Selon les époques, les milieux, les artistes, l’importance de l’Antiquité a été très variable, comme moteur de la création plastique et constituante d’un imaginaire mobilisable. Il peut être frappant pour des élèves de découvrir qu’elle a joué un rôle décisif dans certains contextes : dans l’Europe de la Renaissance humaniste, dans la peinture de Nicolas Poussin (1594-1665), Jacques-Louis David (1748-1835) ou Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), pour un genre cinématographique comme le péplum, ou pour certains sculpteurs contemporains asiatiques1. Dans d’autres cas, elle est une ressource parmi d’autres. Ainsi, dans notre culture actuelle, l’Antiquité joue-t-elle un rôle souvent minoritaire et effacé. Elle n’a pas disparu pour autant : de manière résiduelle, elle intervient encore dans la culture populaire2, la publicité, chez certains écrivains ou artistes. Elle joue aussi un rôle non négligeable dans la valorisation touristique de territoires et d’institutions culturelles qui exploitent le patrimoine antique dont ils disposent.
Élèves et étudiants, de ce fait, arrivent en cours d’histoire ou de langues anciennes avec des représentations de l’antique. Elles peuvent être éloignées d’une approche informée et scientifique ; elles n’en sont pas moins importantes à prendre en considération. Prendre le temps – on aurait presque envie de dire « perdre du temps » – en classe à aborder l’Antiquité via sa réception par l’image, c’est saisir l’occasion d’aborder cette constitution souvent inconsciente d’un imaginaire antique. Cela peut permettre de découvrir la richesse de la « réception de l’Antiquité », notion entrée dans le discours historiographique depuis quelques décennies, et que la revue universitaire toulousaine Anabases. Traditions et réceptions de l’Antiquité accorde à raison au pluriel3. Car il y a eu et il demeure bien des façons diverses d’étudier l’Antiquité, de la comprendre, de la promouvoir, voire de l’instrumentaliser ou de la rejeter. En outre, « l’Antiquité » elle-même n’est pas un bloc, et il est instructif de rechercher ce qu’une époque, une œuvre ou un milieu privilégient. Se pencher sur ces phénomènes, c’est se rendre compte combien notre propre approche de l’Antiquité s’inscrit dans la longue histoire de « l’Antiquité après l’Antiquité »4 et gagner en lucidité sur la richesse mais aussi les conditionnements de nos représentations.
La notion de « réception » a reçu une théorisation approfondie dans le domaine littéraire, grâce à Hans Robert Jauss et l’école dite de Constance. Elle n’était alors pas spécifiquement destinée aux études portant sur l’Antiquité. Jauss, désireux de refonder l’approche historique en littérature face à la crise de l’histoire littéraire traditionnelle, proposait de se centrer sur la dimension communicationnelle des œuvres : essayer de cerner « l’horizon d’attente » des premiers lecteurs auxquels elles étaient adressées et leur manière de jouer avec, étudier la « chaîne de réceptions » successives dont une œuvre a pu faire l’objet au long des siècles, pour mieux comprendre enfin « notre expérience littéraire d’aujourd’hui »5. Il s’agit de partir de ce qui permet à la littérature d’exister : la succession des expériences subjectives de lectures, qui en actualisent le sens différemment selon les contextes. Reconstituer « l’horizon d’attente » mouvant des lecteurs successifs, c’est aussi mieux mesurer le potentiel créateur et novateur des œuvres, qui loin de n’être qu’un reflet des sociétés où elles voient le jour, contribuent à en modifier le regard.
Depuis, l’usage du concept de « réception » s’est élargi et décloisonné disciplinairement, par des études de cas consacrées à des objets délimités plutôt que par un approfondissement conceptuel. Hans Robert Jauss a pensé la « réception » initialement dans le domaine des textes littéraires et de fait, certains l’appliquent toujours essentiellement au domaine de l’écrit. Si les images interviennent souvent dans une mesure moindre dans les recherches des historiens des mentalités ou chez les spécialistes de littératures, les études de réception de l’Antiquité font cependant une place croissante aux visual studies. Nombre d’images, mobilisables en cours, entrent dans ces champs d’exploration : images relevant de l’activité érudite et de la vulgarisation scientifique (études de vestiges ou objets archéologiques par le dessin, tentatives de restitutions, cartes et plans de sites antiques, photographies de fouilles…), créations artistiques, images relatives à la vie politique (utilisation des références antiques par des pouvoirs en place ou au contraire des forces contestatrices6), affiches ou spots publicitaires, images touristiques.
Sans prétendre à aucune exhaustivité, on suggérera ici quelques pistes pour une étude de la réception de l’Antiquité par les images, en espérant qu’une telle approche renforce l’intérêt des jeunes pour un passé qui leur paraît souvent très éloigné, voire étranger, tout en enrichissant leur « culture visuelle », leur imaginaire et leur capacité d’analyse critique des images.
Prendre conscience de la distance temporelle
Le passé se présente souvent aux élèves comme un tout indistinct. Le premier intérêt pédagogique de la notion de « réception de l’Antiquité » est d’inviter à prendre conscience de périodes historiques diverses et des rapports variables qu’elles ont entretenues avec la plus ancienne d’entre elles. Dans le présent dossier, nous avons ainsi regroupé les réceptions de « l’époque moderne » (du Quattrocento italien à la première moitié du XVIIIe siècle), dans la mesure où la culture gréco-latine joue alors un rôle privilégié, notamment dans les milieux humanistes7 et antiquaires8. Nous les avons distinguées des réceptions de l’époque contemporaine (XIXe-XXIe siècle), qui accorde un statut très différent aux Anciens.
Les manuels de latin ou de grec peuvent être un bon terrain d’entraînement : ils proposent souvent des documents iconographiques qui mêlent images conçues dans l’Antiquité et images relatives à l’Antiquité mais produites dans des contextes ultérieurs. Inviter à se poser de manière systématique la question de la contemporanéité de la période de production et de la période à laquelle réfère l’image analysée permet déjà une sensibilisation à l’écoulement du temps et aux conditions de production des images.
Pour les images repérées comme relevant de « l’Antiquité après l’Antiquité », on pourra alors proposer plusieurs pistes de questionnement. Le premier, assez pragmatique, pourrait être de se demander pourquoi les concepteurs du manuel ont recouru à une iconographie postérieure et si une iconographie antique aurait été mobilisable. Il y a des images de réception, dans les manuels, qui ont pour but explicite de suggérer la fécondité de l’Antiquité dans l’imaginaire et la culture d’époques ultérieures. Mais on se rendra compte que nombre d’images de réception inclues dans les manuels ont une raison d’être moins ouvertement pensée : elles visent à combler, en quelque sorte, les « blancs » de la documentation figurée antique. Le discours pédagogique tend à être en permanence soutenu par le recours à des images censées aider à sa compréhension et au minimum soutenir l’attention. En l’absence (réelle ou supposée) de sources antiques mobilisables, le recours à des images sur le sujet traité relevant d’époques ultérieures est fréquent, sans que les implications d’une telle démarche soient toujours explicitées. On proposera au contraire de commencer par faire constater leur décalage temporel, pour s’intéresser ensuite à leur raison d’être, non plus comme partie prenante d’un dispositif didactique, mais dans leur contexte original.
S’interroger sur le pourquoi des images de réception
Une deuxième piste de travail sur ces images consistera à essayer de préciser et d’approfondir le contexte de leur production : est-ce une période où l’Antiquité fait l’objet d’un intérêt soutenu ou rare ? L’auteur de l’image se démarque-t-il de son temps en intégrant une référence à l’antique ou s’inscrit-il au contraire dans un mouvement culturel, historique, idéologique plus vaste ? Les références à l’antique sont-elles exceptionnelles ou courantes dans sa production ? Mobiliser l’antique dans l’image, est-ce, pour lui, répondre à une commande, et de qui, ou cet ancrage relève-t-il de son initiative propre ? Ces questionnements, qu’il faut bien sûr adapter, visent à mieux comprendre pourquoi des images de réception de l’Antiquité ont été élaborées.
Nous en donnerons un exemple (fig. 1). Il s’agit d’une miniature réalisée au début du XVIe siècle par le peintre Jean Pichore pour illustrer un manuscrit des Héroïdes d’Ovide qui comporte leur première traduction en français, par Octovien de Saint-Gelais, traduction commanditée par Louise de Savoie, mère de François d’Angoulême, futur François Ier. Celle-ci a un goût prononcé pour les textes qui mettent en scène des figures féminines exemplaires, dans le bien comme dans le mal. Plusieurs manuscrits des Héroïdes en version française conservés à la Bibliothèque nationale de France ont pour origine cette passion de Louise de Savoie. Dans le manuscrit que nous considérons (manuscrit fr. 873 de la BnF), chaque Héroïde s’ouvre sur une magnifique miniature. Sur celle qui est dédiée à la lettre de Médée à Jason, le peintre a rendu hommage à la commanditaire : l’encadrement de la scène comporte ainsi des ailes de moulin et des ailes d’oiseaux, tel un rébus renvoyant à l’initiale du prénom de Louise. Certains pensent que le manuscrit a été commandité par Louise de Savoie, d’autres que le manuscrit a été réalisé pour quelqu’un d’autre à l’origine (il était peut-être dans la bibliothèque de Louis XII), mais qu’il a été personnalisé par la suite pour Louise de Savoie9. Il témoigne en tout cas du goût de la cour royale française de ces années 1500. Par ailleurs, on pourra faire comparer aux élèves cette représentation avec d’autres figurations de souveraines et de princes des années 1500 : ils pourront se rendre compte que costumes et décor sont actualisés, et que les quelques éléments (sol en marbre, motifs du mobilier) qui pourraient sembler antiquisants relèvent d’un goût contemporain diffusé par la Renaissance italienne plutôt que d’une Antiquité connue de première main. On pourra aussi les inviter à confronter cette Médée à d’autres représentations de l’une des plus fascinantes et saisissantes figures féminines de l’Antiquité10. Elle n’apparaît pas ici en barbare ou en étrangère, mais selon l’esthétique commune à toutes les représentations de ces Héroïdes produites dans ce milieu : en princesse aux riches vêtements. La présence des deux enfants, l’expression du visage, la torsion du corps, le tourment signifié par la position des mains la rendent pathétique plutôt que repoussante. Le matériel d’écriture, bien en évidence, renvoie à la nature épistolaire des Héroïdes. Par ailleurs, la figuration de femmes qui écrivent, fût-ce des lettres de reproches à leurs amants, dans ces images des Héroïdes, diffuse une figure de princesse érudite qui ne pouvait que séduire le milieu de cour auquel appartient Louise de Savoie. La disproportion entre la taille de Médée et celle des enfants n’est pas réaliste mais indique leur pouvoir respectif. On pourra proposer aux élèves de comparer le pathétique de cette image avec celui que suscite le texte d’Ovide, qui choisit de situer la lettre fictive de Médée à un moment de bascule du mythe dont il explore l’importance : remplie de fureur par les noces de Jason et Créüse, Médée commence à pressentir qu’il lui faut trouver une vengeance hors du commun, sans que la conscience de l’infanticide lui soit encore claire.
S’interroger sur la « fabrique » de ces images
Le « comment » des images de restitution de l’Antiquité est une voie d’exploration passionnante mais complexe. Plusieurs phénomènes existent, de manière concurrente plutôt qu’exclusive. Si les manuels de langues anciennes sont friands de peintures d’histoire, classiques et néo-classiques, c’est que leurs peintres, nourris aux humanités, ont souvent puisé dans les textes canoniques leur sujet, qu’il est alors aisé de mettre en parallèle de textes qui continuent de figurer dans les programmes scolaires : récits héroïques de l’histoire grecque ou romaine, anecdotes exemplaires, épisodes mythiques. L’exercice peut néanmoins être plus exigent qu’il n’y paraît, quand il existe une diversité de sources littéraires possibles. Aurélie Rodes rappelle ainsi dans son article sur la représentation des Gaulois dans les manuels scolaires* que le célèbre tableau peint par Lionel Royer sur la reddition de Vercingétorix se comprend non pas à la lecture de César, mais des Vies parallèles de Plutarque, dont l’impact sur la culture classique des lettrés comme des artistes a été très importante, de la Renaissance au XIXe siècle. Aux sources écrites sur l’Antiquité s’ajoute aussi la production savante accessible au créateur d’une image. Certains peintres, familiers des milieux savants et eux-mêmes versés dans l’érudition antique, ont ainsi conçu l’Antiquité qu’ils donnent à voir dans leurs toiles ou à laquelle ils empruntent certains motifs en s’appuyant sur les études savantes qui leur étaient contemporaines. C’est le cas de Pierre-Paul Rubens (1577-1640), proche ami de l’antiquaire Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637) et collectionneur averti de gemmes antiques11, Nicolas Poussin, lui aussi en lien avec Peiresc12, très au courant des découvertes archéologiques en terre italienne, Jean-Léon Gérôme (1824-1904), dont les toiles, très diffusées sous forme d’estampes et de photographies, ont à leur tour marqué fortement l’imaginaire supposé antique des réalisateurs de péplums13.
Car dans le domaine visuel, les sources sont aussi souvent, et parfois avant tout, iconographiques14. Les voies de la création sont multiples. Ce qui est connu de l’Antiquité à une époque donnée peut servir bien sûr de source d’inspiration. Ainsi, les motifs grotesques de la Renaissance ont pour origine la redécouverte à la fin du XVe siècle des fresques qui ornaient la Domus Aurea de Néron. L’imaginaire antique d’un peintre comme Lawrence Alma-Tadema (1838-1912) s’ancre dans la connaissance des objets issus des fouilles et exposés dans les musées européens (voir l’étude d’Adeline Grand-Clément sur son tableau Phidias montrant la frise du Parthenon à ses amis, 1868*). Néanmoins, l’inspiration de tous les créateurs d’images nourris de l’Antiquité est souvent diverse, puisant à plusieurs sources, combinant éléments archéologiques et détails inventés ou appartenant à un répertoire iconographique postérieur (voir notre article sur les Emblèmes d’Alciat et la réception humaniste des symboles antiques*). De plus, même les artistes passionnés d’Antiquité réinterprètent le matériel antique dont ils s’inspirent avec leur style propre, créant des effets esthétiques et poétiques particuliers. Les études de réception ne visent cependant pas tant à faire le départ de ce qui relèverait d’une approche érudite exacte de l’Antiquité et d’erreurs, volontaires ou involontaires, qu’à comprendre ce que signifie, dans un contexte donné, recourir à l’Antiquité15.
Dans cette perspective, l’étude comparée de plusieurs figurations émanant de créateurs, d’époques, de contextes différents mais unies par des liens thématiques et éventuellement génétiques peut être féconde : elle permet en effet d’interroger les convergences ou divergences et d’enquêter sur leur raison d’être (voir l’étude consacrée par Corinne Bonnet à différentes figurations de la Tour de Babel dans l’art européen*). Dans chaque cas, on cherchera moins à réfléchir en termes d’exactitude ou d’erreur que d’effets recherchés et produits, dans le contexte d’origine et sur la longue durée16.
L’étude des images de réception de l’Antiquité inclut aussi tout ce qui concerne la diffusion par l’image des œuvres antiques. Les spéculations sur leur restitution (voir les contributions de Philippe Fleury sur « L’image de restitution dans le domaine du patrimoine architectural »* et « La Restitution virtuelle de la Rome antique »*), leur mise en valeur par leur restauration et leur exposition dans tel ou tel contexte, leur mise en avant dans le discours scolaire ou touristique17, participent aussi de la construction d’un imaginaire antique dont il est intéressant de scruter les tenants et aboutissants. L’Auguste de Prima Porta, par exemple, peut constituer un bon objet d’étude, incluant sa mobilisation à l’époque mussolinienne sur les timbres et dans la mise en scène des vestiges antiques à Rome par le pouvoir fasciste18, tout comme les réflexions contemporaines sur la restitution de sa polychromie antique (voir l’article d’Adeline Grand-Clément « Polychromie et restitution de l’Antiquité »*).
Enfin, étudier des images de réception de l’Antiquité « en série » peut aussi aider à prendre conscience des conditionnements de notre approche de l’Antiquité. L’orientation actuelle d’universitaires qui prônent une désoccidentalisation du point de vue peut ainsi s’appuyer sur des images classiques du patrimoine européen pour montrer combien notre imaginaire a pu être conditionné par un regard européanocentré. À rebours, le surgissement d’images de réception nouvelles, étrangères à nos représentations habituelles, est l’occasion d’un déplacement de regard : que produit en nous la contemplation d’une Antigone en marionnette noire, créée par l’artiste suédois Meschke19, pour un spectacle qui opère une forme de « métissage » entre tragédie grecque classique et théâtre japonais traditionnel ? Des études récentes contribuent ainsi au concept d’« Antiquité monde », qui n’est plus l’apanage de la culture occidentale et s’ouvre aussi davantage à l’étude de ces « barbares » que le point de vue gréco-romain de nos sources nous ont trop habitués à ignorer, y compris du point de vue de leur production visuelle, tels les Phéniciens souvent confondus avec les Puniques20.
Au total, l’approche de la réception de l’Antiquité par l’image peut rejoindre les élèves sur les multiples « terrains visuels » qu’ils sont susceptibles de rencontrer dans la classe et en dehors. Elle est l’occasion d’aiguiser le regard et le questionnement sur des images d’époques et de natures variées. Elle invite à une forme de réflexivité : en prenant conscience des enjeux sous-jacents aux images de l’antique, nous nous rendons compte que nos propres représentations imaginaires ne sont pas neutres. De ce point de vue, l’étude de la réception visuelle de l’Antiquité a le mérite de pouvoir nourrir de nombreux questionnements qui ont une résonance actuelle (représentation des femmes, de l’autre, de l’histoire événementielle, de la violence, enjeux identitaires du passé…) sur un terrain moins passionnel car plus à distance que l’histoire contemporaine.
Pour aller plus loin
BESNARD, Tiphaine Anabelle, SCAPIN, Mathieu, éd., Age of classics ! : l'Antiquité dans la culture pop : catalogue de l'exposition présentée au Musée Saint-Raymond, Musée d'archéologie de Toulouse, du 22 février au 22 septembre 2019, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 2019.
BONNET, Corinne et LANFRANCHI, Thibaud, dir., Les mots de l’Antiquité après l’Antiquité, Presses universitaires du Midi, 2023.
GIOVÉNAL, Carine, KRINGS Véronique et alii, éd., L'Antiquité imaginée : les références antiques dans les œuvres de fiction (XXe-XXIe siècles), Bordeaux, Ausonius Éditions, 2019.
KLINGER-DOLLÉ, Anne-Hélène, KRINGS, Véronique, PUGNIÈRE, François, éd., Donner à voir l’Antiquité : genèse, fonctions et circulations des images (XVIe-XIXe siècle), Bordeaux, Ausonius Éditions, à paraître en 2024.
LAFONT-COUTURIER, Hélène, dir., Péplum. L’Antiquité spectacle, Rhône le département, Musées gallo-romains Saint-Romain-en-Gal/Vienne [et] Lyon-Fourvière, 2012.
Notes
Voir la présentation passionnante par Tiphaine Annabelle Besnard de l’artiste coréeenne Meekyong Shin, dont les sculptures s’inspirent d’œuvres canoniques de la sculpture grecque en recourant à un matériau volontairement périssable : le savon. Tiphaine Annabelle Besnard, « Du Weathering Project aux autoportraits en Vénus : les sculptures onctueuses et savonneuses de Meekyoung Shin », Anabases, 29, 2019, p. 71-86, http://journals.openedition.org/anabases/8593. Et voir sa contribution plus générale, dans le présent dossier, sur les relations entre Antiquité et art contemporain*.
De nombreuses ressources relatives à l’Antiquité dans la culture populaire sont disponibles sur le site d’Antiquipop : https://antiquipop.hypotheses.org/ et sur le site Odysseum dans la section « L’Antiquité revisitée ». On en aura un aperçu dans ce dossier avec les contributions de Mathieu Scapin*.
Cette revue publie deux numéros annuels depuis sa création en 2005. Elle est accessible en ligne avec une barrière mobile de deux ans : https://journals.openedition.org/anabases/. Dans le présent article, je proposerai des renvois à des articles où le lecteur trouvera des images de réception de l’Antiquité, des analyses et une problématisation permettant de les intégrer avec profit en classe. À ces exemples précis s’ajoutent toutes les contributions du présent dossier.
Expression, forgée par Pascal Payen pour le lancement de la revue Anabases : « L’Antiquité après l’Antiquité : parcours et détours d’un projet éditorial », Anabases, 1, 2005, p. 5-13, https://journals.openedition.org/anabases/1245.
Voir notamment H. R. Jauss, Pour une esthétique de la réception, « L’histoire de la littérature : un défi à la théorie littéraire », Paris, Gallimard, 1978 (trad. Cl. Maillard ; 1ère éd. allemande Literaturgeschichte als Provokation, Francfort-sur-le Main, Suhrkamp Verlag, 1974), p. 49-51.
On en trouvera un exemple dans le présent dossier avec la contribution de Catherine Valenti sur les rapports entre l’Action française et l’Antiquité dans l’entre-deux guerres*.
On pourra voir ainsi la contribution de Charles Davoine sur « Peindre les ruines à la Renaissance : enjeux d’un genre nouveau »* ou nos propres contributions sur les symboles antiques et l’humanisme*.
Voir les contributions de Véronique Krings* et Anna Guédon* sur les liens entre livre illustré au XVIIIe siècle et recherches antiquaires – on appelle ainsi l’intérêt qui se développe, à partir de la Renaissance, pour les vestiges et réalités matériels antiques.
Nous proposons des activités pour l’utilisation de cette image en cours de latin sur le site Imago. Lire du latin illustré : https://imago-latin.fr/secondaire/litterature/quelle-femme/medee-la-criminelle/.
Voir la riche étude de réception de l’Antiquité de Marianne Cojannot-Le Blanc et Évelyne Prioux sur la manière dont les camées collectionnés par Rubens, étudiés par Peiresc, interviennent de manière diverse dans l’élaboration par Rubens de la Galerie de peinture consacrée à Marie de Médicis (structuration en registres, célébration de la transmission dynastique du pouvoir, usage d’allégories, reprises de motifs précis…) : Rubens : des camées antiques à la galerie Médicis, Paris, Le Passage, 2018.
Une étude approfondie du tableau de La Fuite en Égypte de Poussin montre comment le motif de la ruine associée à un arbre prend sa source dans des représentations antiques très précises d’édicules sacrés, qui n’ont pourtant jamais eu d’existence réelle, et comment il participe à la construction du sens de la toile. Voir Thibault Girard, « Iconographie romaine et influence florentine dans La Fuite en Égypte de Nicolas Poussin », Anabases, 28, 2018, http://journals.openedition.org/anabases/7565.
Sur Gérôme et plus largement sur les voies de la création picturale inspirée par l’Antiquité au XIXe siècle, voir les articles richement illustrés de Colombe Couëlle, « Désirs d’Antique ou comment rêver le passé gréco-romain dans la peinture européenne de la seconde moitié du XIXe siècle », Anabases, 11, 2010, http://journals.openedition.org/anabases/760 et de Yannick Le Pape, « L’inspiration et l’imprudence : poésie de l'anticomanie dans la critique d'art du second XIXe siècle », Anabases, 26, 2017, http://journals.openedition.org/anabases/6351. Voir aussi la contribution d’Adeline Grand-Clément « Polychromie et réception de l’Antiquité »* dans le présent dossier.
Voir l’article consacré à de splendides décors d’azulejos portugais des XVIe--XVIIIe siècles, qui ont pour source des gravures d’éditions illustrées des Métamorphoses d’Ovide françaises et flamandes, alors même que les artisans n’ont pas une culture lettrée classique : Ana Paula Rebelo Correia, « Les représentations des Métamorphoses d’Ovide dans les azulejos baroques portugais. Influence des modèles gravés français », Anabases, 29, 2019, https://journals.openedition.org/anabases/9232.
Voir les présentes contributions de Véronique Krings* et Anna Guédon* sur des estampes nourries de la redécouverte d’objets antiques et de leurs représentations successives au XVIIIe siècle.
On pourra ainsi lire une intéressante mise en perspective de l’iconographie du mythe d’Europe dans le parcours muséographique de la Maison de l’histoire européenne à Bruxelles : Perikles Christodoulou, « Évocations de l’Antiquité dans la Maison de l’histoire européenne : sujets, objets, muséographie, muséologie », Anabases 33, 2021, http://journals.openedition.org/anabases/11717.
Voir la passionnante étude d’Élodie Guillon autour du buste de Tanit, promue comme « icône » d’Ibiza parce qu’il s’agit d’une sculpture hellénisante, et non typiquement phénicienne ou punique : « Le buste de Tanit à Ibiza : un objet, une égérie, une identité », Pallas, 118, 2022, p. 75-90 (prochainement en ligne).
Andrea Giardina, « Auguste entre deux bimillénaires », dans Auguste, Paris, Rmn – Grand Palais, 2014, p. 16-23.
Voir l’article de Marie de Saint-Martin, « Un bunraku à la grecque : l’Antigone de Michael Meschke, une écriture d’atelier ? », Anabases, 38, 2023, p. 51-70. Il faut noter que la couleur noire renvoie, dans le cas présent, à l’esthétique de vases grecs à figures noires.
Voir Gwladys Bernard, « Carthage sur grand écran (1910-2006) : la cité punique au goût des autres », Anabases 37, 2023, p. 227-241 et Élodie Guillon, Mahieu Scapin et Matthieu Soler, « Malheur aux vaincus ! Présences et absences de l’image du Phénicien dans les médias contemporains », Anabases 37, 2023, p. 243-272.
Images et réception de l'Antiquité
Dossier dirigé par Anne-Hélène Klinger-Dollé et Questions d'images depuis 2024
Images et réception de l'Antiquité
En guise d'introduction
Réception de l’Antiquité aux XVe-XVIIIe siècle
Imaginaire collectif et transmission des mythes : de la ziggurat de Babylone à la Tour de Babel de Brueghel
Peindre les ruines antiques à la Renaissance : enjeux d’un genre nouveau
Le symbole, objet privilégié de la « restitution de l’Antiquité » par les humanistes de la Renaissance : l’exemple de l’ancre et du dauphin
Les Emblèmes d’Alciat : une réception humaniste de l’Antiquité par le texte et par l’image
Des images de Mithra en livre : la tentative de L'Antiquité expliquée (1719-1724) de Bernard de Montfaucon
Dessine-moi la déesse Isis. L’exemple des illustrations de la métamorphose d’Iphis au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles
Réception de l’Antiquité aux XIXe-XXIe siècle
Polychromie et réception de l’Antiquité
Étude de la polychromie dans un tableau d’Alma-Tadema
L’évolution de l’iconographie dans les manuels scolaires d’histoire de collège (1880-2009) : le cas de la Guerre des Gaules
Réception de l’Antiquité et vie politique. L’exemple du monument du « génie latin » de Jean Magrou (1921)
L’image de restitution dans le domaine du patrimoine architectural
La restitution virtuelle de la Rome antique à l’Université de Caen Normandie
Vade-mecum pour étudier en classe les relations entre Antiquité et art contemporain