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Le cycle du Roland furieux qui décorait le château d’Effiat est actuellement conservé au musée d’art Roger-Quilliot à Clermont-Ferrand. Il se compose de 12 tableaux, chacun d’environ 2x3 m, sans doute des cartons de tapisserie. Le marquis d’Effiat, familier de Richelieu, a été le commanditaire de ce cycle, ou tout du moins c’est lui qui l’a fait venir de Paris dans son château d’Effiat : le cycle est mentionné dans l’inventaire du château en 1654.
Le cycle a été acheté en 1856 par la ville de Clermont-Ferrand grâce à un don de M. Grange, antiquaire à Clermont-Ferrand. Il a été affecté au musée Roger-Quilliot en 1952.
Je propose de lire le cycle de la manière suivante :
2 tableaux introductifs, présentant Angélique puis Roland.
Une deuxième partie, de quatre tableaux, décrivant les étapes de la révélation : comment Roland comprend progressivement l’histoire d’Angélique.
Une troisième partie, de quatre tableaux, décrivant les étapes de la folie : comment Roland déchaîne sa fureur et quitte progressivement l’humanité pour la bestialité.
2 tableaux conclusifs, centrés sur Isabelle et Zerbin, font pendant aux deux tableaux introductifs et présentent les bonnes pratiques de la chevalerie, qu’ils opposent aux mauvaises qui ont conduit Roland à la folie.
L’idée d’associer l’histoire d’Isabelle et Zerbin à celle de Roland et d’Angélique a pu être confortée par le théâtre. Voir La Folie d’Isabelle d’Alexandre Hardy, tragicomédie perdue (s’il s’agit bien de l’Isabelle de l’Arioste), l’Isabelle de Jean Thomas, imitée de l’Arioste, et l’Isabelle de Nicolas de Montreux. Ces pièces furent composées à la fin du règne de Henri IV, avant 1610. Dans le Roland de Mairet, imprimé en 1640, l’histoire de Roland est associée également à celle d’Isabelle. Mairet imagine, pour resserrer l’action, qu’Angélique et Médor sont encore dans la maison du berger au moment où Roland arrive.
Ajoutons à ces pièces la Tragédie française des parfaites amours de Zerbin et d’Isabelle, princesse fuitive, publiée à Troyes par N. Oudot en 1618 et 1621. La pièce serait de Charles Bauter. Il y a aussi la Tragédie françoyse des amours d’Angélique et de Medor, « tirée de la Rioste », publiée à Troyes en 1614 chez le même N. Oudot (la rééd. à Troyes chez Noël Laudereau, s.d., comporte une gravure frontispice. Bnf : Rés. Yf-4673)
Voir également Isabelle, tragedie par Ollenix du Mont-Sacré, gentilhomme du Magne, Tours, 1592, rééditée en 1601.
Ce théâtre a été influencé par les Imitations de l’Arioste de Philippe Desportes, « Roland furieux » et « Angélique ». Voir les « Imitations de quelques chans de l’Arioste par divers poetes François », Paris, Lucas Breyer, 1572.
Ces tableaux, ou au moins certains d’entre eux, ont servi de modèles pour des tapisseries. Les cartons de tapisserie correspondants (quatre d’entre eux en tous cas) se trouvaient en 1661 dans l’atelier du lissier parisien Raphaël de La Planche, au faubourg Saint-Germain.