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Stéphane Lojkine, , mis en ligne le 14/04/2021, URL : https://utpictura18.univ-amu.fr/rubriques/archives/critique-theorie/face-a-face-agonistique

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Ressources externes

L’agon, ou affrontement agonistique est, dans l’épopée et la tragédie grecques, l’affrontement de deux héros par le combat et/ou par la parole. Cet affrontement a pour fonction de dire les valeurs, de célébrer le système symbolique de la Cité. Il s’oppose au banquet (la poésie lyrique, par exemple, est une littérature du banquet), qui réunit au lieu d’affronter, mais assure au fond une même fonction de célébration, même si les valeurs sont différentes (valeurs de l’otium contre les valeurs du negotium par exemple, à Rome).

Combat de Perceval contre Clamadieu (Ms de Perceval, Montpellier)
Combat de Perceval contre Clamadieu (Ms de Perceval, Montpellier)

La chanson de geste et le premier roman médiéval, qui se constituent à partir d’une tradition culturelle distincte, recourent à l’agon et au banquet (que figure par exemple la table ronde du roi Arthur, ou la table du Roi pêcheur devant laquelle passe le graal), mais en les combinant. Une séquence de récit idéale contient un agon, où l’appartenance du héros au monde de la chevalerie (ou de la courtoisie) est mise en question, et un banquet, où cette appartenance est représentée et célébrée. Dans chaque séquence réelle, un élément vient perturber cet accomplissement idéal.

L’intrication de plus en plus étroite de l’agon et du banquet prépare le dispositif pré-scénique de la quête, qui établit face à face la performance narrative (le ou les affrontements agonistiques au terme desquels le héros parviendra jusqu’au lieu, investira le lieu) et le lieu où se trouve la chose dont il s’agit de s’emparer. Ce lieu pré-scénique est l’ancien lieu du banquet.

À l’époque classique, la performance est en quelque sorte l’héritière de l’agon, qu’elle réduit souvent à une parole ritualisée. L’affrontement agonistique, ou plutôt désormais scénique, n’est plus compris alors comme célébration du code, mais comme transgression et scandale. La dimension transgressive de cet affrontement était préparée, dès le moyen-âge, par une inflexion parodique de la performance chevaleresque.

(Stéphane Lojkine, La Scène de roman, A. Colin, 2001)

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