialisation in situ, et d’autre part pour légitimer la présence des Alsaciens (et donc de la France) en Algérie, en recyclant le récit du roman français sur l’Alsace qui légitimait la France contre l’Allemagne grâce à une interprétation spécifique du paysage. C’est par exemple le cas à Haussonvillers, localité peuplée de colons originaires d’Alsace : « Les colons réparent les nids avant le retour des cigognes. La présence des cigognes sur les toits de Haussonvillers-Camp du Maréchal renforcent le caractère « alsacien » de ces villages43. »
Cette artialisation des paysages d’Algérie sur le modèle des archétypes paysagers alsaciens liés à la présence des cigognes permet à L’Écho d’Alger, juste avant la Première Guerre mondiale, d’opérer cette transformation de l’Algérie en nouvelle Alsace :
Des liens plus intimes que pour nulle autre terre ne rattachent-ils pas l’Algérie à l’Alsace ? À l’heure sombre du deuil, lorsqu’il fallut trouver à beaucoup d’enfants de l’Alsace une patrie nouvelle, l’Algérie s’est offerte. Des villages entiers de notre colonie ne sont que des morceaux d’Alsace transplantés sous le ciel d’Afrique. Les cigognes […] reconnaissent ici les frères de ceux dont les maisons leur sont là-bas hospitalières44.
L’Algérie s’est donc offerte, l’Alsace s’y est transplantée, et la présence des cigognes naturalise et justifie la présence des colons alsaciens. Les cartes postales représentant des nids de cigognes en Algérie française semblent réinvestir toute la signification apportée à la présence de l’échassier dans le roman français sur l’Alsace : la ressemblance avec les paysages archétypaux d’Hansi ou de Frédéric et Jeanne Regamey, chargés par les textes de significations politiques et identitaires, permettent aux colons originaires d’Alsace de penser leur présence comme légitime et validée face aux populations autochtones d’Algérie comme auparavant en Alsace face aux Allemands.
Conclusion
De même que la cigogne blanche suit différents parcours migratoires, nous avons ici choisi d’explorer son trajet en tant que symbole, consistant à passer du statut de porte-bonheur globalement reconnu par les humains dans tout son espace de répartition, à celui de clé de voûte de la figure paysagère de l’Alsace dans le roman national français.
Les artistes, par le texte et par l’image, modèlent le regard et l’imaginaire d’une communauté qui cherche dans la force du récit un liant capable de rendre le monde conforme à leurs attentes, contraires à la réalité politique du moment. Mobiliser la nature, l’environnement, en les chargeant de valeurs patriotiques inscrites par l’art dans le regard du public français permet de générer l’existence d’un paysage, dans ce qu’Alain Roger nomme « le passage du pays au paysage45 » par le phénomène d’artialisation : ce paysage rend alors la lecture de l’espace et de l’environnement indissociable d’un récit naturalisant l’appartenance de l’Alsace à la France.
En créant cet archétype paysager d’une Alsace francophile et attribuée de fait à la France non seulement par la volonté de ses habitants, mais par décret de la toute-puissante nature, les illustrations du roman français sur l’Alsace permettent une exportation de la démarche, et son recyclage dans des espaces différents : en effet, le cas des colons alsaciens en Algérie témoigne de la capacité de la figure paysagère, créée dans les livres, à être remobilisée dans un espace réel loin de l’espace de référence alsacien. Les valeurs patriotiques légitimant la présence et la souveraineté de la France, attachées à la présence des cigognes blanches que l’on a appris au public à percevoir comme une marque d’exceptionnalité au détriment des réalités biogéographiques, sont apposées comme par translation de la figure paysagère alsacienne à la réalité Algérienne, dans une tentative de naturaliser grâce aux cigognes la domination française sur ses colonies.
Née pour et par l’inscription du destin politique de l’Alsace dans le roman national français, la figure paysagère si spécifique reposant sur la présence de la cigogne blanche témoigne donc de la force de l’illustration : plus encore que le texte, par l’éducation du regard, elle participe à la conception d’un monde particulier, le « milieu humain » de la mésologie d’Augustin Berque, à partir d’un donné environnemental objectif progressivement humanisé par le symbole. Or, nous constatons ici que, par l’entremise du texte et surtout des illustrations du roman français sur l’Alsace, et donc du roman national, le partage de ce « milieu humain » par une communauté d’individus pourrait être proposé comme synonyme à l’idée de sentiment national.
La question de l’illustration du roman national et de son rôle matriciel dans les archétypes paysagers devient alors une question de phénoménologie : celle de la génération de réalités vécues différentes pour des communautés humaines partageant le même espace, mais pas le même récit.
Notes
Ciconia ciconia dans la classification de Linné. Avec la cigogne noire, ciconia nigra, elles sont les seules représentantes de la famille des ciconiidés en Europe.
Benoit Vaillot, L’Invention d’une frontière, Paris, CNRS, 2023.
François Walter, Les Figures paysagères de la nation, Paris, Éditions de l’EHESS, 2004.
Philippe Arnold (dir.), Cigognes, le grand livre d’un oiseau symbole, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1992.
Anton Serdeczny, « Le bec de la cigogne. Déchiffrement de l’héritage d’un mythe », in Études Rurales 2011/2, n° 188, Éditions de l’EHESS.
Johann Peter Hebel, « Der Storch », in Alemannische Gedichte, Karlsruhe, 1803.
« Tu portes des petits bas bien rouges / Seraient-ils souillés par le sang d’un champ de bataille ? / Et d’où tiens-tu ces ailes noires ? / Te serais-tu approchée trop près des flammes ? […] À part cela, Dieu soit loué, les choses ne vont pas trop mal, / Il n’y a plus de piquet de campagne ; / Là où se trouvaient des camps avec des tentes les unes à côté des autres / Passe maintenant la charrue sur les terres en culture. » Traduction de Raymond Matzen dans Johann Peter Hebel, Poésies Alémaniques, Kehl, Morstadt Verlag, 2010.
Catherine Mayeur-Jaouen, « La cigogne : ses noms, ses visages, ses voyages », in Christian Müller et Muriel Roiland-Rouabah (dir.), Les Non-dits du nom. Onomastique et documents en terre d’Islam. Beyrouth, Presses de l’IFOP, 2013.
Henriette Louise de Waldner de Freundstein, Mémoires de la Baronne d’Oberkirch, Paris, Charpentier, 1869.
Selma Lagerlöf, Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, Paris, Perrin, 1912.
Laurence Turetti, Quand la France pleurait l’Alsace-Lorraine (1870-1914). Les « provinces perdues » aux sources du patriotisme républicain, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2008.
Georges Bischoff, Pour en finir avec l’histoire d’Alsace, Strasbourg, Éditions du Belvédère, 2015.
Julia Schroda, Nationaler Anspruch und regionale Identität im Reichsland Elsass-Lothringen im Spiegel des Französischsprachigen Elsassromans (1871-1914), Berne, Peter Lang, 2008.
Anne-Marie Thiesse, Écrire la France. Le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle Époque et la Libération, Paris, PUF, 1991.
Julia Schroda, « Histoire et mémoire dans le roman français sur l’Alsace (1871-1914) », in Régis Latouche et Michel Mathien (dir.), Histoire, mémoire et médias, Bruxelles, Bruylant, 2009.
Anne-Marie Thiesse, La Création des identités nationales, Paris, Editions du Seuil, 1999.
François Walter, op. cit.
Augustin Berque, Michel Conan, Pierre Donadieu, Bernard Lassus et Alain Roger, Cinq propositions pour une théorie du paysage, Seyssel, Champ Vallon, 1994.
Ibid., p. 5.
Alain Roger, Court traité du paysage, Paris, Gallimard, 2017, p. 21.
Le terme de « mésologie », au sens d’étude des milieux, est créé par le médecin Charles Robin (1821-1885). Augustin Berque, dans un effort d’intégration de la phénoménologie à la géographie, propose une mésologie étudiant les « milieux humains » en ambitionnant de dépasser, entre autres, le dualisme nature/ culture. Augustin Berque, La Mésologie, pourquoi et pour quoi faire, Paris, Presses universitaires de Paris Ouest, 2014.
Effet subit en retour d’une action.
Augustin Berque, Médiance. De milieux en paysages, Paris, Belin, 2000.
Gustave Jundt et Alphonse Daudet, Les Cigognes. Légende rhénane, rêvée et dessinée par Gustave Jundt et racontée aux tout petits par Alphonse Daudet, Paris, Librairie Parisienne, 1884.
Yves Müller et Alfred Schierer, La Cigogne blanche, Saint-Yrieix-sur-Charente, Éveil nature et sciences, 2002.
Gustave Jundt et Alphonse Daudet, op. cit., p. 58.
Ibid, p. 57.
François Walter, Les Figures paysagères de la nation, Paris, Éditions de l’EHESS, 2004, p. 255.
François Walter, « Allemagne-France. Des paysages nationaux improbables », in Hélène Miard-Delacroix, Guillaume Garner et Béatrice von Hirschhausen (dir.), Espaces de pouvoir, espaces d’autonomie en Allemagne, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2010.
Frédéric et Jeanne Regamey, Au pays des cigognes, Paris, Librairie mondiale, 1907.
Ibid, p. 51.
Raf de Bont, « Poetry and precision: Johannes Thienemann, the bird observatory in Rossiten and civic ornithology, 1900-1930 », dans Journal of the History of Biology, vol. 44, n° 2, Springer, 2011.
Hansi, Mon village. Ceux qui n’oublient pas. Paris, Éditions Floury, 1913, p. 4.
Augustin Berque, op.cit.
En route ! n° 1, 15 juin 1916, p. 8.
Ibid., p.10.
Philippe Arnold (dir.), Cigognes. Le grand livre d’un oiseau symbole, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1992, p. 39.
L’Indépendant des Basses Pyrénées, 20 août 1914, p. 2.
Ibid.
L’Aïn-Sefra, le courrier de Mostaganem, 13 avril 1905, p. 2.
Fabienne Fischer, Alsaciens et Lorrains en Algérie. Histoire d’une migration. 1830-1914, Nice, Serre Éditeur, 1999.
Alfred Wahl, « L’insertion des Alsaciens-Lorrains », L’Algérianiste n° 100, décembre 2002.
Fabienne Fischer, op. cit., p. 157.
L’Écho d’Alger, 7 décembre 1913.
Alain Roger, Court traité du paysage, Paris, Gallimard, 2017, p. 26.
Illustrer le roman national
4|2025 - sous la direction de Nicolas Bianchi et Nicolas Diassinous
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